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Coopération Burkina-Taiwan: «Le domaine des échanges commerciaux est notre faiblesse» Shen, Cheng-Hong, ambassadeur de la République de Taiwan

Taiwan et le Burkina célèbrent cette année les 20 ans du rétablissement de leurs relations diplomatiques. Une série d’activités commémoratives est organisée dans ce cadre depuis quelque temps dans notre pays. A la veille de la fête nationale de Taiwan, célébrée le 10 octobre dernier, l’ambassadeur de la République de Taiwan revient, dans l’Economiste du Faso, sur les grands axes de cette coopération.

L’Economiste du Faso: Le président du Faso était aux côtés du président Ma cette année pour la célébration de l’anniversaire de Taiwan. Quelle était la particularité de la présente célébration?
Shen, Cheng-Hong, ambassadeur de la République de Taiwan: Comme les années auparavant, on a fêté l’anniversaire de la République de Chine Taiwan. Mais cette année, le président du Faso accompagné de la première dame et d’une forte délégation y ont pris part à Taipeh. 2014 marque les 20 ans de coopération entre le Burkina Faso et la République de Chine Taiwan. Il y a eu beaucoup d’activités organisées par l’ambassade de Chine Taiwan pour fêter ces 20 ans de coopération.

Combien compte la communauté taiwanaise au Burkina Faso ?
Nous comptons à peu près 70 personnes en dehors des membres de l’ambassade. il y a aussi des coopérants, des techniciens qui résident au Burkina pour mettre en place certains projets, la formation professionnelle, 3 professeurs et environ 10 personnes qui exercent dans le commerce,dans les domaines de la commercialisation du riz, des panneaux solaires, du sésame qu’ils exportent en Chine Taiwan en vue de la transformation.

Nous remarquons qu’il y a de plus en plus de Taiwanais qui s’installent au Burkina Faso ?
Si ! C’est aussi le but de notre travail ici au Burkina, nous devons admettre que dans tous les domaines de la coopération bilatérale entre le Burkina Faso et Chine Taiwan, c’est le domaine des échanges commerciaux qui est notre faiblesse. Jusqu’en 2013, les échanges commerciaux entre nos deux pays avoisinaient les 13 millions de dollars. Ce n’est pas beaucoup et on veut faire plus.
Donc chaque année, on organise deux délégations de commerçants burkinabè en vue de participer à notre foire organisée par notre Taïtra. Au mois de juillet dernier, nous avons organisé la première foire sur les cosmétiques et tous les produits que les commerçants burkinabè ont amenés de Ouaga ont été vendus sur place.
Tous ces commerçants sont satisfaits et ils reconnaissent que le marché taiwanais est très intéressant et certains envisagent d’y retourner pour faire des affaires. Il y a aussi que le beurre de karité burkinabè est très recherché.
Avant la visite du président taiwanais au Burkina, l’ambassade a reçu beaucoup de fax dans lesquels on nous a demandé d’acheter plus de 1.000 boîtes de beurre de karité burkinabè.
Ce que nous avons fait. Le beurre de karité est recherché. Le problème, c’est qu’il n’est pas à la hauteur du commerce international, c’est-à-dire l’emballage n’est pas à la hauteur et le canal de commercialisation n’est pas bien établi. Sinon que le produit est bon, mais il faut l’améliorer en mettant l’accent surtout sur son emballage.
Qu’est-ce qui empêche qu’il y ait plus de flux au niveau commercial ?
Je pense qu’il manque une plate-forme pour lier les deux pays. Chez nous, il y a une minorité de la population qui connaît les produits locaux du Burkina Faso et il y a aussi certains Burkinabè qui ne connaissent presque rien du marché taiwanais. Donc, ce qui manque à nos deux pays, c’est une plate-forme.
Il faut, avec le ministère du Commerce, réfléchir à créer une plate-forme. Il y a des produits au Burkina mais les commerçants ne savent pas où trouver le marché, parce que chaque marché a ses caractéristiques, ce n’est pas toujours la même chose partout. Il faut donc savoir où vendre ses produits, comment faire pour répondre aux exigences de ce marché.A travers cette plate-forme, on peut sensibiliser nos populations afin qu’elles connaissent nos cultures et nos traditions.

On voit que les échanges commerciaux se développent au niveau du privé, est-ce une nouvelle option qui relègue la coopération bilatérale au second plan ?
Côté coopération bilatérale, il n’y aura pas de régression. D’ailleurs en juin dernier, nos deux Gouvernements ont tenu la deuxième commission mixte et on a augmenté le montant de coopération qui s’élève aujourd’hui à 42 millions d’euros. Nous mettons l’accent sur le riz pluvial, le projet de formation professionnelle, d’assistance médicale et le projet de l’énergie solaire. Pour le riz pluvial, la production de notre projet représente 25% de la production nationale, mais nous ne sommes pas satisfaits parce que ce n’est pas encore suffisant. Au Burkina Faso, on a toujours le problème de l’autosuffisance alimentaire, nous voulons booster encore un peu le projet de riz pluvial. C’est ainsi que dans la 3e phase, à partir de juillet 2015, on va revenir s’occuper aussi des anciens bas-fonds parce qu’on ne peut en créer de nouveaux et laisser les anciens après notre départ, on ne veut pas voir des paysans abandonner leurs champs. Nous allons les accompagner et les organiser en coopératives.

Parlant de coopératives, l’entreprise Spirigho a été mise au service de la transformation d’un produit burkinabè et, malheureusement, n’est pas allée loin.Est-ce qu’on peut penser que vous êtes découragés ?
On est un peu découragé. C’est vrai parce que pour nous, le projet était terminé et réalisé, mais le problème c’est qu’après le transfert du projet au gouvernement burkinabè, tout s’est arrêté. Il n’y a plus eu de suite alors que c’était un projet de 3 ans maximum.On a installé tous les outils et on a formé des techniciens à Taiwan. Tout était bien fait et on a terminé tout ce qu’on devait faire. C’est après le transfert au gouvernement burkinabè que tout s’est arrêté. Selon nos informations, c’est au niveau du processus de privatisation qu’il y a eu le problème. C’est dommage parce que cela fait deux ans que le projet s’est arrêté. Pour ce projet, on est un peu découragé mais on continue d’autres projets et, comme vous le savez, au niveau de Bagré, il y a une pisciculture. C’est en 2009 que nous avons fait le transfert au Gouvernement et ainsi, après notre départ, le ministère de l’Agriculture a mis un système en place pour maintenir ce centre de pisciculture.

Pour d’autres cas de transformation de produits locaux, est-ce le gouvernement burkinabè qui doit vous faire des propositions ou c’est vous-mêmes qui allez cibler vos domaines ?
Ça dépendra du Gouvernement, sinon il y a beaucoup de produits tels que la tomate et autres, mais toujours est-il qu’il faut une plate-forme de commercialisation.

On a vu que Taiwan a accompagné le gouvernement burkinabè dans la mise en place de sa cyber-stratégie.Aujourd’hui, où en sommes-nous avec vos différents appuis dans ce secteur?
Aujourd’hui, dans notre projet de coopération bilatérale, on maintient toujours une partie dans ce domaine. Par exemple, on fournit chaque année une centaine d’ordinateurs et de matériels informatiques à tous les ministères. Concernant le e-commerce, l’e-administration, nous avons des problèmes de langues et de cultures et c’est une difficulté pour les entreprises taiwanaises. On essaye de régler tout ça avec la création d’un centre de langue et de promotion culturelle chinois. Je pense que pour renforcer les échanges commerciaux, il ne faut pas être unilatéral mais plutôt multilatéral. Au niveau de l’ambassade, on a essayé de chercher des nouveaux moyens pour promouvoir cela et on souhaite que la population et le Gouvernement travaillent ensemble.

Parlant d’infrastructures au Burkina Faso, d’aucuns pensent que la coopération pourrait véritablement s’accentuer sur ce domaine au regard de la forte expérience de Taiwan. Qu’en pensez-vous ?
Lorsqu’on prend l’hôpital Blaise Compaoré, c’est une société taiwanaise qui a eu le marché et le résultat est là, et cette société est installée ici. Tout dernièrement, nous avons fait venir Oecc (Overseas engineering and construction company). On avait aussi essayé d’avoir le marché de l’échangeur de l’Est, mais on n’était pas assez qualifié pour avoir ce marché. Vous savez, chez nous on a plus de Pme/Pmi parce que les multinationales ne sont pas assez développées, et nos entreprises ne connaissent pas bien les lois et les règles du commerce burkinabè. Nos entrepreneurs, avant de venir ici, devraient donc réfléchir beaucoup aux règles du marché et l’ambassade les accompagne dans ce sens. Au niveau de l’ambassade de la République de Chine Taiwan, nous avons mis en place quelques mesures d’accompagnement telles les subventions, pour les encourager à venir ici. Ce n’est pas suffisant. Mais, on essaie de mettre le maximum pour les accompagner et, comme vous le savez, on n’est pas assez fort financièrement.

Que vaut le Burkina dans le dispositif diplomatique de Taiwan ?
Parmi les pays qui ont des relations officielles avec nous, c’est le premier grand pays en termes de population et le deuxième en termes de superficie. Le Burkina est un pays très important dans notre dispositif diplomatique. C’est pourquoi depuis des années, on a mis beaucoup de ressources financières pour assister le pays. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés.Entre les pays, il faut toujours des échanges, et le Burkina Faso a besoin de notre assistance. Mais depuis une dizaine d’années, on met l’accent sur le renforcement des capacités humaines. Pour le riz pluvial, il y a la production mais il y a aussi la formation et la sensibilisation des paysans. Dans le domaine de l’assistance médicale, chaque année nous formons trois promotions de sages-femmes et maïeuticiens d’Etat. Nous formons aussi les chefs de poste des Csps. La formation des ressources humaines, c’est le plus important. Comme vous le constatez, la Taiwan n’a rien, elle n’a pas de ressources naturelles. Tout ce qu’on a, c’est la ressource humaine.
Nous avons consacré 25% du budget à l’éducation car sans éducation, il n’y a pas de ressource humaine. C’est pourquoi, nous avons développé le système de la formation professionnelle il y a près de 40 ans. Et le président du Faso a plusieurs fois visité notre centre de formation professionnelle et a décidé d’adopter cela. Pour cela, il a demandé notre assistance. Et c’est à partir de 2006 que nous avons commencé à élaborer ce projet. La première phase est terminée et nous y avons injecté 60 millions de dollars, auxquels il faudra ajouter 16 millions d’euros pour la deuxième phase. Ça continue et nous allons accompagner le Burkina.

Etes-vous optimistes quant à l’atteinte des objectifs du millénaire par le Burkina avec l’aide taiwanaise?
Tous les deux ans, nous avons une commission mixte de coopération où nous discutons des projets à venir. Cela a commencé en 1994, jusqu’à maintenant on continue. Il y a 50 ans, Taiwan était comme le Burkina, et 50 ans après, c’est autre chose. On n’est pas loin et d’après mon constat personnel, les Burkinabè sont les plus laborieux travailleurs de la région ouest-africaine. D’ailleurs, c’est comme ça que nous avons pu réaliser le miracle économique taiwanais. Comme on le dit, il faut sacrifier une génération d’abord, et celle de mes parents a été sacrifiée. Ils travaillaient 365 jours et n’avaient qu’une heure de repos par jour et une journée dans l’année, à savoir le nouvel an chinois.

Y a-t-il un projet qui vous a particulièrement émus par sa réussite?
Jusqu’à maintenant, nous sommes très satisfaits de la formation professionnelle. L’hôpital national Blaise Compaoré est un bel exemple également. Mais pour un projet, ce n’est pas toujours après la réalisation que c’est terminé.
À ce stade de réalisation, nous sommes satisfaits, mais après il y a encore beaucoup de choses à faire. Surtout pour l’hôpital Blaise Compaoré qui a une capacité de 600 lits. Chez nous, il faut au moins 1.000 agents au quotidien pour son fonctionnement. Mais pour l’hôpital Blaise Compaoré, il n’y a pas assez de médecins.
Au début, pour la consultation, il n’avait que 300 personnes par mois. Mais actuellement la fréquence est élevée. Pour les urgences, on avait entre 40 et 50 sollicitations par mois. Présentement, on enregistre environ 300 cas d’urgence par mois. C’est un projet dans lequel on a mis beaucoup de moyens et on a essayé également de faire un transfert de notre système de santé et de gestion pour cet hôpital. Au début, nous avons rencontré des difficultés, mais maintenant ça va. C’est un projet qui est profitable à l’ensemble de la population pour son mieux-être. Nous souhaitons que d’autres partenaires techniques et financiers se joignent à nous pour développer cet hôpital. Comme nous l’avons dit au début, nous voulons faire de cet hôpital une référence dans la sous-région, pour régler le problème des évacuations à l’étranger parce que ça coûte cher.L’idéal serait de traiter les grandes maladies ici. Nous voulons faire le maximum, mais c’est difficile de trouver des médecins de chez nous qui viendront travailler ici.

Pour faire un bond en avant comme l’a fait Taiwan, ce serait quoi l’urgence pour le Burkina?
Il faut toujours les ressources humaines avant les infrastructures, parce que les infrastructures consomment beaucoup et peuvent attendre. Mais il faut tout de suite avoir la ressource humaine. C’est le plus urgent. Sans éducation, il n’y a pas de base solide pour un développement durable. On peut connaître beaucoup de choses, comme manipuler les smartphones, sans pouvoir en fabriquer. Lorsqu’on peut en fabriquer, c’est encore mieux. Savoir utiliser est une chose qui est même agréable. Aussi, l’éducation peut contribuer à changer les mentalités, à sensibiliser la population. Selon les données, il y a 20 ans le Burkina avait 10.000.000 d’habitants, maintenant on est à 17.000.000, on a eu 7.000.000 d’habitants en 20 ans. Pendant ce temps, le fruit de développement n’est pas perceptible. Il faut voir comment on peut réduire le taux de natalité à travers l’éducation. La Chine Taiwan a procédé de la même manière. Il y a 30 ans, avoir 6 enfants c’était bien. Mais aujourd’hui, le taux de natalité est de 0,01%. Si Taiwan a de la technologie, c’est grâce à la formation des étudiants à l’étranger. Lesquels étudiants sont rentrés par la suite pour travailler au pays. Nous avons financé la création de leurs entreprises. L’éducation est toujours importante pour le développement d’un pays.

 


 

Faire confiance à l’homme

 

«En Afrique, les Etats ont d’abord commencé à construire des infrastructures avant la formation des ressources humaines, mais c’est tout le contraire selon l’expérience de Taiwan.
S’il y a des activités qui se développent, la route va se construire automatiquement. Imaginez qu’on mette beaucoup d’argent pour la construction d’une route pour après se rendre compte qu’il n’y a pas assez d’activités économiques pour l’entretenir, c’est foutu. S’il y a une ressource humaine de qualité, il y aura des partenaires financiers et techniques. C’est le problème majeur en Afrique. On demande beaucoup d’aides pour investir dans les infrastructures, mais si les activités économiques ne suivent pas, ce n’est pas la peine. Quelques années après, il y a des problèmes et on n’arrive pas à les réparer. Le conseil que je peux donner est qu’il ne faut pas trop faire confiance à la théorie occidentale, il faut faire confiance à l’homme et pour avoir cette confiance, il faut l’éducation. Il faut mettre l’accent sur l’éducation pour améliorer la qualité de la ressource humaine non pas en termes de technologies, mais en termes de compétences. Entre nos deux pays, il y a beaucoup de choses à faire.», Shen, Cheng-Hong, ambassadeur de la République de Taiwan

AT/ KG/ CD

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RAF

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