Avec des spatules en mains, en scandant des slogans hostiles au pouvoir, des centaines de femmes des partis politiques et des organisations de la société civile, opposées à une modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè, ont marché pour demander le retrait du projet de loi du Gouvernement. «Nous avons besoin simplement de dire aujourd’hui au président Compaoré que nous le respectons toujours, en tant que président, mais nous ne sommes pas d’accord avec lui. Et les spatules aujourd’hui sont un avertissement», a affirmé Juliette Congo, 2e vice-présidente de la fédération du Centre du Mouvement du peuple pour le progrès (Mpp). Ce sont les femmes qui ont donné le ton à la grande manifestation du 30 octobre dernier.
Plusieurs centaines de milliers de Burkinabè – un million selon les organisateurs – sont descendus dans les rues de Ouagadougou, le 28 octobre, pour protester contre la décision du Gouvernement de procéder à une modification de la Constitution pour permettre au président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis vingt-sept ans, de briguer un cinquième mandat en 2015. Lors de cette manifestation, d’une rare ampleur, les manifestants arboraient des pancartes portant les slogans «Judas, libérez les lieux», «Blaise, dégage» ou encore «Article 37 intouchable».
Emile Pargui Paré, ancien président du Mouvement du peuple pour le socialisme/ Parti fédéral (Mps/ Parti fédéral) qui s’est fondu au parti des démissionnaires du Cdp, le Mouvement du peuple pour le progrès (Mpp), ici en pleine discussion avec un membre du Régiment de la sécurité présidentielle (Rsp). Il a été l’élément déclencheur, son action a permis aux manifestants d’envahir l’Assemblée nationale.
Affrontements entre Crs et manifestants. De nombreux blessés
L’honorable Yéri Adèle Kambou/Kyemtoré, député du Congrès pour la démocratie et le progrès (Cdp), en train d’être évacuée de l’hémicycle après que les manifestants ont pu y pénétrer malgré la présence de la police, de la gendarmerie et du Régiment de la sécurité présidentielle (Rsp).
Des scènes de pillages et de désolation partout dans la capitale
Les manifestants ont pris d’assaut l’Assemblée nationale et son hémicycle malgré la présence de nombreux militaires et autres policiers disposés autour du bâtiment qui recevait pour vote le projet de loi à polémique. La devanture a été détruite, et des cocktails molotov ont été lancés, incendiant une partie du bâtiment. Les parlementaires ont été exfiltrés du bâtiment par des militaires alors que le mouvement de protestation quittait la zone de l’Assemblée nationale pour prendre la direction de la Radiotélévision nationale.
La déclaration de l’armée vient de se faire devant siège de l’état-major : «Le général Traoré, l’actuel chef d’état-major, s’engage à accompagner le processus de transition démocratique» espéré par les partis d’opposition et par la société civile. L’armée s’associe donc aux manifestants pour garantir cette transition qui devrait conduire à de nouvelles élections prochainement.
L’Assemblée nationale au lendemain du passage des manifestants
L’histoire est encore en marche. Des milliers de personnes étaient toujours réunis le 31 octobre dernier, attendant une déclaration de l’Armée. Les leaders politiques tels Zéphirin Diabré, chef de file de l’Opposition politique, Roch Marc Christian Kaboré du Mpp et bien d’autres, étaient alors sur place.