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Suspension des activités à Inata: Quand les travailleurs se font piéger

Saïdou Idé, entouré de ses collaborateurs, lors de la conférence de presse. (M.K)
Saïdou Idé, entouré de ses collaborateurs, lors de la conférence de presse. (M.K)

La fermeture temporaire de la mine d’or d’ Inata, propriété de Avocet, est une mauvaise affaire : immobilisation des investissements, pas d’extraction d’or, des centaines de travailleurs en chômage technique et probablement un manque à gagner pour les caisses de l’Etat. Voici les conséquences de la crise que traverse ce site minier du Nord du pays. Une équipe de la direction générale, conduite par Saïdou Idé, Dg adjoint, a rencontré la presse et présenté sa lecture de la crise. Le 4 décembre dernier, alors que les travailleurs étaient réunis en Ag pour la restitution d’un atelier de «réflexion sur les pistes de solutions visant à la réduction des coûts de production de la société, une partie des travailleurs a décidé d’aller en grève sans préavis, avec une occupation du lieu de travail». Cette grève, selon la direction, est assortie d’une plateforme revendicative dont la satisfaction est exigée avant toute reprise. Et les travailleurs posent comme préalable le départ du Dg et du Dga, entre autres. L’occupation du site par les grévistes, malgré les médiations, aurait entraîné la décision de fermeture de la mine pour deux semaines. Cette suspension est entrée en vigueur le 12 décembre. Un service minimum pour l’entretien et l’administration a été requis. Cette décision met en arrêt de travail une bonne partie des 767 travailleurs de la société des mines du Belahourou, la société qui gère la mine. Et permet, de fait, à l’entreprise d’arrêter les frais en attendant une éventuelle reprise. Le leitmotiv à la Smb reste la maîtrise des coûts de production pour assurer la viabilité de la société. C’est ce que les responsables auraient tenté d’expliquer aux travaileurs, en vain, notamment au comité de crise qui a déclenché la grève. La société des mines du Belahourou perdait de l’argent selon ses responsables. Sa production est en baisse (cf. L’Economiste du Faso N°88). Outre le prix de l’or qui a perdu 40% de sa valeur entre 2011 et 2014, les sociétés minières sont confrontées à une hausse du prix du carburant de plus de 87%. Cette augmentation, explique Saïdou Idé, est « à la non déductibilité de la Tva sur le gasoil et à l’introduction de la Taxe sur les produits pétroliers (Tpp) en 2011 ». Le gasoil représenterait entre 25 à 35 % des coûts de production, et pour ne rien arranger, le minerai présenterait deux contraintes majeures. Il est en profondeur, d’où l’usage «fréquent» d’explosifs, en plus, il est éloigné du centre de traitement. Par ailleurs, ce minerai, en raison de sa composition, requiert «d’autres intrants que ceux utilisés d’ordinaire ». Toutes les mesures annoncées par la direction tirent leur source de cette situation financière difficile: la révision des objectifs de production avec son implication au plan administratif, financier et des ressources humaines. Les responsables expliquent que les mesures proposées par l’atelier de réflexion sur la réduction des coûts étaient des solutions pour rendre l’entreprise viable. Aussi, les revendications ayant un impact financier pour l’entreprise, tels les paiements d’un 13e mois, le rappel des avancements, le retour à la rotation 10/10 ou la prime de production, pouvaient difficilement trouver satisfaction. Sur le volet administratif des revendications, des échanges ont eu lieu selon Saïdou Idé, et la question des expatriés connaîtrait un début d’exécution. En attendant, en ce qui conserne la date de la reprise effective des activités, rien n’est avancé.

Les deux semaines de suspension prennent fin le 26 décembre prochain. Cela donnera le temps, explique Monsieur Idé, de réfléchir aux conditions de la reprise: que deviendront les contrats de travail, qui sera le repreneur? La direction y réfléchit.

FW


 

 

Le fil du dialogue 
Entre une production en baisse constante, un prix de l’or au plus bas et des charges de production insupportables, la Smb a décidé de fermer provisoirement sa mine. Les travailleurs lui en ont donné l’occasion le 4 décembre dernier, à travers une grève qui a bloqué le fonctionnement de l’exploitation. Les mesures pour réduire les coûts d’exploitation n’ont pas recueilli l’assentiment des travailleurs. Mais, dans leur lutte légitime pour préserver leurs acquis et leur pouvoir d’achat, ils ont peut-être oublié qu’il fallait d’abord préserver l’outil de travail, le rendre viable, condition sine qua non pour honorer les revendications. Il faut croire que les deux partenaires (la direction et les travailleurs) n’étaient pas sur les mêmes longueurs d’onde. Après un investissement de 250 millions de dollars, les actionnaires attendent encore des dividendes de cette exploitation. Il faudra bien trouver une solution.


Arbitrage: 2 ans d’attente

Enfin, le conseil d’arbitrage de la Cour d’appel a pu se réunir et entendre les parties dans le cadre du conflit qui oppose les délégués du personnel à la direction générale de la Smb sur l’interprétation de certains textes du code du travail. Le dossier a été introduit, il y a près de deux ans, et c’est seulement le 17 décembre 2014 que les parties ont pu être auditionnées, pour un débat contradictoire. Le retard pris par la procédure fait dire aux travailleurs qu’ils ont perdu leur temps, surtout qu’ à défaut d’un avis juridique rapide, le conflit a finalement déraper sur le terrain avec une grève suivie de la fermeture de la mine. La chambre arbitrale donnera son avis le 18 février 2015. L’option de l’arbitrage se voulait une voie pacifique, en tout cas, moins dommageable pour chaque partie en termes d’image pour régler le conflit. Le différend porte sur la définition de la semaine de travail, le paiement des primes de quart, le paiement des primes paniers et le pointage journalier. Actuellement, les travailleurs attendent la satisfaction d’une plate forme revendicative en 15 points. o

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RAF
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