«L’œil du cyclone» de Sekou Traoré
«Témoin dans son enfance d’un viol commis par des rebelles, une jeune avocate de bonne famille se voit confrontée à son pire cauchemar quand on lui propose de défendre un combattant rebelle. Mais en voulant sauver cet ancien enfant soldat, l’avocate se brûlera les ailes : suffisait-il de lui obtenir un jugement équitable ? ». C’est en substance la matière que donnera à voir le producteur et réalisateur burkinabè Sékou Traoré, à la compétition long-métrage de la 24e édition du Fespaco.
«L’œil du cyclone» aborde sans ambages le sujet de la collusion entre l’Etat et la rébellion dans certains pays africains. Mais il pose surtout le problème du devenir de ces enfants soldats dans un conflit armé face aux attitudes laxistes des gouvernants de nos Etats qui peinent à offrir des conditions de vie descentes aux populations dont ils ont la charge. Ce second long-métrage burkinabè, le premier du réalisateur en compétition officielle, a nécessité au réalisateur un investissement particulier. Entre le Cameroun et le Burkina Faso où se produit le film, «l’histoire de l’enfant soldat», a requis un budget de 600 millions de F CFA, dont une contribution de 10% de la part de l’Etat burkinabè. On ne peut cependant pas passer sous silence les difficultés auxquelles a survécu ce film pour se hisser au panier du cru du festival. Outre les entraves financières, la réalisation du film s’est heurtée à des soucis administratifs dans sa dimension sous-régionale. A cela, il faut ajouter la menace sécuritaire de la secte islamique Boko Haram.
Avant sa sortie officielle, «L’œil du cyclone» force l’admiration de certains observateurs qui lui assurent une bonne défense. Fort de ce constat, Sékou Traoré n’entend pas faire de la figuration à cette compétition. «Pour le Fespaco 2015, nous espérons bien nous battre pour le Burkina Faso. Nous pensons avoir fait un bon film, (…) Ce que nous avons fait mérite d’être salué», affirme Sékou Traoré. Outre le Fespaco, «L’œil du cyclone» a été retenu pour d’autres festivals dont celui de Luxor en Egypte.
«Cellule 512» de Missa Hébié
Pour cette 24e édition du Fespaco, le réalisateur Missa Hébié mise sur «Cellule 512». Ce film dépeint la problématique des droits de la femme en milieu carcéral. Une histoire à travers laquelle Missa Hébié met à nu la vie aussi phénoménale que méconnue des détenus dans les prisons africaines : harcèlement sexuel, violation des droits de l’homme.
Ce 2e long-métrage du réalisateur à la biennale du cinéma africain après «Le fauteuil» se fixe deux objectifs majeurs. Le premier challenge est celui de la conquête du public burkinabè et africain pour lequel se positionne d’abord le film. Selon le réalisateur, seul l’engouement du public autour d’une œuvre cinématographique augure de son intérêt. Ensuite, celui du prestigieux trophée de l’Etalon d’or qui met en compétition 20 films long-métrage.
La réalisation de «Cellule 512» a mobilisé un budget de 50 millions de FCFA. Dont de 15 millions du ministère de la Culture; 10 millions de la structure succès cinéma Burkina ; 15 millions environ de canal+ pour pré- achat du film et un apport de 10 millions. Ce montant est jugé «très insuffisant pour un film qui prétend représenter le Burkina au Fespaco» ; indique le réalisateur. En effet, le budget prévisionnel était d’environ 300 millions de FCFA. Mais face à l’épineuse question de financement rencontrée par les réalisateurs burkinabè, Missa Hébié a donc dû se contenter du peu.
Une galère qui pourrait expliquer l’absence des cinéastes burkinabè sur la plus haute marche du podium du Fespaco des depuis le sacre de Gaston Kaboré en 1997.
Mais à côté des favoris comme «Timbuktu» du Mauritanien Abderrahmane Sissako, M. Hebié entend bien atteindre le sommet de son art. Néanmoins cette année, il faudra avoir de la hauteur pour prétendre au podium.
En effet, l’ouverture de la compétition à la diaspora laisse entrevoir que la désignation de l’Etalon d’or au Fespaco 2015 sera rude.
CD
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