Lorsqu’on se trouve dans la catégorie des personnes capables de s’acheter un engin moteur, la voiture devient tout simplement une option à laquelle on accède facilement. Il y a des voitures qui s’achètent au prix, voire en dessous, de la plupart des engins à deux roues, qui demeurent de loin le moyen de locomotion le plus utilisé au Burkina, surtout dans la capitale Ouagadougou. D’où cette expression réadaptée qu’on retrouve maintenant sous forme de boutade : «N’achète pas une voiture qui peut, mais qui veut». C’est tout le contraire qui se disait encore dans les débuts des années 2000.
Dans ce qu’on pourrait appeler «la percée des quatre roues» ou «le boom de la voiture» à Ouagadougou, il faut voir l’amplification de l’activité d’importation des véhicules d’occasion et aussi les facilités offertes au public par les concessionnaires des véhicules neufs. Beaucoup de personnes continuent à se ruer sur les véhicules d’occasion communément appelés «France au revoir». C’est un choix apprécié parce que les conditions d’achat et les formalités de dédouanement sont jugées plus abordables. Etant donné l’absence de garantie sur ce type de voitures, on est prêt à consentir des frais supplémentaires pour des réparations après acquisition. Comme le confie un acheteur rencontré chez un des nombreux vendeurs de Ouagadougou, «l’essentiel est d’avoir un véhicule sur pied et dans un état globalement satisfaisant. Pour le reste, on essaiera d’arranger au fur et à mesure». Perçues comme étant des voitures moins chères, en général le client négocie son prix et le véhicule d’occasion s’achète cash. Il peut cependant avoir des facilités suivant la nature des relations et le degré de confiance.
«Avec les clients, on s’arrange entre nous», confie Ablassé Kaboré, Président de l’Association des vendeurs de véhicules du Kadiogo (Avvk). Il arrive que, dans les négociations, le principe d’un paiement échelonné puisse être accordé au client. «Comme acompte, il pourrait verser environ 40% du prix de la voiture dans un premier temps, puis s’engager à payer à son rythme la somme restante, et ne rentre en possession de sa voiture qu’une fois la somme soldée», explique le vendeur.
Toutefois, c’est un procédé rare parce qu’il offre très peu de satisfaction aux vendeurs. «Cette démarche est basée sur la confiance mutuelle, mais il y a parfois des couacs. Il arrive que le client mette plus d’une année à solder sa voiture, ce qui n’arrange pas toujours les vendeurs qui comptent sur l’argent des ventes pour le renouvellement du parc. Certains clients de mauvaise foi signent des chèques sans provision. Nous préférons l’argent en espèce. Les chèques, c’est parfois compliqué», souligne Ablassé Kaboré. Au niveau de l’achat des véhicules neufs, le procédé est quelque peu différent et les soucis de sécurité et de garantie n’existent pas véritablement. Conscients que les voitures neuves sont plus chères à l’achat, les concessionnaires tentent de rattraper la concurrence avec des formules d’acquisition moins contraignantes. Le paiement à tempérament fait partie des facilités qui sont offertes aux clients qui désirent acheter une voiture neuve. Par exemple, chez le concessionnaire Seab, dans un premier temps, le client versera un acompte de 40% du prix de la voiture et paiera le reste selon son rythme et ses moyens.
Ces différentes offres sont généralement proposées en collaboration avec les banques de la place. Le concessionnaire de voitures neuves s’adosse à la banque qui traite avec le client sur les modalités de paiement.
La Boa et la Biciab ont leurs offres «Spéciale voiture»
Conscientes du désir de plus en plus développé chez les Burkinabè d’acquérir une voiture, les banques ont conçu des offres spéciales. Leurs offres concernent les voitures neuves. Pour cela, elles entretiennent un partenariat avec les concessionnaires. «Crédit auto», c’est le nom de l’offre de la Biciab, qui la fait accompagner d’un slogan commercial très expressif : «Nos solutions pour faciliter l’acquisition de votre véhicule».
L’équivalent du Credit auto s’appelle «Prêt Ma Voiture» chez sa concurrente, la Banque of Africa (Boa). Ce prêt est accessible à tous, clients ou non de la banque. Il concerne tout véhicule neuf à usage personnel.
L’apport du client est de 20 à 80% du prix du véhicule, avec un intérêt de 3 à 5% et d’une durée comprise entre 12 et 36 mois. Lors de la présentation de ce produit en 2014, Sébastien Toni, Dg de la Boa, assurait que «c’est un moyen pour tous les Burkinabè d’avoir à disposition une voiture neuve afin d’éviter l’achat des voitures d’occasion qui ne sont pas toujours fiables et qui reviennent beaucoup plus chères avec l’entretien». Le taux d’intérêt de la banque dans ce cas est de 6,5%.Karim GADIAGA