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Délestages Opération commando en cours

La grève des transporteurs intervenue en avril a prouvé à tout le monde que la Sonabel vie au jour le jour. Pourtant, cette situation ne date pas d’avril 2015. A cause des difficultés d’approvisionnement, depuis 2013 les centrales de la Sonabel fonctionnaient à flux tendu. «Nous n’avons pas de stock», avoue le premier responsable de la société. 

Le 23 mai dernier, le ministre en charge des Mines et de l’énergie a annoncé des mesures fortes pour atténuer les difficultés que rencontre la Sonabel à assurer convenablement la fourniture de l’électricité en cette période de pic de consommation. Parmi les mesures, figure en première ligne l’organisation du transport de combustible pour constituer un stock de sécurité pour la Sonabel. Au cœur de ce dispositif, l’organisation des transporteurs du Faso (Otraf). Son président national, Issoufou Maïga, explique le processus mis en place pour tenir le pari de reconstituer le stock cette semaine. Mais il y a une condition, il faut que les camions soient chargés. Et c’est peut-être pour cette raison que le Dg de la Sonabhy était du côté de Lomé la semaine écoulée.

Issoufou Maïga, président national de l’Otraf. (DR)
Issoufou Maïga, président national de l’Otraf. (DR)

– L’Economiste du Faso : Allez-vous tenir le pari de livrer à la Sonabel le carburant dans les délais, conformément aux termes de l’accord intervenu entre vous et le ministère?
Issoufou Maïga, président de l’Otraf : Le pari sera tenu. Les transporteurs miniers ne sont autres que nos membres. Ils ont été sélectionnés selon des normes strictes qui ne sont pas les mêmes qu’à la Sonabhy. C’est pour cela que l’on parle de réquisition du 25 mai au 30 juin. Leur contrat avec les miniers sont maintenus, mais ils nous appuieront pour cette opération. C’est une cause nationale. Ils nous soutiennent avec 150 camions. Chaque camion pourra faire trois voyages. Ainsi, c’est près de 20 millions de litres qu’ils pourront ramener. Sur l’ancienne flotte estimée à 200 camions, même si elle ne réussit pas à faire les deux rotations, on pourra faire entrer 40 millions de litres de carburant.
Dès le 25 mai, on a enregistré 75 camions inscrits à la Sonabhy. Le 27 mai dernier, 200 camions se trouvaient au port et attendaient d’être chargés à Lomé et à Cotonou. Nous tiendrons le pari, si effectivement les camions sont chargés à temps. Cela relève de la Sonabhy. Si toutes les dispositions sont prises au niveau de la Sonabhy et des douanes, ce 1er juin, au moins 120 camions chargés seront de retour. Je crois savoir que la consommation journalière de la Sonabel est de 20 camions.

– Qu’est-ce qui constituait le blocage pour les transporteurs vis-à-vis de la Sonabel ?
Le problème de la Sonabel, c’est qu’elle consomme des carburants spécifiques : le fuel et le Ddo, aussi utilisés par les miniers. Ce carburant est plus lourd que le pétrole et l’essence. Il faut donc des véhicules particuliers, plus solides donc pour ce genre de transport. Depuis 10 ans, nous rencontrons des difficultés majeures dans ce secteur. En période de pic, la demande de la Sonabel double. Alors que nous avons un parc standard qui ne peut pas suivre la hausse subite de la demande de la Sonabel.
Cette année, il y a eu blocage parce que les problèmes récurrents n’avaient pas été solutionnés à temps. Il s’agit notamment des tarifs de transport qui n’ont pas bougé depuis 2005. Les produits de la Sonabel et de la Sonabhy étaient transportés au même prix, or l’impact sur nos camions des produits de la Sonabel est plus élevé. Nous dépassons systématiquement le poids de la charge à l’essieu notamment, le règlement 14 de l’Uemoa. Et comme vous savez que le parc est constitué de beaucoup de véhicules d’occasion, cela occasionne beaucoup de pannes, donc de charges supplémentaires pour nous. Certains transporteurs n’y trouvaient plus leurs comptes et donc certains fuyaient les commandes de la Sonabel. Pour ne rien arranger, vous avez appris de la part de Dg de la Sonabel que, depuis 2013, la société travaille à flux tendu.
Aujourd’hui, si vous voyez qu’il y a une mobilisation pour la fourniture en combustible de la Sonabel, c’est parce que l’Etat a mis de l’argent sur la table pour constituer le stock de sécurité. La Sonabhy est donc obliger de livrer parce que ce sera au comptant. C’est ce qui explique l’engouement.

– C’est l’augmentation surtout qui vous intéresse?
Tout à fait. On aura 20 F CFA en plus sur le litre qui était à 62 F CFA. C’est bon pour le chiffre d’affaires et surtout on peut faire face à certaines charges sur la route, du genre un pneu perdu. Avant, il faut reconnaitre que ce n’était plus rentable.

– Mais ces mesures sont ponctuelles.
Oui, si on s’en tient au point 4 de l’accord. Mais nous avons attiré l’attention du Gouvernement sur l’obligation qui nous est faite de respecter la charge à l’essieu. On n’a pas le choix. On mettra sur la route des camions de 40 mille litres, pas plus. On ne pourra donc pas transporter le même volume qu’avant. Cela a pour conséquence de mettre plus de véhicules sur le corridor. Si on optimise, on pourrait avoir plus de roulement. Parce que si la Sonabhy ose charger un camion non conforme, c’est à elle de supporter les pénalités éventuelles. La pénalité prévue par le règlement 14 est de 60.000 F/t. Nous sommes rémunérés à 62.000 F/t. Si un chauffeur se fait prendre, imaginez la perte. C’est pour cette raison que les discussions vont se poursuivre pour la mise en place d’une flotte dédiée. Elle sera calibrée selon les normes communautaires.

– Qui constituera cette flotte prévue par l’accord ?
L’Otraf est un syndicat. Nous faisons l’interface entre l’Etat et les professionnels du transport. Nous avons recommandé à l’Etat de faciliter la constitution de cette flotte. L’objectif, c’est d’avoir des camions aux normes capables de faire le boulot. Si tous les éléments sont réunis, ce sera sous forme de souscription comme les autres fois. Le transit- transport sera également examiné.
Les investissements sont lourds pour acquérir un nouveau camion. Il faut environ 105 millions hors taxes, hors douane et frais financiers. Le délai minimum pour obtenir un camion est de 6 mois. Et si l’Etat veut qu’on soit aux normes en 2016, il faut que dans les deux mois, soit d’ici août, on ait enclenché le processus d’acquisition.
Propos recueillis par FW


 

Transport du carburant : 20 F CFA de plus/litre

La Sonabel n’a pas tenu parole quant aux promesses de délestages-programmés. Ces dernières semaines, la crise s’est accentuée avec des délestages plus longs. Les raisons avancées par le directeur général de la Sonabel, François De Salle Ouédraogo : «Il n’y a rien dans les cuves». Ces cuves devaient être remplies par la Sonabhy, qui a elle aussi des difficultés pour approvisionner un client qui ne paie pas «ses factures». «La Sonabel a des difficultés à payer sa facture pétrolière», confie le directeur général de la Sonabel. Situation nationale oblige, elle fait appel au Gouvernement qui, à son tour, fait appel à la Sonabhy et à l’Otraf.
Après des heures de négociations, un accord a fini par être trouvé pour approvisionner les cuves de la Sonabel. Dans les faits, l’Etat s’engage à augmenter de 20 FCFA sur chaque litre transporté et l’Otraf s’engage à son tour à mettre à la disposition de la Sonabhy environ 600 citernes pour assurer le stock de la Sonabel. Le président national de l’Otraf, Issoufou Maïga, a promis du carburant au plus tard la fin de la semaine prochaine. De son côté, la Sonabel ne promet pas la fin des délestages, mais des réductions. «En principe, si ces mesures sont mises en œuvre et que les résultats sont atteints, la situation devrait beaucoup s’améliorer. Elle devra revenir à la situation que nous avions prédit au début de la période de chaleur», explique le Dg.
Par S. O

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