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Hôpital National Blaise COMPAORE: l’exigence des soins de qualité

Dernier né des hôpitaux de troisième niveau du Burkina, l’Hôpital National Blaise COMPAORE est le fruit de la coopération entre le Burkina Faso et la République de la Chine Taiwan. Cet établissement public de santé de type hospitalier a été érigé en CHU par un décret pris le 13 juillet dernier en Conseil des ministres. Une décision des autorités qui vise à accroitre l’offre sanitaire au Burkina Faso en matière de formation. Ce centre qui se veut une référence dans la sous-région a, depuis son inauguration en 2010, été considéré à tort ou à raison comme une structure sanitaire réservée à une frange privilégiée de la société burkinabè.

Pr Adama SANOU, Directeur des services médicaux. (DR)
Pr Adama SANOU,
Directeur des services médicaux. (DR)

Les beaux bâtiments et le système rigoureux d’organisation du travail, qui tranchent avec la vision commune des centres de santé au Burkina Faso, laissent penser que l’Hôpital National Blaise COMPAORE n’est pas pour les «pauvres». Selon le directeur des services médicaux, Pr. Adama Sanou, tous les dispositifs mis en place par la direction de ce CHU concourent à offrir des soins de qualité à tous les Burkinabè sans exception. Pour ce faire, l’hôpital s’ouvre aux usagers par deux voies d’accès : le service des urgences et celui des consultations externes. Le service des urgences a pour vocation d’accueillir sans distinction et à tout instant, 24h/24, toute personne qui présente une situation d’urgence. C’est un service polyvalent d’urgences. Il prend en charge les urgences médicales, chirurgicales, gynécologiques autant pour les adultes que pour les enfants. Cependant, les

Bloc opératoire
Bloc opératoire

urgences obstétricales sont prises en charge directement dans l’unité d’obstétrique. Les patients admis dans ce service des urgences sont d’abord soumis à un tri préalable qui permet, après la prise des constantes et une première évaluation par une équipe d’infirmiers, de voir de quel type de patient il s’agit. L’urgence est alors catégorisée et identifiée par un code particulier et le patient est ensuite orienté vers un médecin. Lorsqu’il s’agit d’une urgence relative, il est vu par le médecin généraliste qui fera appel au spécialiste si besoin. En cas d’urgence «extrême» (risque vital), une pris en charge rapide et énergique est effectuée avec le concours d’un médecin réanimateur. Et cela consiste à faire passer le malade à la salle SAUV: «Salle de soins intensifs, qui permet de procurer au patient des soins particuliers et de maintenir ses fonctions vitales», confie le Pr. Adama Sanou. Lorsque le patient est stabilisé, il sera soit conduit au bloc opératoire en urgence, soit hospitalisé pour des soins appropriés. Dans certains cas, il est sorti après une courte période de mise en observation.

Dans cet EPS comme dans tous les autres du Burkina Faso, la règle des soins d’urgence sans prépaiement est appliquée. Cela veut dire que les soins d’urgence vitale ne sont pas soumis à un paiement préalable. Le paiement des factures est donc fait après la levée de l’urgence.

IRM. (DR)
IRM. (DR)

Le service est équipé par ailleurs d’une unité de radiologie qui permet de réaliser les radiographies standard sur place et le laboratoire est fonctionnel 24 heures sur 24. Ces infrastructures internes ont pour avantage, selon les responsables de l’hôpital, de disposer à temps des résultats des examens en vue d’une prise de décision rapide. «Il y a un système de gardes et d’astreintes qui se font 24h sur 24 avec une équipe dans les diverses spécialités toujours disponibles pour prendre en charge les patients», affirme le directeur des services médicaux qui insiste sur les capacités technologiques et humaines de l’hôpital à faire face aux cas d’urgences. «Nous pensons être à même de prendre en charge les malades que nous recevons pour les urgences usuelles. Pour certains patients, nous pouvons avoir besoin d’évacuation sanitaire, parce que nous n’avons pas toutes les spécialités et les équipements nécessaires. Jusqu’à présent, cette éventualité a été rare, mais elle reste possible». Pour ce qui est du service de la consultation externe, il concerne les patients venant pour des consultations programmées. Il s’agit des consultations ambulatoires assurées par les praticiens de l’hôpital. En effet, ce service offre aux patients des consultations dans plusieurs spécialités médicales et chirurgicales. Contrairement aux urgences, l’accès à ce service requiert des patients un rendez-vous antérieur. Pour ce faire, des secrétaires médicales sont chargées de répondre aux demandes téléphoniques de consultation.

Zone d’enrégistrement des patients pour la consultation externe. (DR)
Zone d’enrégistrement des patients pour la consultation externe. (DR)

Cependant, la consultation n’est possible qu’après paiement des frais de consultation qui sont de 3.000 F CFA et de 5.000 F CFA respectivement pour la consultation du médecin généraliste et du médecin spécialiste. Le règlement autorise pour le malade l’ouverture d’un dossier médical physique et électronique avec un numéro d’identification spécifique à vie. Après l’enregistrement, le patient est guidé vers les infirmières pour une prise de constantes.
Ce processus franchi, le patient est dirigé vers la salle de consultation où il rencontrera le médecin concerné qui vérifie sur l’ordinateur la liste des patients à examiner et peut avoir accès aux dossiers médicaux et faire des prescriptions de médicaments ou d’analyses médicales dans le système informatique. Cette procédure participe d’une bonne organisation en vue d’une meilleure prise en charge des malades, a signifié le Pr. Adama Sanou: «C’est dire donc que si vous n’avez pas payé, si vous n’avez pas un dossier ouvert, vous ne pouvez pas rencontrer théoriquement le médecin».
Grace au système informatisé de l’hôpital, toute ordonnance établie après diagnostic est transmise directement au niveau de la pharmacie et un exemplaire est imprimé et remis au patient pour avoir accès aux médicaments. Pour ce qui concerne les examens para-cliniques, les demandes sont transmises directement par le système informatique au laboratoire et au niveau des explorations fonctionnelles. Un exemplaire de la demande est néanmoins remis au patient qui est tenu de le présenter une fois arrivé dans l’unité concernée.
L’objectif de la direction de l’hôpital est de disposer d’une bonne traçabilité de son système de gestion. Ces mesures s’inscrivent dans la dynamique de performance que l’hôpital s’est imposé. Pour le directeur des services médicaux, il importe tout de même que le centre accentue ses efforts pour plus d’efficacité dans son organisation : «J’avoue que pour l’instant le système n’est pas encore au niveau que nous souhaitons, mais nous travaillons afin que ce système informatisé puisse vraiment nous permettre de bien gérer les soins offerts aux patients et d’avoir une bonne base de données».o
CD


Un plan d’action ambitieux

Pour mieux répondre aux attentes de la population, l’Hôpital National Blaise COMPAORE s’est doté d’un projet d’établissement pour la période 2016-2020. Ce projet est bâti autour de choix médicaux qui portent sur la mise à niveau des services existants (surtout l’hémodialyse et les grands brûlés) ; le développement du management de la qualité en santé, le développement de la formation et de la recherche en santé et la création d’offres de santé encore inexistantes ou peu développées au Burkina Faso.
L’hôpital se donne pour ambition de développer les spécialités suivantes:
– La coronarographie et la cardiologie interventionnelle;
– La chirurgie thoracique et cardiovasculaire,
– La chirurgie hépato-bilio-pancréatique et la transplantation hépatique;
– La procréation médicalement assistée (PMA).
L’hôpital est ouvert à tout le public burkinabè, selon Dr Adama Sanou. L’Hôpital National Blaise COMPAORE est un hôpital public qui n’est pas particulièrement cher par rapport aux autres. C’est la rigueur dans l’organisation et la méconnaissance de la structure qui font que beaucoup sont réticents à y venir. Cette rigueur est indispensable pour assurer la sûreté, la sécurité et la qualité des soins aux patients burkinabè. L’hôpital est ouvert à toute la population burkinabè. Pour les personnes indigentes, un service social existe et à ce jour, il a déjà diligenté la prise en charge d’un bon nombre de patients. Ce qui est paradoxal, c’est que le standing des infrastructures et la propreté soient des facteurs qui limitent la fréquentation, alors que ce sont des caractéristiques fondamentales de toute structure de soins.

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