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Coopération : L’ouverture aux deux Chine compromise

 

C’est peut-être la fin de la politique de rapprochement entre la Chine Taïwan et la Chine Pékin. Ce qui risque également de raviver le principe «Nous ou Taïwan» pratiqué par Pékin dans ses relations diplomatiques.
A l’issue de l’élection présidentielle tenue le 16 janvier dernier à Taïwan, le parti au pouvoir, le Kuomintang (KMT), artisan du rapprochement avec Pékin, a enregistré une défaite face à la candidate de l’opposition, le Parti démocratique progressiste (PDP). Le PDP est un parti nationaliste dont les partisans demandent une politique plus musclée vis-à-vis de Pékin.
Dès l’annonce de sa victoire, la nouvelle présidente de Taïwan, dans son adresse à ses militants, a appelé Pékin à respecter le «système démocratique, l’identité nationale et l’intégrité territoriale de Taïwan».
Elle a tout de même tenu à indiquer que «le souhait commun est le maintien de la paix et de la stabilité entre les deux rives du détroit de Taïwan».
En effet, Taïwan est une île qui réclame son indépendance vis-à-vis de la Chine populaire depuis 1949. Ce que refuse Pékin qui considère Taïwan comme une province chinoise (Pékin). Après une période de tension entre les deux, une normalisation a commencé au début des années 90. Depuis le retour du Kuomintang au pouvoir (2008), les relations entre les deux entités n’ont cessé de se développer, d’une façon remarquable sur le plan économique (échanges, liaisons maritimes et aériennes, investissements, tourismes croisés), jusqu’à la signature en 2010 d’un important accord-cadre de coopération économique.
A présent, certains Taïwanais, les partisans du PDP notamment, estiment que le rapprochement avec Pékin n’a pas véritablement profité à l’économie taïwanaise. En plus, ils soupçonnent Pékin de mener une stratégie qui vise à terme à annexer Taïwan. «C’est bien le fait qu’on soit bons voisins, mais on peut sentir que la vraie intention de la Chine c’est de nous unir», estime une jeune taïwanaise qui vit aujourd’hui en France. En votant pour la candidate du PDP, les Taïwanais ont clairement exprimé leur souhait de tourner le dos à des années de rapprochement avec Pékin.
Si ce réchauffement est arrêté, quel va être désormais le comportement de chaque Chine avec les pays amis? Avant le rapprochement, Pékin était rigoureux sur le principe «Une seule Chine» et ne tolérait pas qu’un pays qui reconnait l’existence de Taïwan puisse établir en même temps des relations diplomatiques avec lui. Mais depuis que les deux pays étaient devenus très proches, le principe «Nous ou Taïwan» n’était plus rigoureusement appliqué. C’est ainsi que des pays africains comme l’Algérie, le Nigeria et l’Afrique du Sud accueillent des bureaux de représentation de Taïwan tout en restant des fidèles amis de la Chine populaire.
C’est une option qui aurait pu également arranger le Burkina, vu la réalité de ses besoins économiques. Le pays s’est engagé diplomatiquement avec Taïwan depuis 1994.
Mais depuis le départ du président Compaoré du pouvoir, cette position est dans la balance.
Bien que bénéficiant d’un important accompagnement de Taïwan sur de nombreux projets de développement, il ne manque pas de raisons objectives à ce que le Burkina aille aussi voir du côté de Pékin. Mais aujourd’hui, la possibilité d’ouverture aux deux Chine semble compromise avec la tournure politique opérée par Taïwan.
Une tournure qui va éloigner Taïwan et ses amis, qui comptent le demeurer, de la Chine populaire. C’est donc un seul choix qui va s’offrir au Burkina : rester avec Taïwan pour de bon en tournant le dos à Pékin ou choisir Pékin et renier Taïwan.

Karim GADIAGA


 

Plus de 20 ans de coopération avec Taïwan

C’est en 1994 que le Burkina Faso a décidé de se remettre avec Taïwan après une interruption qui l’avait amené du côté de la Grande Chine à partir de 1973. Depuis le retour sur l’île, les deux pays entretiennent une coopération bilatérale qui couvre plusieurs domaines.
Le Burkina soutient la participation de la République de Chine Taïwan aux organisations internationales, notamment aux institutions spécialisées de l’ONU. En retour, Taïwan finance des projets dans notre pays. Plus d’une vingtaine de projets basés au Burkina bénéficient aujourd’hui de l’accompagnement de la coopération taïwanaise.
Ils s’étendent du domaine de la santé à l’agriculture en passant par la formation professionnelle et la technologie solaire. En plus, Taïwan apporte régulièrement son soutien financier ou matériel à des préoccupations ponctuelles au Burkina.
L’ambassade de Taïwan encourage aussi des missions d’hommes d’affaires burkinabè pour leur permettre de découvrir des opportunités d’affaires à Taïwan.

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