Après les attaques terroristes du 15 janvier dernier, tout le pays est sur le qui-vive. Les forces de sécurité elles-mêmes se sont fait surprendre par l’attaque de la poudrière de Yimdi la semaine dernière par des ex-éléments du RSP. Heureusement, les hommes du chef d’état-major général, une fois de plus, ont montré une bonne capacité de réaction qui a permis de neutraliser une bonne partie des assaillants.
Un seul serait en cabale actuellement, notamment le sergent-chef Ali Sanou. Du coup, l’armée elle-même a pris des dispositions pour sécuriser ses principaux sites stratégiques afin de dissuader toute nouvelle velléité d’attaques sur ses arsenaux militaires. Si les sites militaires stratégiques sont désormais sous bonne garde, qu’en est-il des sites civils, notamment les sites miniers? Ces enclaves sont souvent très exposées et les plus actives sont situées le plus souvent au nord du pays avec une forte densité de main-d’œuvre expatriée.
On se rappelle que la première incursion des terroristes sur le sol burkinabè a eu lieu le 4 avril 2015 avec l’enlèvement d’un agent de sécurité de la mine d’or de Tambao. Un groupe d’individus armés, à bord d’un véhicule land cruiser, ont attaqué les occupants d’un véhicule dans la zone de Tambao, dans la province de l’Oudalan. Jusque-là, c’était des pays comme le Mali et le Niger qui étaient la cible des preneurs d’otages. Avec l’attaque du Capuccino et de l’Hôtel Splendid, ce risque est désormais accru.
Les mesures qui avaient été prises à titre préventif sont en train d’être renforcées. Le site de Essakane qui emploie plus de 200 personnes est la plus grande mine du pays. Elle est déjà sécurisée par l’armée, selon nos sources. Mais le gouvernement veut aller plus loin. Mardi dernier, le DG de l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM) a soumis au ministre des Mines et de l’Energie un plan de sécurisation.
L’évaluation de la menace, ainsi que le plan de riposte, a fait l’objet de beaucoup d’attention au niveau du ministère des Mines. Le chef de département attend de le soumettre au gouvernement. Apparemment, l’ONASSIM aura besoin de plus de moyens en termes humains et matériels, s’il veut rassurer tous les travailleurs.
7 mines et projets miniers sont directement concernés par les mesures à venir du fait de leur position au nord du pays. Il s’agit de Essakane, Tambao, Bissa, Inata, Samira Hill, Taparko, Karma et dans une moindre mesure Kalsaka qui est en fin de vie. Les sites miniers sont pratiquement une ville dans la ville, avec de nombreuses allées et venues pour les rotations. Il y a non seulement les sites à protéger, mais également tous les déplacements du personnel.
Plusieurs milliers de travailleurs sont concernés. Si on s’en tient à l’étude de l’Orcade sur les emplois miniers, les sites du nord emploieraient pas moins de 3.500 personnes (voir Tableau).
Plus d’un quart de ces travailleurs sont des expatriés. Une sécurité adaptée à la situation permettrait de continuer la production sur les sites.
Dans le cas contraire, les otages potentiels vont se mettre à l’abri, c’est -à dire cesser le travail. L’arrêt de ces unités n’est pas envisageable pour le Burkina à l’heure actuelle. Même avec un cours de l’or au plus bas, ces recettes minières sont indispensables au budget de l’Etat.
Au 31 décembre 2012, les 9 mines d’or du pays en exploitation employaient un total de 5.715 personnes dont 3.795 nationaux.
Cette proportion de nationaux correspond à 66,40% des emplois, selon des statistiques communiquées le 30 avril 2013 par le ministre des Mines et de l’Energie lors de la revue annuelle de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD).
FW