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Couple libano-burkinabè : «Ce ne sont ni la couleur ni la culture qui comptent»

 

Tout commence un beau jour de 2005. Habib rentre du Liban et trouve dans son appartement quatre jeunes femmes burkinabè, visiblement des amies de l’épouse de son cousin qui avait élu domicile chez lui. Parmi elles, il en repère une «qui ne pense pas comme les autres». Ils deviennent rapidement amis, mais lorsqu’il lui propose de passer à la vitesse supérieure, Noëlie refuse systématiquement ses avances.
Jusqu’au jour où il met leur amitié dans la balance et menace de tout quitter pour les Etats-Unis. Craignant de le perdre à jamais, elle accepte du bout des lèvres qu’ils se fréquentent. «C’était le 14 août 2005», se souvient celui qui retient chaque date avec une impressionnante acuité. Quatre mois après, le jeune couple se fiance; six mois plus tard, ils sont mariés. «Vous n’imaginez pas les réticences qu’on a rencontrées de toutes parts!», s’exclament-ils d’un air mi-amusé, mi-désabusé. Côté libanais, les membres de la communauté tentent de dissuader leur «frère» en lui disant qu’il n’est sans doute que l’une des nombreuses conquêtes d’une «black» uniquement intéressée par son argent. Quant aux femmes du village, elles lui demandent s’il a déjà réfléchi à la couleur de peau qu’auront ses futurs enfants.
Aux premiers, il rétorque qu’il a eu «des preuves» du désintéressement de l’élue de son cœur, et aux secondes qu’il existe désormais des produits qui peuvent rendre l’épiderme plus blanc que le leur. Côté burkinabè, les résistances sont moindres, mais la famille de Noëlie conseille tout de même à la jeune femme d’attendre quelques années pour «être sûre» avant de se marier religieusement. Faisant fi de toutes ces mises en garde, les deux tourtereaux s’unissent à la mairie et à l’église le même jour, un certain 11 février 2006. Et répondent de la plus belle des manières à tous ceux qui leur prédisaient six mois de vie commune «maximum», en célébrant il y a quelques semaines leurs noces d’étain. «Entre nous, les débuts ont été catastrophiques. Il ne fallait pas faire ci, pas aller comme ça», confesse Noëlie, dénonçant un mari jaloux et possessif. «Chez les Libanais, il est difficilement concevable que la femme mariée sorte seule», justifie Habib. «Mais rien n’est impossible pour les couples mixtes!», s’écrient-ils en chœur. «Si les deux conjoints savent ce qu’ils veulent, qu’ils sont corrects et honnêtes, alors ce ne sont ni la couleur ni la culture qui comptent!».

Un mariage et deux enterrements
Etrangement, l’éloignement géographique du Liban a rapproché les amants, notamment à travers deux épreuves particulièrement fortes. Le 10 janvier 2007, se rappelle l’indéfectible mémoire de Habib, son épouse décide sur un coup de tête de partir découvrir le Liban. Elle s’envole pour Beyrouth deux jours plus tard, en compagnie de sa belle-sœur venue leur rendre visite, et de leur premier fils âgé d’à peine cinq mois.
Manque de chance, un oncle vient de décéder et ils arrivent le jour de l’enterrement. Un mois plus tard, un deuxième oncle passe l’arme à gauche. Pendant toute la période de deuil, Noëlie se refuse à trahir la coutume et à mettre le nez dehors -même quand des amis de passage lui propose de l’emmener faire du tourisme- et demeure ainsi de longues semaines enfermée avec sa belle-mère. «Elle la regardait cuisiner pendant des heures, et c’est ainsi qu’elle a appris à préparer les plats libanais qu’on mange aujourd’hui à la maison!», rigole Habib, aussi admiratif que reconnaissant. A ses côtés, sa femme lui tape affectueusement sur le ventre, ne manquant pas de raconter la surprise qu’il lui avait faite de la rejoindre pour Pâques. Le second épisode intervient quelques années plus tard, en octobre 2011. Habib est rentré au pays pour assister au mariage de son frère, lorsqu’un soir il est pris de violents maux oculaires. Inquiet, il passe des examens. Le médecin diagnostique un fibrome au cerveau. Ne voulant rien laisser paraître pour ne pas gâcher la fête, le trentenaire se gave de médicaments et ne dit à rien à personne. Pas même à son épouse restée au Burkina avec les enfants. Lorsqu’il lui avoue finalement, elle n’hésite pas une seule seconde et saute dans le premier avion. L’opération durera plus de douze heures, mais le Libanais à la tête dure s’en tirera sans aucune séquelle, si ce n’est une large cicatrice sur le haut du crâne. «Il faut passer de temps en temps quelques contrôles de routine, mais par miracle le pire a été évité», souffle la fervente Noëlie en remerciant Dieu.

Dans 10 ans, ni l’Afrique ni le Liban
Le couple Kharrat fait actuellement construire une maison à Ouagadougou, qui viendra s’ajouter à celle héritée des parents de Habib au pays du Cèdre. Mais dans dix ans, ils se voient difficilement vivre en Afrique, en grande partie à cause des insuffisances en matière de santé et d’enseignement supérieur. Retourner au Liban? «C’est un très beau pays pour passer les vacances, mais il y a trop de chômage pour y vivre», confie celui qui a quitté sa terre natale il y a maintenant 17 ans. Lui rêve plutôt d’un petit village français où il aurait sa maison, son jardin et ses moutons. Elle vient de s’inscrire pour suivre une formation longue durée de coiffeuse/esthéticienne à Paris, en espérant ouvrir son propre cabinet à son retour. Mais les deux sont formels : l’avenir dépendra avant tout des enfants.

T.O


Les filles burkinabè attirent

La communauté libanaise du Burkina Faso compte une vingtaine de couples mixtes, dans lesquels c’est majoritairement l’homme qui est Libanais et la femme Burkinabè. En comparaison, 160 mariages mixtes sont célébrés chaque année entre la France et le Burkina Faso.

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RAF

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