Dossier

Filets sociaux : Réponse à la pauvreté

 

40,1% de la population burkinabè sont en dessous du seuil de pauvreté. Ces personnes vivent ainsi avec moins de 153.530 F CFA par an, selon l’enquête sur les conditions de vie des ménages de l’INSD, (données de 2014). Et même si selon le Conseil des ministres du 11 mai dernier ce taux de pauvreté a baissé de 7% par rapport au précédent rapport, il reste que l’écart s’agrandit.
Comment donc empêcher les populations vulnérables de tomber plus bas dans la misère? Pour résoudre cette équation, le gouvernement a mis en place une politique nationale de protection sociale. Un des projets pilotes phares de cette politique est le projet «Filets sociaux».
Cette initiative soutenue par la Banque mondiale qui vise la réduction de la pauvreté chronique et la malnutrition sévère suscite toujours des débats, notamment sur la définition du concept en lui-même, ainsi que sur les enjeux et les mécanismes de financement. Pour ce faire, le bureau de la Banque mondiale au Burkina a entrepris un atelier de renforcement des capacités des journalistes sur la thématique des «Filets sociaux». Ainsi, du 9 au 10 mai, journalistes, coordonnateurs de projets et responsables de la Banque mondiale se sont entretenus sur les questions de protection sociale.
Selon la Banque mondiale, l’on définit le concept «Filets sociaux» par «des programmes de transferts non contributifs axés d’une manière ou d’une autre sur les populations pauvres ou vulnérables. Ils visent à stimuler -directement ou par le biais d’un effet de substitution- la consommation de produits de base et de services essentiels par les ménages […]».
Ces programmes s’adressent à des populations pauvres et vulnérables incapables de satisfaire à leurs propres besoins essentiels ou qui risquent de basculer dans la pauvreté sous l’effet de chocs exogènes ou de problèmes socioéconomiques tels que l’âge, la maladie ou un handicap.
L’une des grosses difficultés dans ce projet de Filets sociaux demeure au Burkina le ciblage. Il s’agit de la sélection des bénéficiaires selon des critères définies, suivie de leur enregistrement et de l’attribution d’un identifiant unique.
Selon Gilberte Kèdoté, spécialiste de la protection sociale à la Banque mondiale, au moment de déterminer les populations cibles, il y a des erreurs d’inclusion ou d’exclusion qui peuvent se glisser dans la liste. De même, les processus d’enregistrement et d’identification des bénéficiaires sont vulnérables à l’erreur et aux abus potentiels.
Ainsi, la Banque mondiale a mis en place un système de plaintes afin de diagnostiquer les problèmes et les résoudre, améliorer les processus de mise en œuvre du programme et minimiser les erreurs et la fraude par un bon système informatisé de gestion des données et un équilibre des pouvoirs entre les intervenants. Les intervenants des projets en cours, lors de l’atelier de Bobo, sont d’accord qu’il faut harmoniser les méthodes de ciblage.
Dans son document intitulé «Réduire la pauvreté et investir dans le capital humain: le nouveau rôle des filets sociaux en Afrique», la Banque mondiale appelle à améliorer systématiquement les systèmes de collecte des données et de suivi à l’appui des programmes de filets sociaux.
«Il est essentiel de disposer de données fondamentales sur le nombre et les types de bénéficiaires, ainsi que d’informations sur les résultats pour pouvoir améliorer la conception et la coordination des programmes, informer les décideurs et attirer les ressources financières et l’aide des bailleurs», peut-on y lire. Cependant, l’institution demeure prudente quant aux avantages de ces programmes. Pour elle, «l’incidence des filets sociaux sur les indicateurs de la pauvreté et du bien-être, lorsqu’elle est connue, est en général jugée positive, mais mitigée». Ainsi, il convient d’accorder la priorité aux efforts d’harmonisation et de coordination des programmes de filets sociaux en un système cohérent.
Notons que depuis 2009, la Banque mondiale a réalisé des évaluations approfondies des filets sociaux dans 22 pays d’Afrique subsaharienne. Les résultats de ces évaluations et d’autres études portant sur cette question ont récemment fait l’objet d’une synthèse régionale qui donne un aperçu de l’état actuel des programmes de protection sociale en Afrique et renseigne sur les moyens de renforcer ces programmes pour lutter plus efficacement contre la pauvreté et la vulnérabilité.

NK


 

Des expériences réussies

Pallier la période de soudure
En matière de sécurité alimentaire, les partenaires du Cadre commun au Burkina (Oxfam, AID, ACF, Terre des Hommes, Save The Children, SAHFI, Ocades, etc.) ont mis en place des stratégies de réponse à la période de soudure. Il s’agit pour la plupart d’interventions sous forme de filets sociaux aux ménages très pauvres et affinées progressivement à la lumière des enseignements tirés du cash transfert, du cash complémentaire, des coupons vivres, des coupons marchandises, des compléments nutritionnels et du suivi nutritionnel des enfants de 6-23 mois.

Le Projet emploi des jeunes et développement des compétences (PEJDC)
Son objectif global est de favoriser l’accès des emplois et l’acquisition de compétences professionnelles en vue d’ouvrir des opportunités d’insertion durable dans le marché du travail. Il a une durée de 4 ans et cible les jeunes de 16 à 35 ans. Ces zones de couverture s’étendent en milieu urbain, de la commune de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et Manga, en milieu rural aux communes rurales des régions du Nord et du Centre-Sud.
En termes de résultats, il est attendu à la fin du projet 46.800 jeunes recrutés, dont 31.000 pour les Travaux à haute intensité de mains-d’œuvre et 15.800 pour la section développement des compétences.

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