Le Produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique a progressé de 3,6% en 2015, soit plus que la moyenne mondiale qui est de 3,1% et même deux fois plus que dans la zone euro. Le continent confirme ainsi sa deuxième place dans l’économie mondiale pour la rapidité de sa croissance, derrière les pays émergents d’Asie.
C’est ce qu’affirme le rapport commun de la BAD, du PNUD et de l’OCDE «Perspectives économiques 2016», publié le 23 mai dernier, à l’occasion des 51e Assemblée générale du groupe africain.
Ces perspectives favorables ont été constatées, ce malgré la morosité de la conjoncture internationale, sans oublier le repli des cours des produits de base et des conditions météorologiques peu favorables. Toute chose qui fait dire au rapport que «la croissance économique de l’Afrique a bien résisté en 2015».
Et les prévisions présentées dans le rapport 2016 tablent sur une reprise progressive sur la période 2016-2017, «pour autant que l’économie redémarre et que les cours des produits de base se redressent progressivement».
Ce document de 434 pages traite de deux aspects distincts. Les performances et perspectives africaines d’une part et de l’urbanisation et la réallocation des ressources de l’autre.
En dressant les perspectives macroéconomiques de l’Afrique, le rapport a remarqué que le rythme de progression du PIB africain s’essouffle. «La croissance du continent subit les contrecoups de l’atonie de l’économie mondiale et de la chute des cours des principaux produits de base, même si la demande intérieure, l’amélioration des conditions de l’offre, une gestion macroéconomique prudente et des apports financiers extérieurs rééquilibrent la donne».
Aussi, «Perspectives économiques en Afrique» table sur un redressement progressif de l’économie mondiale sur fond de lents raffermissements des cours des matières premières. Mais la fragilité de cette reprise et la volatilité extrême des cours rendent ces prévisions éminemment incertaines.
En termes de performances, c’est l’Afrique de l’Est qui continue de connaitre les taux de croissance des plus élevés, devant l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, puis l’Afrique australe et l’Afrique du Nord.
Concernant les apports financiers extérieurs et recettes fiscales, l’Afrique a attiré en 2015 près de 208 milliards USD d’apports financiers-investissements étrangers, commerce, aide, transferts des migrants et autres. Un chiffre qui est en recul de 1,8% par rapport à 2014. Ce recul devrait s’inverser à partir de cette année pour atteindre 2256,5 milliards de dollars US selon le rapport qui indexe l’effondrement des cours du pétrole et des métaux comme responsable de cette contreperformance.
Cet apport financier extérieur est aussi dû à la hausse des transferts des migrants et de l’aide publique au développement (APD). Le rapport 2016 conseille aux gouvernements africains de diversifier leurs économies, et plus particulièrement de rechercher d’autres solutions au-delà du pétrole et des matières premières pour élargir leur assiette fiscale.
De même, pour accentuer l’essor continu des relations commerciales avec les pays émergents du reste du monde et entre les pays et régions africains, l’Afrique doit impérativement engager des réformes structurelles et réglementaires et renforcer son intégration financière. Le commerce intra-africain n’atteint pas encore les niveaux observés dans d’autres régions du monde, mais cela n’a rien d’une fatalité. «Si l’Union européenne (UE) devrait rester le principal partenaire commercial de l’Afrique dans un avenir proche, la Zone de libre-échange tripartite (ZLET) entre les trois communautés régionales africaines pourrait modifier le paysage commercial du continent, grâce à l’élargissement de la taille du marché et la création d’économies d’échelle», propose le rapport 2016.
NK
L’amélioration de l’éducation et de la santé en jeu
«Perspectives économiques 2016» estime que même si l’éducation, la santé et le niveau de vie des populations continuent de s’améliorer, ce rythme qui varie selon les pays et les régions ne suffira pas pour atteindre un des objectifs de l’Agenda 2030 pour un développement durable.
Pour le rapport, plusieurs facteurs entravent ces progrès à savoir: les inégalités qui réduisent l’impact de la croissance sur la réduction de la pauvreté; l’absence d’une véritable transformation structurelle qui limite les débouchés économiques, et le manque de progrès en matière d’Egalité hommes-femmes.
L’emploi étant au cœur de l’équation qui rendra les trajectoires actuelles d’urbanisation de l’Afrique profitable pour tous, le rapport conseille aux pouvoirs publics d’apporter des réponses à l’exclusion, la pauvreté urbaine et les inégalités qui ne cessent de s’aggraver. «Ils doivent pour cela remédier aux tensions entre certains groupes sociaux, nourries par l’exclusion économique, politique et sociale. Cela passe par des moyens de subsistance durables, des services sociaux de qualité, une sécurité renforcée, des investissements du secteur privé, des avancées sur le plan des droits de l’homme et une protection sociale abordable», peut-on lire dans le document.