Tribune

Extrême pauvreté : Une approche globale pour sortir durablement de la pauvreté – Par Nathanael Goldberg

Plus d’un septième de la population mondiale dispose de moins de 1,90 US$ par jour , et au Burkina, 55% de la population vit encore en deçà de ce seuil de subsistance.
Les revenus de la plupart de ces familles reposent notamment sur une agriculture occasionnelle et des travaux domestiques. Ces gains étant souvent irréguliers ou saisonniers, il est fréquent que les travailleurs et leurs familles subissent des épisodes de famine. Pour les individus vivant dans l’extrême pauvreté, une activité indépendante constitue souvent la seule façon viable d’échapper aux travaux subalternes. Cependant, nombre d’entre eux ne disposent ni de l’argent, ni des aptitudes nécessaires à la création d’une occupation qui leur assurerait des revenus supérieurs à ceux d’un travail occasionnel.
Comment peut-on assurer une transition vers des activités rémunératrices et durables ?
Pour faire face à ce défi, l’ONG bangladaise Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC) a conçu un programme innovant qui repose sur une approche globale de la pauvreté et fournit aux bénéficiaires un ensemble de services. Au départ, les ménages reçoivent un actif productif, tel qu’une vache, des chèvres ou des poules. Ils perçoivent également une somme d’argent hebdomadaire ou mensuelle pendant plusieurs mois afin de subvenir à leurs besoins alimentaires immédiats et ne pas dépenser les premières ressources tirées de leur activité ou même d’être tentés de vendre leur actif.
Suivis de près au cours de visites fréquentes à leur domicile, les ménages sont formés à la gestion de leur actif et bénéficient d’une éducation à la santé, à l’alimentation et à l’hygiène. Enfin, ils sont encouragés à

Pour en apprendre plus sur ce programme : http://www.poverty-action.org/impact/ultra-poor-graduation-model https://www.povertyactionlab.org/sites/default/files/publications/building-stable-livelihoods-for-the-ultra-poor.pdf (une traduction française sera bientôt disponible en ligne).
Pour en apprendre plus sur ce programme :
http://www.poverty-action.org/impact/ultra-poor-graduation-model
https://www.povertyactionlab.org/sites/default/files/publications/building-stable-livelihoods-for-the-ultra-poor.pdf (une traduction française sera bientôt disponible en ligne).

épargner par le biais de l’ouverture d’un compte bancaire ou par des incitations à l’épargne.
Le programme de BRAC, aussi connu comme «Le programme de qualification», a été lancé en 2002 au Bangladesh et, en 2006, le Consultative Groups to Assist the Poor (CGAP- Le Groupe consultatif d’assistance aux plus pauvres) et la Fondation Ford ont voulu le mettre en place et l’évaluer dans d’autres pays et contextes.
Afin de tester son efficacité, des chercheurs affiliés à Innovations for Poverty Action et à J-PAL, laboratoire d’action contre la pauvreté, ont suivi au total 10.000 ménages, tirés au sort pour bénéficier du programme ou constituer le groupe témoin, dans six pays différents (Ethiopie, Ghana, Honduras, Inde, Pakistan, et Pérou).
Les résultats sont très encourageants dans tous ces contextes : le programme de qualification a conduit à une augmentation des activités entrepreneuriales de base, principalement celles liées à l’embouche du bétail et au petit commerce. Ainsi, deux ans après la remise de l’actif, la consommation des ménages participant au programme a augmenté de 5,8 % en moyenne, par rapport à ceux du groupe témoin. Dans certains pays, cette augmentation a été plus importante : 16 % en Éthiopie et 6,9 % au Ghana.
Par ailleurs, les ménages ont tous connu des améliorations semblables en matière de sécurité alimentaire, de détention de biens et d’épargne. La plupart de ces effets positifs subsistaient trois ans après la remise d’actifs, soit un an après la fin de toutes les activités du programme.
Au-delà du bien-être économique, le programme a également été bénéfique pour les participants du point de vue psychosocial. À certains endroits, on a pu constater une diminution du stress ainsi qu’une amélioration du niveau de bonheur, d’autonomisation des femmes, de certains résultats en santé physique et parfois, une implication dans la vie politique.
Cette approche globale, qui représente une solution prometteuse contre l’extrême pauvreté, est également favorable en termes de coûts. IPA et J-PAL apportent une assistance technique aux gouvernements et acteurs du développement en mettant à leur disposition ces résultats rigoureux pour inspirer leurs stratégies de lutte contre la pauvreté. Ainsi, aujourd’hui, le programme du Bangladesh a atteint 650.000 femmes vivant dans l’extrême pauvreté et sa généralisation est en cours en Inde et au Pakistan. En Éthiopie, le programme est actuellement intégré dans le Productive Safety Net Program («Filet de sécurité productif»), dont on estime qu’il atteindra plus de 8 millions de personnes dans l’ensemble du pays.
En partenariat avec la Banque mondiale et au sein du Sahel Adaptive Social Protection Program soutenu par l’agence d’aide britannique DFID, Innovations for Poverty Action est en train de lancer une nouvelle étude sur l’importance des solutions multidimensionnelles pour combattre l’extrême pauvreté au Burkina Faso et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans le contexte du Sahel, de nombreux ménages vivent encore dans des conditions d’extrême pauvreté, et cette approche novatrice pourrait désormais constituer une nouvelle corde à l’arc des décideurs pour garantir une existence respectable à tout individu.

www.poverty-action.org/country/
burkina-faso
[email protected]
www.povertyactionlab.org
[email protected]


Innovations for Poverty Action (IPA) et J-PAL, laboratoire d’action contre la pauvreté, ont pour mission de découvrir et de divulguer des solutions efficaces pour lutter contre la pauvreté dans le monde. En partenariat avec les décideurs politiques, IPA et J-PAL conçoivent, évaluent rigoureusement et aident à améliorer les programmes de développement ainsi que la manière dont ils sont mis en œuvre.

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