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SN-SOSUCO : Après la mévente, la rupture de stocks

 

Avec la société sucrière, SN-SOSUCO, un problème succède à un autre. Après l’épisode des stocks de sucre invendus qui a connu son paroxysme en 2015, voici maintenant la rupture de stocks. D’emblée, on peut estimer que c’est une bonne chose qui profite à la société, mais on pourrait également y voir une incapacité de la SN-SOSUCO à tenir son rang sur le marché.
Dans le tableau des points négatifs, il y a aussi les désagréments qui sont causés aux consommateurs. La rupture des stocks a en effet créé une pénurie sur le marché. Laquelle pénurie est à l’origine de la hausse du prix du sucre vendu aux consommateurs dans certaines localités du pays.
Depuis le 26 avril 2016, le Cadre de concertation tripartite (CCT) relatif au marché de sucre a fixé des prix plafonds qui sont de 600 FCFA le kilogramme pour le granulé et 750 FCFA pour le sucre en carreaux. Des prix qui, en principe, ne peuvent pas être dépassés par les commerçants. Mais avec la situation de pénurie, le kilo de sucre granulé est vendu avec 50 FCFA ou 150 FCFA de plus dans des localités comme Bobo-Dioulasso.
Ce qui ramène donc le kilo de sucre granulé à 650, voire à 750 FCFA, sur les sites concernés. La situation est d’ailleurs confirmée par le ministère en charge de l’Industrie et du Commerce, dont les structures spécialisées ont effectué des missions de contrôle sur le terrain. Ceci, suite à des plaintes récurrentes de consommateurs relatives à une hausse du prix du sucre.
Dans un communiqué en date du 9 novembre dernier, sa direction de la communication a confirmé la situation de rupture de stocks au niveau de l’usine de la société sucrière. Pour le ministère en charge de l’Industrie et du Commerce, cette rupture est la conséquence de la stratégie mise en place pour aider la SN-SOSUCO à écouler son stock d’invendu. «Les différentes concertations entre le ministère en charge du Commerce et la SN-SOSUCO avaient abouti à une vente promotionnelle du sucre pendant le mois de ramadan. Toute chose qui, ajoutée à la bonne distribution du sucre sur le territoire national, a permis à la SN-SOSUCO d’écouler tout son stock. La rupture de stocks de sucre granulé au niveau de l’usine de la SN-SOSUCO a diminué l’offre, avec naturellement des répercussions sur le prix », explique le ministère dans son communiqué du 9 novembre. « L’augmentation du prix du sucre n’est donc pas liée à une augmentation des taxes douanières comme le laisse croire une certaine opinion, mais plutôt à une situation générale qui ne se limite pas seulement à notre pays », indique-t-il en plus.
Cependant, l’autorité s’est voulue rassurante pour la suite : « Cette situation pourrait connaitre une amélioration dans les prochains jours avec le démarrage de la campagne de la SN-SOSUCO ». Le ministère a promis d’intensifier la lutte contre la fraude.
Jusqu’au premier trimestre de l’année 2016, la SN-SOSUCO était confrontée à un important stock de sucre invendu. Ce qui plombait la santé de la société et menaçait sa survie. Par exemple, à la date du 17 mars 2015, les magasins de l’usine, entièrement pleins, affichaient un stock de 32 mille tonnes de sucre à cause de la mévente.
A l’époque, Mouctar Koné, DG de la société, accusait la fraude qui leur menait une concurrence déloyale et qui les empêchait de vendre sur le marché. Il ajoutait clairement que si la situation persistait, l’entreprise risquait de mettre la clé sous le paillasson.
Le gouvernement avait alors été invité à agir urgemment. Une des réactions a été alors la stratégie mise en place par le CCT en avril 2016. La SN-SOSUCO semble donc s’être tirée d’affaire avec l’écoulement du stock d’invendu.
Cependant, c’est un autre signe de fébrilité qu’elle montre avec cette incapacité à assurer la continuité de l’approvisionnement. Les chemins de l’importation pourraient être encore rouverts pour suppléer le manque.
Une situation qui porte le risque de récréer l’asphyxie de la société si on y prend garde. La SN-SOSUCO ne produit que le 1/3 de la consommation nationale, soit environ 35 mille tonnes de sucre par an, le besoin national se chiffrant à autour de 105 mille tonnes.

Karim GADIAGA


C’est aussi la faute au marché international

Selon le ministère en charge de l’Industrie et du Commerce, la situation de pénurie de sucre que connait le Burkina n’est pas liée à la seule rupture de stocks de la SN-SOSUCO. « Le marché international connait, pour la première fois depuis 2010, un déficit global au niveau de l’offre de sucre (4 millions de tonnes). Ainsi, le prix de la tonne a connu une augmentation d’environ 200 dollars. Relativement à cela, la quasi-totalité des importateurs burkinabè de sucre n’a pas importé de sucre ces trois derniers mois», fait savoir le ministère. Depuis le début de l’année 2016, le cours du sucre a très fortement progressé, la livre (monnaie britanique) atteignant début juillet à New York 21 cents, un record jamais vu depuis octobre 2012. Pour la première fois en 6 ans, la consommation a été supérieure à la production mondiale. Une situation qui s’explique principalement par la baisse de la production en Asie due à une période de sécheresse affectant la Thaïlande et l’Inde. L’Europe a également été touchée par une forte baisse de la production parce que les bas tarifs ont découragé les producteurs. La hausse des prix a eu un impact négatif sur l’Afrique, importatrice de sucre représentant 10 % à 12 % de la consommation mondiale.

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