Société-Culture

Filière oléagineuse : les industriels dénoncent des pratiques frauduleuses

 

Le 18 novembre dernier, Ouagadougou a abrité la 16e Assemblée générale (AG) ordinaire de l’AIFO-UEMOA (Association des industriels de la filière oléagineuse). Elle a pour principales missions, d’une part, « de développer et entretenir la coopération et la coordination technique et économique entre ses membres » et, d’autre part, « d’étudier et de résoudre en commun les problèmes relatifs à leurs activités (production, transformation, commercialisation et exportation). C’est la 4e fois que la capitale burkinabè accueille ce rendez-vous tournant. Et c’est naturellement le membre local de l’association qui était l’hôte de la rencontre : la SN CITEC, Société nationale des huileries et savonnerie du Burkina. Elle est productrice, à travers la transformation de la graine de coton, d’huiles alimentaires de marque Savor, de savon, d’aliments pour bétail et de tourteau de coton.
Les autres membres sont Fludor SA (Bénin), SANIA& Cie et PALMCI (Côte d’Ivoire), HUICOMA (Mali), OLGA OIL (Niger), SONACOS SA (Sénégal) ou NIOTO (Togo).
Alexandre Zanna, DG de la SN CITEC et président en exercice de l’association, a égrené les préoccupations communes aux membres au cours de la cérémonie d’ouverture présidée par Stéphane Sanou, ministre burkinabè en charge de l’Industrie. Les industriels de la filière sont aujourd’hui confrontés à la « baisse des cours des matières premières sur le marché national et international ». Cette situation occasionne la baisse de leurs performances économiques. Les membres de l’AIFO-UEMOA sont également menacés par « l’invasion du marché sous-régional par les huiles importées frauduleusement d’Asie ». Lesquelles huiles leur livrent, non seulement, une concurrence déloyale, mais engendrent également des pertes financières pour l’Etat. Selon l’AIFO, les importateurs de ces produits ne payent pas les justes droits de douanes et autres taxes du fait du non-respect des dispositions du tarif extérieur commun. Par ailleurs, sur le plan de la santé des consommateurs, les huiles importées ne passent pas souvent par le contrôle qui permet de confirmer le respect des normes de qualité.
Autre problématique face à laquelle se retrouve la filière oléagineuse, c’est celle de « l’absence de mécanismes de fixation du prix de la graine de coton ». C’est une préoccupation réelle pour les producteurs du Burkina, du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Togo. «Sur les dix dernières années et dans toute la sous-région, le prix de la graine de coton a été fixé sans aucune formule, sans aucun référentiel, ni modèle de fixation de prix, laissant ainsi les triturateurs locaux seuls face à un marché déréglé », explique Alexandre Zanna. L’AIFO-UEMOA appelle à une concertation dans le but de « trouver le bon équilibre entre la bonne valorisation des graines pour les égreneurs et les paysans, tout en cherchant à bénéficier d’une huile avec un prix concurrentiel pour les huileries et avantageuse pour les consommateurs ». Outre le cas de la graine de coton, l’approvisionnement des industriels en arachide pose problème. A cause des exportations, l’arachide n’est pas disponible en quantité suffisante pour les membres de l’AIFO-UEMOA (Sénégal) qui la transforment. Pour y remédier, «l’AIFO-UEMA souhaite vivement que les exportations, vers la Chine notamment, soient interdites tant que les besoins des industries locales ne seront pas couverts». Selon l’AIFO, seuls les excédents de campagne devraient être exportés.

Joël BOUDA


En attente d’un soutien fort des pays de l’UEMOA

les industriels de la filière oléagineuse estiment que les Etats de l’UEMOA peuvent établir avec eux des partenariats fermes et réciproquement bénéfiques, en vue de soutenir la production locale. Ces soutiens doivent permettre à la fois de lutter contre la fraude et la contrefaçon occasionnées par les huiles asiatiques, mais aussi de privilégier les huiles locales dans la commande publique en faveur des entités telles que les écoles, les centres de formation ou les prisons.

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