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Emplois dans les mines : Les expatriés favorisés

Dans les études de faisabilité et les conventions avec le gouvernement, les sociétés minières s’engagent à créer des emplois directs ou indirects pour les burkinabè. C’est sur la base de ces engagements que sont délivrés les permis de recherche, d’exploration et d’exploitation.
Cependant, même si cette clause de création d’emplois est respectée, des couacs existent.
C’est ainsi que la commission d’enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité sociale des entreprises minières, dans son rapport publié en septembre 2016, note des inégalités.
En effet, la catégorie des cadres spécialisés et supérieurs est dominée par des expatriés. En ce qui concerne les emplois non spécialisés, la commission note d’une part que les compagnies minières présentent dans leurs ratios des taux relativement satisfaisants d’employés locaux et d’autre part que les communautés riveraines ne se reconnaissent pas dans ces taux. Notons qu’au terme de son travail, la commission a relevé que les 12 compagnies minières employaient environ 7.000 personnes dont un peu plus de 5.000 Burkinabè.
De plus, le rapport note avec beaucoup d’intérêt que les compagnies minières recrutent faiblement par le biais des services publics d’emplois, qu’elles ont pour la plupart privilégié le recrutement par leurs propres services de recrutement et par le biais de cabinets privés de recrutement et d’intérim. Voici quelques stratégies de recrutement utilisées.
Les sociétés minières forment les jeunes afin d’augmenter leur employabilité dans la mine ou pour promouvoir l’auto- emploi dans leur chaine de besoins en biens et services de proximité. Elles recrutent à partir des propositions de candidatures faites par les communes, mettent en place des comités locaux d’embauche impliquant les autorités administratives, accordent une priorité aux locaux, puis aux ressortissants de la région pendant les recrutements ou recrutent par l’intermédiaire d’agences de placement.
La commission a noté par ailleurs que les cadres expatriés sont plus nombreux que les cadres de nationalité burkinabè dans les différentes compagnies. Si cet état de fait peut se justifier souvent par le fait de manque de compétences nationales, la commission relève néanmoins qu’aucune vérification de l’existence de compétences n’est faite.
Autre point soulevé dans le rapport, la présence de nombreux conflits de travail (licenciements) non réglés dans le secteur des mines, ainsi que d’énormes difficultés sur l’interprétation et l’application des heures supplémentaires. De même, une importante utilisation des contrats à durée déterminée a été notée, sans une sensibilisation conséquente des contractants qui viennent ou qui viendront à constater que d’autres travailleurs, pour le même travail, ont des contrats à durée indéterminée.
La commission a relevé que la question des droits du travailleur et le droit syndical était peu reconnue au regard de la propension au recrutement indirect par des cabinets de placement.
Et même si les députés qui ont travaillé sur la question des mines ont souligné l’existence de bonnes pratiques de formations des jeunes en vue d’occuper des emplois miniers ou de créer une petite entreprise de services ou de production maraîchère par certaines compagnies minières (Iam Gold Essakane, Gryphon…), il n’en reste pas moins que, dans son rapport, la commission s’inquiète des conflits latents qui pourraient se multiplier et éclater au grand jour.
Elie KABORE


Le point de vue des sociétés minières

Les sociétés minières notent que les obstacles à l’emploi local sont la faiblesse du taux de scolarisation et le manque de compétences. Ainsi, seuls les emplois non qualifiés (gardiennage, nettoyage) sont confiés aux jeunes de la localité. Face aux nombreuses doléances des populations, les sociétés minières estiment que les populations doivent comprendre que la mine ne peut pas tout faire. Les exigences de certains postes de travail ne permettent pas de les recruter tous. Pour certaines sociétés minières, les relations avec les populations sont jugées satisfaisantes. Les mines estiment que la communauté n’est pas suffisamment informée de ce que fait la mine. Elle considère qu’il y a parfois une désinformation.

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