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Jonathan Zongo (Etalon blessé à la CAN) : «Ma patrie d’abord»

Cela fait un mois, depuis le 18 janvier dernier, que le joueur Jonathan Zongo a la jambe gauche immobilisée. Ce jour-là, à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), à l’occasion du deuxième match des Etalons contre le Gabon, il se tord ladite jambe, sur le gazon, alors qu’il était en progression dans cette compétition. Il ne jouera plus la CAN. Cette blessure grave l’amène à être évacué en Espagne où il joue dans l’équipe d’Almeria (D2). Il est opéré le 27 janvier avec succès. Que devient Jonathan Zongo ? Comment sa santé évolue-t-elle un mois après ? Nous l’avons interrogé par téléphone pour vous. Entretien plein d’émotions.

L’Economiste du Faso : Un mois après ce coup dur du stade de l’Amitié de Libreville, comment va Jonathan ?
Jonathan Zongo (International burkinabè): ça va dans l’ensemble. Cela fait près de trois semaines que j’ai subi une intervention par le plus meilleur docteur de Barcelone, et je suis dans des meilleures conditions. Ça va beaucoup mieux. J’ai foi et je crois que tout va bien se passer pour moi.

Un retour sur ce début de deuxième période de jeu Burkina-Gabon : Sur une action, ta jambe gauche se tord, tu t’écroules alors que tu jouais ton deuxième match dans cette CAN. Que s’est-il passé dans ta tête quand tu as senti que la blessure était grave ?
C’était la grosse déception. J’étais venu à cette CAN avec une grande décision. Je voulais faire quelque chose de bien pour mon pays, pour mon équipe. Et voilà que je me blesse au deuxième match ; pire, c’était en même temps la fin de la compétition pour moi. Dur ! J’étais très touché par cette séquence, mais en fin de compte je me dis ceci: «Tout ce que Dieu fait est bon». Il faut toujours rester positif. Après, je me suis dit: «Non, non, Jonathan, ne t’en fais pas». J’ai donc gardé le sourire et je sais que je reviendrai plus fort que jamais.

Il est difficile tout de même de rester fort devant cette situation ?
Oui, mais avec tout ce que j’ai eu comme soutien dès ma blessure, je ne pouvais que garder ce moral. Les messages et les appels d’encouragements venaient de partout. J’étais vraiment content et j’ai dit : c’est juste le pied.

Te rappelles-tu cette coïncidence ? Tu as contracté ta blessure à cette CAN contre le Gabon comme ça été le cas en 2015…
C’est vrai! Vraiment, le Gabon ! En effet, lors de ma première CAN en 2015 en Guinée Equatoriale, j’ai eu une fracture au tibia dès notre premier match. C’était contre le Gabon. Cette fois-ci, pour ma 2e CAN, je me blesse au second match. C’est encore contre le Gabon. Mais, c’est la vie (Rires).

Quel a été le diagnostic de ton docteur lorsqu’il a voulu faire l’intervention ? As-tu craint de ne plus pouvoir jouer au football ?
Là, je ne vous dis pas! Quand il m’a vu, il m’a dit: «Tu as une grosse blessure. Je ne sais pas quand exactement tu vas récupérer. Tu dois rester positif dans ta tête; peu importe le temps que tu mettras à retrouver le terrain, parce que si tu as ton pied, il y a un futur, mais si tu n’as pas ton pied, il n’y a pas de futur». Et il m’a confié une information qui m’a beaucoup fait frémir, mais qui m’a réconforté. Il m’a dit: «tu as tous les ligaments du genou qui sont cassés, mais tu es un veinard parce qu’il y a un tendon qui t’a maintenu en vie. Ce tendon tirait de toutes ses forces, mais malgré toute la charge qu’il a eue, il ne s’est pas cassé. Grâce à ça, tu peux toujours jouer au football». Et je me suis écrié: «J’ai de la chance!» Il m’a confié qu’il ne peut pas me dire quand exactement je vais reprendre. Mais généralement, les ligaments éloignent du terrain pendant au moins 6 mois. J’espère que pour moi ce sera moins.

Depuis ton lit d’hôpital, comment as-tu apprécié le parcours de tes camarades tout au long de cette compétition ?
Oh, que c’était trop beau ! Trop magnifique ! Ils ont fait beaucoup de merveilles. Et moi, j’étais trop fier d’eux. Tout cela a montré que personne n’est irremplaçable dans cette équipe du Burkina Faso qui venait de perdre dans le même match deux joueurs, Pitroipa (ndlr, Jonathan) et moi. Tout le monde est important.
Mes camarades restés sur le champ de bataille l’ont démontré. Ce qui allait me faire davantage mal, en plus de ma douleur physique, c’était si cette équipe sortait au premier tour. Et là, c’est sûr, j’allais péter les plombs. En quittant Libreville pour Franceville, beaucoup de mes camarades m’ont dit: «Jonathan, tu ne t’es pas blessé gratuitement. On va jouer pour toi». Cela m’a vraiment touché. J’ai vu le jeu et pour moi, le Burkina a été la meilleure équipe de cette CAN. Ils ont fait ce que le peuple burkinabè attendait et ils m’ont fait plaisir aussi. On a fait un grand parcours et je tiens à féliciter tout le monde. Les Etalons, c’est une famille formidable. J’espère qu’il n’y aura plus de blessés au sein de l’équipe nationale. Je sais que les bobos, ça ne manque pas en football, mais je ne souhaite pas qu’il y ait des blessés graves comme Jonathan Zongo, qui fait dépenser son pays à cause de cette blessure. Non, plus de blessés ! Je souhaite une santé de fer à tous les joueurs du Burkina Faso.

Jonathan Zongo a-t-il reçu sa médaille de bronze obtenue par toute la sélection ?
Aristide Bancé (ndlr, attaquant des Etalons) l’a récupérée et l’a transmise à ma famille. Puisque c’est arrivé en famille, je considère que je l’ai reçue.

On peut imaginer que depuis ton lit de malade, en suivant les matches des Etalons, il t’est parfois arrivé de vouloir suivre des gestes avec ta jambe immobilisée, avant de te rendre compte que ce n’est pas possible.
C’est comme si vous étiez à côté de moi lors de ces matches. Oui, plusieurs fois ! Et les soigneurs me demandaient: «Que fais-tu là?» Surtout pendant notre match contre la Tunisie, on m’a rappelé à l’ordre à l’hôpital: «Jonathan, souviens-toi que tu es malade». Je ne pouvais pas tenir, je sautais sur mon lit. J’ai vécu ces moments intenses avec eux. Je ne pensais même plus à ma blessure. J’étais trop content.

Lors de la remise des médailles à Port Gentil, Aristide Bancé a porté le dossard 17, ton dossard, pour aller aux interviews.
Sincèrement, j’avais les larmes aux yeux. Bancé avait déjà beaucoup fait pour moi. Il m’avait promis que partout où les Etalons seront, je serai là avec eux.

L’entraineur Paulo Duarte avait placé toute sa confiance en toi et te voilà quittant prématurément cette CAN. As-tu senti que ton coach était abattu ?
Il m’a lancé cette phrase: «Jonathan, ça me fait mal de te voir blessé comme cela et quitter la compétition. Je comptais sur toi». Je lui ai dit: «Coach, c’est le football». C’est là qu’il a ajouté: «Ne t’inquiète pas, on va faire le reste du boulot pour toi». Depuis que je suis arrivé en Espagne, il m’appelle régulièrement pour savoir comment je vais, à l’image de ce que vous faites depuis ma blessure. Il m’a même promis de venir jusqu’ici me rendre visite, et il est effectivement venu le 16 février avec son Kiné. Cela montre tout son attachement.

Le jour de la décoration des Etalons à Kosyam, le 5 février dernier, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a solennellement promis que l’Etat prendra toutes ses responsabilités pour assurer tes soins. Ce message t’est-il parvenu ?
Avant cela, mon portable a sonné le jour où je me suis blessé. J’ai décroché, j’ai entendu: c’est le président du Faso. J’étais touché par une telle démarche. J’ai demandé si c’était le président de la fédération de football ou le président du Faso. Il a répondu que c’était le président du Faso. C’était incroyable. Et il m’a dit: «Jonathan, on a vu ta jambe se tordre. Ça nous a vraiment touché, mais on espère qu’il y aura plus de peur que de mal». Ces phrases du président du Faso m’ont dépassé. Et au moment où je me demandais toujours si c’était vraiment le président du Faso, il me lance la grande phrase: «Ne t’inquiète pas, on va s’occuper de toi», et les mots m’ont manqué pour lui dire merci.

N’as-tu donc pas pu lui dire merci ?
La meilleure façon de lui dire merci, c’est de lui faire plaisir par le travail. C’est pour cela que je souhaite récupérer à fond et lui faire plaisir quand je serai de retour sur le terrain. Il faut que je lui dise merci à chaque fois que je me réveille. Figurez-vous que même le président de mon club (ndlr, Almeria) ne m’a pas encore appelé depuis que je me suis blessé. Ce n’est pas facile. Et quand à l’issue de cette cérémonie de décorations le président du Faso a annoncé en public qu’il va s’occuper de moi, mes camarades m’ont encore appelé pour me le dire. Vraiment, merci président ! Je dis également merci à la Fédération de football pour tout. Merci au peuple burkinabè.

Tu dis bien que ton président de club ne t’a pas encore appelé ?
Oui !

As-tu cherché à savoir pourquoi ?
Mon contrat fini en juin 2017. Ça fait triste de se blesser à l’approche d’une telle échéance. Une équipe comme Almeria qui sait qu’elle ne peut plus disposer de son joueur pendant 6-7 mois, surtout que ce joueur ne sera plus sous contrat, n’apporte pas autant d’appui que si la situation se présentait autrement. C’est le football. Chacun protège ses intérêts. A l’opposé, tous mes coéquipiers d’Almeria m’appellent quotidiennement. C’est juste le président du club qui est resté silencieux. Peut-être qu’il est fâché, parce qu’il n’aime pas que ses joueurs aillent en équipe nationale. Moi, je lui ai toujours fait savoir ceci: «ma patrie d’abord et, ensuite, mon club». Sans mon pays je ne serais pas là, parce que mon football a commencé au pays. Dès que mon pays a besoin de moi, j’y vais. Je sais qu’un jour il va m’appeler. Quand je jouais à la coupe d’Afrique, quand on dit «le Burkinabè Jonathan Zongo», on ajoute, «le joueur d’Almeria». Le nom du club sortait aussi à la CAN.

En toutes circonstances, Jonathan garde ce sourire contagieux. Qu’est-ce qui t’aide à te maintenir dans cet état ?
(Rires). On peut me déposséder de tout, sauf mon sourire. J’ai la joie de vivre. J’ai la joie de pratiquer le plus beau métier du monde: le football. On doit toujours faire ce qu’on aime. Une anecdote: le 10 février dernier, la mère d’un grand joueur de tennis espagnol a été admise à l’hôpital et on était voisin. On devait l’opérer. Elle était tellement triste qu’elle coulait des larmes. Pendant ce temps, le docteur travaillait sur mon pied. Puisqu’elle suivait cet exercice sur mon pied, son visage s’est davantage dégradé, alors que je souriais. Et elle a alors demandé à la dame qui me soignait «pourquoi il sourit alors que vous travaillez sur son pied?» Et la dame de répliquer: «Il est comme cela. Il sourit toujours». J’ai dit à la patiente: «C’est la vie. Gardons le sourire». Et là, elle a arrêté de pleurer et a retrouvé le moral.

Propos recueillis par Alexandre Le Grand ROUAMBA


Le parcours d’un guerrier

Jonathan Zongo est un pur produit du football burkinabè. Du Canon du Sud où il a commencé à taper dans le ballon, il intègre le Santos FC en équipe cadette, avant d’atterrir à l’Union sportive de Ouagadougou (USO). De là, il décroche un contrat dans le pays du roi Pélé, le Brésil.
Depuis 7 saisons, il est en Espagne. Dans l’équipe réserve d’Almeria. Il rejoindra par la suite la D2, toujours avec Almeria qu’il a contribué à faire monter en D1. Deux ans après, Almeria redescend en D2. Jonathan a joué dans toutes les catégories. C’est au moment où il veut changer d’air que la blessure intervient. Mais, le «guerrier» Jonathan le répète: «C’est le football; il faut rester positif».

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