Dossier

Entreprises sinistrées Chacune gère ses casses

 

Dédommager ou soutenir la relance des entreprises sinistrées lors de l’insurrection populaire de fin octobre 2014.  C’est une éventualité ou un souhait qui a souvent été évoqué par les organisations représentatives du milieu des affaires, mais sans jamais connaitre jusque-là une véritable instruction du côté du gouvernement. De ce fait, aucune réponse claire n’a encore été formulée pour traiter de façon globale la question des entreprises sinistrées lors de l’insurrection de 2014.
Peut-être parce que leur cas ne porte pas le même contenu émotionnel que celui des victimes humaines ou bien parce que certains sinistres émanent de la volonté des insurgés ?
Après les évènements, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI-BF) avait recensé, sur tout le territoire, un total de106 entreprises sinistrées à des degrés différents. 63% d’entre elles sont situées à Ouagadougou. Pillages de produits commerciaux, saccages des locaux, destructions de biens, pertes de matériel sont les éléments du diagnostic réalisé auprès de ces entreprises. Trois ans après le choc qui a défiguré ou terrassé ces établissements, bon nombre ont pu, par leurs propres moyens, se remettre à flot. Certes, le coût de la facture de la relance a pesé ou continue de peser sur elles, mais les activités ont repris et les traces physiques du sinistre ont disparu dans la plupart des cas. Des propriétaires de débits de boissons, de boutiques ou de magasins de céréales littéralement vidés pendant les jours d’instabilité ont pu se régénérer malgré le coup qu’ils ont reçu. Grâce à leur force ou en raison du faible niveau de sinistralité, des entreprises comme Marina Market, Watam SA, Coris Bank, Ebomaf, Ludic Lydia avaient très rapidement effacé toutes les traces des dégâts et repris leurs activités. Aujourd’hui, ce que pourrait souhaiter toutes ces entreprises, au titre de la prise en charge gouvernementale, c’est une sorte de compensation de leurs efforts ou d’autres formes de compassion qui pourraient les aider dans le développement de leurs activités.
Ce genre d’aide a pu s’effectuer notamment en faveur d’Azalaï Hôtel Indépendance, l’un des cas emblématiques d’entreprises sinistrées pendant l’insurrection. Autour du cas Azalaï, on a plutôt senti l’implication institutionnelle du gouvernement. Déjà le 3 août 2016, décision avait été prise en Conseil des ministres de relancer cet hôtel. En rappel, il s’agit d’un établissement public qui, depuis 2004, fait l’objet d’une location à une société privée aujourd’hui contrôlée par le groupe Azalaï.
Complètement fermé suite à son pillage en règle, Azalaï Hôtel Indépendance va connaitre une réhabilitation et une extension pour un coût d’environ 13 milliards de F CFA financé par les actionnaires et un prêt contracté auprès de la BOAD. Sa capacité d’hébergement passera de 176 à 230 chambres. La cérémonie de lancement des travaux, présidée par le Premier ministre, a eu lieu le 3 février 2017. Une fois commencés, ces travaux s’étaleront sur une période de 18 mois. Ces derniers jours, une pelleteuse a été positionnée sur le site et effectue des travaux de démolition de certains murs. C’est certainement le début des travaux qui devrait alimenter l’espoir de nombreuses personnes affectées par sa fermeture. En première ligne, parmi ces personnes, il y a les propriétaires et les ex-travailleurs de l’hôtel. Le même espoir ne s’observe pas chez ceux de Joly Hôtel, également fermé après avoir été pillé lors de l’insurrection. Des entreprises comme Tan Aliz, Azimo 2000 et autres, voudraient aussi l’avoir ; mais à ce jour, on est sans nouvelles officielles d’une relance ou d’une indemnisation de toutes ces entreprises appartenant ou supposées appartenir à des dignitaires du régime déchu de Blaise Compaoré. Les portes restent fermées.

Karim GADIAGA


De nombreux emplois perdus dans la foulée

Au-delà des propriétaires des entreprises qui ont supporté le coup des sinistres ou qui cherchent encore les moyens de se refaire, il y a aussi les travailleurs qui ont fait les frais de la situation. Dans son inventaire au lendemain des évènements, la CCI-BF avait dénombré un total de 7. 300 emplois temporaires et permanents perdus ou affectés à la suite des sinistres sur les entreprises. Sur ce total, le nombre des emplois permanents avait été estimé à 1.660. Celui des emplois temporaires à 1.049 et les emplois indirects à 4.637.
La capitale, Ouagadougou, a enregistré une perte d’emplois permanents estimée à 1.335. C’est 80% du total des emplois permanents perdus, contre 70% d’emplois temporaires et 88% d’emplois indirects.
Une entreprise comme Tan Aliz, qui a aujourd’hui licencié tout son personnel, affichait 142 emplois.
Certains travailleurs qui se sont retrouvés au chômage ont affirmé avoir reçu, pendant une certaine période, des soutiens sous forme de vivres ou d’argent. A présent, chacun se débrouille comme il peut.

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