C’est la seconde grosse information du rapport de l’OCDE. La multiplication récente des interférences des groupes terroristes dans la production et le commerce de l’or dans les trois pays de l’étude.
Selon les experts qui ont rédigé le rapport, des «témoignages signalent une croissance des incidents liés à l’activité de groupes armés non-étatiques autour de sites de production d’or, artisanal et industriel, dans la région formée par l’axe Mopti-Niamey et la Boucle du fleuve du Niger».
«Au Burkina Faso, le groupe terroriste Ansaroul Islam (groupe Ansaroul Islam a été fondé en 2016 par Ibrahim Malam Dicko, un prédicateur burkinabè d’ethnie Peul, originaire de la province du Soum, dans le nord du pays, près de la frontière malienne) exerce une pression constante sur la région du Sahel qui abrite plusieurs mines d’or industrielles. À titre d’illustration, le 24 septembre 2018, trois employés de la mine d’or d’Inata, située à proximité de la frontière malienne, ont été enlevés par un groupe d’hommes que les autorités «suspectent fortement d’être lié aux organisations terroristes basées au Mali». Ce groupe est suspecté d’être l’auteur de plusieurs attaques et pillages visant les sites d’orpaillage dans la région du Soum.
Au Niger, le groupe terroriste État Islamique dans le Grand Sahara a revendiqué plusieurs attaques dans la région de Tera/Tillabéri où se trouvent la mine industrielle de Samira et la majorité des sites d’orpaillage actifs. Des réseaux de criminalité transnationale, principalement composés de ressortissants libyens ou tchadiens, sont actifs à Djado et dans l’Aïr, une vaste zone désertique difficile à contrôler où la majeure partie de l’or artisanal est extraite.
Au Mali, l’exploitation minière industrielle et l’orpaillage s’effectuent dans les régions du Sud-Ouest, en dehors de la sphère d’action directe des groupes armés non-étatiques. Toutefois, plusieurs témoignages indiquent un démarrage des activités d’orpaillage vers Kidal et Tessalit, des zones où la présence des groupes affiliés au Jama’at al Islam est authentifiée. Si l’étude a permis de relever un certain nombre d’interférences des groupes armés non-étatiques et/ou terroristes dans la production et le commerce de l’or, il reste encore à déterminer avec plus de précision l’ampleur de ce phénomène.
Face à ce phénomène, l’OCDE recommande des enquêtes de terrain. Elles devraient déterminer dans quelle mesure les opérations minières dans ces zones sont susceptibles de contribuer au financement de groupes armés non-étatiques.
Ces enquêtes pourraient être menées avec le concours des services de renseignement et des missions régionales et internationales de maintien de la paix actuellement déployées dans la région.
Enlèvements et extorsions
Au Burkina Faso, Mali et Niger, les exploitants industriels sont exposés au risque d’enlèvements à des fins de paiement de rançons de leurs employés et peuvent aussi être victimes d’extorsions sous la forme de paiements nécessaires pour assurer leur «protection» pour opérer dans certaines zones. Les exploitants artisanaux et à petite échelle peuvent aussi faire l’objet d’extorsions, de requêtes de «protection», d’attaques ou pillages, parfois simplement motivés par des règlements de comptes entre communautés concurrentes. De manière générale, les cas de soutien indirect sont les plus difficiles à identifier, car tant les exploitants industriels que les artisanaux ou à petite échelle ont tendance à ne pas signaler les tentatives d’extorsions (surtout les requêtes de «protection») menées par les groupes armés non-étatiques.
De plus, les inquiétudes exposées dans la section précédente concernant des risques d’infiltration de groupes armés non-étatiques dans les nouvelles régions d’orpaillage dans l’Aïr et le Djado au Niger et dans les présumés nouveaux sites d’orpaillage à Kidal et Tessalit au Mali pourraient aussi se matérialiser sous forme d’extorsions visant ces exploitations.
NK