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Société-Culture

Amélioration des variétés végétales: l’avenir pour nourrir l’humanité

En 2050, l’Afrique comptera 2 milliards d’habitants. Il faudra se préparer à nourrir tout ce monde. Dans le même temps, les surfaces arables sont en train de restreindre et la population augmente, que faire ? La solution n’est pas dans la mécanisation agricole, selon le directeur de l’Académie à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), Dosso Memassi. Pour lui, la solution est dans la recherche améliorée des productions végétales. D’après lui, les avantages se révèlent être énormes pour toutes les parties prenantes : augmentation des récoltes et plus de gain financier sur toute la chaîne de valeur. Une recherche au service de l’économie, cela est bien possible. Nous l’avons rencontré à la faveur d’une session de formation sur le système de protection des obtentions végétales (nouvelles variétés de semences et de plantes) qui a eu lieu du 16 au 18 octobre à Ouagadougou.

L’Economiste du Faso : Quel est l’intérêt d’obtenir un certificat pour protéger les productions végétales pour les pays, les instituts de recherche ou une personne physique ?
Dosso Memassi : C’est une très bonne question, effectivement, cette formation que nous avons animée trois jours durant s’inscrit dans le cadre d’un projet qu’on appelle « promotion, la protection du système des obtentions végétales dans les Etats membres de l’OAPI ». L’intérêt, c’est d’abord de sensibiliser tous les acteurs de la filière agricole. A commencer par les chercheurs, ceux qu’on appelle communément les obtenteurs sur l’importance de cet actif de propriété intellectuelle dans le développement des Etats, dans la croissance des entreprises. Toujours à propos de l’intérêt, il est multiple : il y a d’abord, l’intérêt que cela revêt pour le titulaire lui-même, la protection va créer un monopole en sa faveur, c’est-à-dire qu’il aura un titre de propriété industrielle (PI) sur son obtention, ce qui lui permet l’exclusivité d’usage, cela lui permet de s’opposer à ce qu’une tierce personne l’utilise sans son accord ; cela va lui permettre aussi de conclure des contrats, des accords de partenariat avec d’autres entités pour valoriser cet actif de PI. Parce que le tout n’est pas d’obtenir un certificat, il faut surtout procéder à sa valorisation ou à l’exploitation dudit certificat d’obtention végétale (COV).
Si jamais, le titulaire obtient la certification, le titre est publié, cela lui confère une réputation à travers le monde entier, car le titre est publié sur le site Internet de l’OAPI. L’avantage d’un certificat pour les agriculteurs, c’est que cette protection va participer à la diversité des variétés qui seront mises à la disposition des autres agriculteurs. Contrairement à ce qu’on pense en disant que la protection va à l’encontre des droits des agriculteurs, ce n’est pas du tout cela, parce que les nouvelles variétés végétales comme le nom l’indique, c’est nouveau et elles viennent accroître le nombre de variétés que nous avons. Vous avez remarqué que nos paysans utilisent des semences traditionnelles qui ne sont pas performantes de sorte que le rendement est faible, ce qui les amène à défricher plus de forêts pour avoir le même rendement, cela les fatigue. L’objectif est d’avoir le maximum de rendement dans un espace réduit. Le dernier intérêt, cela va en direction de toute la communauté, en ce sens que les nouvelles variétés vont permettre d’assurer la sécurité alimentaire, puisque les nouvelles variétés sont des variétés à haut rendement qui sont performantes, qui résistent au stress hydrique, aux prédateurs. Un exemple, en Côte d’Ivoire, ils ont une variété qu’on appelle Cacao « Mercédès » qui fait l’objet d’une maladie ; malgré l’utilisation des pesticides, la variété est toujours attaquée, la solution c’est de s’orienter vers une variété résistante à cette maladie, d’où l’intérêt des obtentions végétales.

Quelles sont les productions végétales concernées par le certificat ?
Il s’agit de toutes les espèces végétales, à l’exception des espèces sauvages. Dès qu’il y a eu la main de l’homme, c’est-à-dire, dès que le génie créateur de l’homme entre en jeu dans la production végétale. La certification d’obtention végétale exclut les espèces animales. Il s’agit des variétés améliorées à l’issue de recherches approfondies de la part des chercheurs.

Expliquez-nous le processus pour avoir le certificat d’obtention végétale ?
Il faut constituer un dossier accompagné de l’image ou de l’échantillon qu’on entend protéger, ensuite, remplir une fiche technique et payer la taxe de dépôt du dossier. Au Burkina Faso, le dossier est déposé auprès de la structure nationale de liaison de l’OAPI qui va l’acheminer au siège à Yaoundé, au Cameroun. Soit on expédie le dossier via la poste. Une fois le dossier est entre les mains de l’OAPI, nous faisons l’examen administratif, ensuite, l’examen technique par un centre d’examen spécialisé : l’Institut technologique de recherche agricole au Sénégal (ISTRA) et l’institut de recherche agricole et de développement (l’IRAD) au Cameroun. Si ces deux centres ne peuvent pas faire l’examen, le dossier est acheminé vers un centre partenaire habilité à le faire. Le déposant peut se faire aider dans le montage du dossier par un intermédiaire de l’OAPI qu’on appelle le mandataire.
Parlez-nous de la norme DHS qui rentre en compte dans le certificat d’obtention végétale ?
La DHS, c’est justement les trois éléments sur lesquels, les examens techniques vont porter. Il s’agit de la distinction ; de l’homogénéité et de la stabilité.
Distinction : la variété sera protégée lorsqu’elle est différente de toutes celles qui existent déjà sur le marché ;
Homogénéité : au moment de la culture, il faut que toutes les plantes soient homogènes ;
Stabilité : c’est lorsque vous reproduisez la variété, elle doit garder les mêmes caractères. Attention, la DHS n’est pas pratiquée à l’OAPI, car nous n’avons pas de spécialistes pour cela et nous n’avons pas d’espace pour le faire. La DHS, très souvent, se fait dans les champs agricoles.

Aux termes de ces trois jours de formation, on se rend compte qu’il y a un goulot d’étranglement concernant les chercheurs, les instituts de recherches et les agriculteurs, qui limite leur accès au certificat d’obtention végétale. Que faire face à cette situation ?
Il faut commencer par le début, c’est-à-dire sensibiliser les acteurs de la filière agricole, les dirigeants et les populations sur le rôle important que l’obtention végétale joue dans le développement des Etats. C’est la raison pour laquelle, dans le cadre du projet de protection des obtentions végétales (PPOV), il est prévu deux séminaires régionaux en 2020 au profit des décideurs politiques, l’un au Cameroun et l’autre au Bénin. Ensuite, sensibiliser les acteurs techniques de la filière, à savoir les obtenteurs, les centres de recherche, les producteurs de semence, les entreprises privées, même les associations de consommateurs, les associations d’agriculteurs, tout ce beau monde doit être sensibilisé. On a tendance à croire que l’obtention végétale est faite pour restreindre les droits des agriculteurs, ce qui est absolument faux. La finalité c’est de promouvoir la production végétale et assurer la sécurité alimentaire, assurer le développement des Etats. Car, n’oubliez pas que lorsqu’une obtention végétale est mise au point avec des caractères, notamment la résistance aux prédateurs, on va utiliser moins d’insecticide, l’environnement va y gagner en termes de protection. Lorsque la variété est performante en termes de productivité, on aura moins d’espace à défricher, l’environnement va y gagner. In fine, toutes ces actions vont permettre d’éviter le réchauffement climatique. Comme j’ai coutume de le dire, l’obtention végétale y va pour la survie de l’humanité. En 2050, nous serons 2 milliards d’Africains. Chaque pays aura sa population qui va doubler, il faut s’apprêter pour nourrir tout ce monde. Dans le même temps, au Sud, la mer est en train de manger la terre, au Nord, le désert avance à grand pas, donc, les surfaces arables sont en train de restreindre et la population augmente, que faire ? La solution n’est pas la mécanisation agricole. S’il n’ya pas de plante, la machine va couper quoi ? Il faut d’abord agir sur les plantes, puisque c’est ça l’élément essentiel. L’objectif final du séminaire de Ouagadougou va dans ce sens, faire prendre conscience aux uns et aux autres de l’importance de l’obtention végétale dans le système de production durable. J’ai dit, si on n’y prend garde, un jour, l’humanité va consommer les moustiques, les chenilles, les vers de terre…quand on aura fini de tout manger, on fait comment ?
Il y va de la survie de l’humanité. 50 ans en arrière, la pluviométrie n’était pas si capricieuse que maintenant, le changement climatique n’était pas à l’ordre du jour. Aujourd’hui, tout est sens dessus dessous. Face au changement climatique, il faut trouver des variétés végétales adaptées. Que la plante puisse pousser partout.

A force de vouloir améliorer et augmenter la production du coton, on a abouti à du coton OGM (organisme génétiquement modifié) qui, aujourd’hui, est reprouvé par certains Etats l’estimant nocif à la santé. Est-ce qu’on ne va pas aboutir à cette situation avec les obtentions végétales ?
Dans les obtentions végétales, il y a la certification de la semence pour qu’elle soit inscrite dans le catalogue et à partir de là, on la commercialise. La commercialisation sera subordonnée à des contrôles par des services spécialisés, c’est cela la certification ou l’homologation. En même temps, n’ayons pas peur de la science, de toutes les façons, on n’a pas le choix, il faut qu’on s’y fasse avec le progrès de la technologie. On nous dit que les téléphones portables émettent des ondes dangereuses, encore que tout ce qu’on dit n’est pas scientifiquement vérifié. L’OGM, c’est une méthode pour mettre au point une variété comme d’autres méthodes, exemple, le croissement. Il y a des pays développés qui utilisent les OGM, il n’y a pas plus de maladies dans ces pays que là où on ne les utilise pas. C’est un débat qui est dans la société, mais il n’y a pas de fondement scientifique avéré. Tant que la preuve n’est pas faite que la méthode OGM est source de maladie, il n’y a pas à avoir peur.

Interview réalisée par Ambèternifa Crépin SOMDA


Place du Burkina Faso dans les obtentions végétales

Il n’y a pas beaucoup de dépôts de la part des pays membres de l’OAPI pour l’obtention végétale. A ce jour, on estime le COV à une quarantaine en vigueur pour les 17 membres de l’OAPI. Cela est encore insuffisant. Mais rassurez-vous, le Burkina Faso est à la pointe de la recherche agronomique aboutissant à des résultats. J’encourage les acteurs burkinabè à persévérer dans cette voie. J’encourage l’Etat burkinabè à favoriser la mise en place du partenariat public- privé (PPP).

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RAF

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