La situation sécuritaire que vit le Burkina Faso, depuis 2015, avec les attaques terroristes impacte durablement sur l’activité économique. Selon le bilan officiel établi par le ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants, le Burkina Faso a subi 283 attaques terroristes d’avril 2015 à juin 2019.
L’année 2018 n’a pas été épargnée. N’en pouvant plus de voir le climat des affaires prendre un coup à chaque attaque, avec à l’horizon la fermeture de certaines entreprises, la compression des employés…, le sujet a été évoqué avec le président du Faso et le Premier ministre et une délégation de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), conduite par son président, Mahamadi Sawadogo dit «Kadhafi», les 9 et 10 janvier 2020. Le cri du cœur de la CCI-BF préoccupe le gouvernement, car, un ralentissement de l’activité économique va jouer sur les recettes de l’Etat et la mise en œuvre de la politique de développement au profit des Burkinabè.
A ces deux rencontres, «le rapport 2019 sur l’état du secteur privé au Burkina Faso» leur a été officiellement présenté. Dans ce rapport dont L’Economiste du Faso a eu copie, il ressort que «2018 a connu une augmentation des investissements». Toute chose qui a permis, selon le document, à l’économie nationale d’enregistrer une accélération du rythme de croissance à 6,8% en 2018, contre 6,3% en 2017. Cette croissance a redonné un nouveau souffle aux activités après les incertitudes provoquées par les évènements sociopolitiques de 2014 et 2015, ont mentionné les rédacteurs.
Le secteur privé a investi plus de 900 milliards en 2018
Selon le rapport, les hommes d’affaires n’ont pas été avares en dépenses. Ceux-ci ont investi la somme de 1.704,8 milliards FCFA en 2018, soit une hausse après sa baisse constatée en 2014 (1.457,3 milliards FCFA), contre (1.675,5 milliards en 2013). Lesquels investissements ont permis la création de 12.450 entreprises.
Le même rapport indique que cette augmentation est principalement liée à l’accélération du niveau de l’investissement privé, bien qu’il soit légèrement en baisse en 2017. En effet, l’investissement privé en 2018 est ressorti à 943,5 milliards FCFA, soit une croissance de 9,9%, après une contraction de 2,2% en 2017.
Autre constat révélé par le rapport, c’est le secteur privé qui a le plus investi en 2018 que le secteur public. L’investissement privé continue de tirer l’investissement total en s’établissant à 55,3% de l’investissement total.
Sur la période 2010-2018, la part de l’investissement privé dans le total de l’investissement national reste quasiment supérieure à 50%, alors que l’espoir fondé sur le secteur privé en termes de création de richesses et d’emplois reste toujours grand. Face à cette réalité, les rédacteurs du rapport débouchent sur une piste de solution. Ils exhortent toutes les parties prenantes à engager des réformes nécessaires afin que, de facto, le discours selon lequel le secteur privé est le moteur de l’économie soit une réalité.
Le secteur primaire absorbe plus d’investissement
Les investissements ont été principalement axés dans le secteur primaire (9,9%) et le secteur tertiaire (6,7%). Quant au secteur secondaire, il a enregistré une baisse de 3,6% due à la mauvaise performance des industries du textile, du bois et des métaux, toute chose qui a négativement impacté sur l’activité économique de l’année 2018.
Dans le même temps, la valeur ajoutée du secteur primaire a augmenté de 9,9% en 2018, après une baisse de 4,4% en 2017. Ce rythme de croissance a été imprimé principalement par l’agriculture (+17,2%) et dans une certaine mesure, par l’élevage (+2,7%) et la sylviculture, la pêche et la chasse (+2,0%).
Quant au secteur tertiaire, sa valeur ajoutée a crû de 6,7% en 2018, après une hausse de 7,2% en 2017, soit un ralentissement de 0,5 point de pourcentages. Cette situation est imputable à la baisse du rythme de croissance dans les services non marchands de 2,5 points, malgré la bonne tenue des activités dans les services marchands (+1,5 points de pourcentages). La contreperformance au niveau des services non marchands est liée à la baisse de l’activité des administrations publiques, notamment, du fait des mouvements sociaux intervenus en 2018. Malgré cette contraction de son rythme de croissance, le secteur tertiaire maintient son rôle de premier moteur de la croissance en 2018 (+3,1 points de pourcentages) tout comme en 2017. Dans le secteur secondaire, la valeur a crû de 3,6% en 2018, après une hausse de 9,9% une année plutôt. Cette évolution est marquée essentiellement par la baisse dans l’industrie de l’égrenage et de fabrication de textiles (-12,0%) et dans l’industrie du bois et des métaux précieux (-5,6%).
En outre, les entreprises de BTP, de l’énergie et les industries extractives ont également enregistré un ralentissement de leur rythme de croissance, respectivement de 13,6 points, de 9,5 points et de 6,3 points entre 2017 et 2018. Cependant, l‘agro-alimentaire et les autres produits manufacturés connaissent une embellie dans leur climat des affaires, avec une hausse de leur valeur ajoutée respectivement de 1,1% et de 3,3% en 2018. Au total, la contribution du secteur secondaire à la croissance passe de 2,1 points en 2017 à 0,8 point en 2018.
Ambèternifa Crépin SOMDA
Recettes fiscales en 2018 : 1.400 milliards FCFA
Le rapport 2019 sur l’état du secteur privé au Burkina Faso que la CCI-BF a rendu public en fin décembre 2019 mentionne la création de 12.450 nouvelles entreprises en 2018. Les emplois formels créés sont estimés à 124.600, avec une contribution aux recettes fiscales et douanières à hauteur de 1.400 milliards F CFA, contre 1.248 milliards F CFA en 2017.