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Economie

Désordre sur le marché de la farine de blé: Comprendre la situation

La troisième hypothèse, c’est que les importations concernées seraient de vieux stocks soldés. Donc à des prix défiant toute concurrence. Ce qui n’est pas sans susciter des craintes quant à la qualité, si tel était vraiment le cas. (DR)

Dans notre édition du 14 décembre 2020, L’Economiste du Faso alertait sur un désordre apparu sur le marché de la farine de blé. Notre attention avait été attirée par des prix à la tonne relativement bas par rapport aux prix standards sur le marché local de la tonne vendue à Ouagadougou. Nous écrivions à ce propos que : « Depuis quelques mois, le marché burkinabè est inondé de farine de blé. Plusieurs emballages sont concernés. Leur particularité : le prix.  Vendue sur la place de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, la tonne est négociée entre 315.000 FCFA et 335.000 FCFA, en deçà du prix habituel, au grand bonheur des boulangeries qui ont vite fait de changer de fournisseurs.  Alors que le prix standard tournait autour de 360.000 FCFA/T.

Le hic, c’est que des voix commencent à s’interroger sur l’origine de cette farine bon marché. Est-ce une farine d’origine communautaire ou pas ? A quelle position tarifaire cette farine a-t-elle été dédouanée pour être vendue à si bas prix au point de mettre en péril la survie de quelques rares unités de production locales, sachant que le prix de vente de la farine produite locale tourne autour de 345.000 FCFA/T. Cette situation repose la question des autorisations spéciales d’importer (ASI) que le ministère en charge du commerce tente de réguler pour préserver le marché local ».

Le ministère du Commerce, à travers la Direction du guichet unique du commerce, se veut précis. L’ASI est valable pour la farine et pour un certain nombre de catégories de produits conformément au décret N° 2018-0860/PRES/PM/MCIA/MINEFID fixant la liste des produits soumis à autorisation spéciale d’importation et autorisation spéciale d’exportation.

Contrairement au sucre et à l’huile, il y aurait des dispositions de contingentement qui régulent les importations en lien avec le disponible de la production nationale, ce qui n’est pas le cas pour la farine. La production nationale est loin de satisfaire les besoins nationaux avec seulement trois unités de production.

Suite à cette alerte, les informations que nous avons pu collecter permettent effectivement de dire qu’il y a un problème à l’importation de cette farine. Le constat au niveau des chiffres disponibles au guichet unique du commerce fait état d’une hausse des importations de farine de blé. En 2019, le pays a importé pour 83.446,10 tonnes, contre 107.443 tonnes à deux mois de la fin de l’année 2020, soit plus de 20% de hausse. Autre constat que permettent de faire les statistiques mises à notre disposition par les services de la DGU du commerce, 2020 voit une percée des importations d’origine turque avec 7.073 tonnes, contre seulement 538 tonnes en 2019. 

Qu’est -ce qui pourrait expliquer ces prix extrêmement bas au point que les rares producteurs nationaux de farine aient des craintes pour leur avenir si la situation perdure. Le pays compte GMF, Minor Sa et Mels dans ce secteur. Phénomène passager ou tendance lourde ? Personne ne peut parier encore sur l’issue de ce dérèglement. Mais comment l’expliquer ? Trois hypothèses.

La première hypothèse voudrait que le prix du blé soit à la baisse sur le marché mondial et que de ce fait, nos importateurs ont répercuté cette baisse. Cette hypothèse ne tient pas la route, dans la mesure où les cours sont en hausse sinon stables ces derniers mois où la demande reste soutenue, selon les spécialistes du secteur. La Russie, grande productrice, a d’ailleurs mis des taxes supplémentaires à l’export afin de préserver son marché. 

La deuxième hypothèse voudrait que les taxes en interne aient baissé. Ce qui n’est pas encore le cas ; puisque le cordon douanier de l’UEMOA est toujours en vigueur. Celui-ci protège les produits communautaires et taxe plus chèrement les produits hors zone, soit à 47% de la base taxable. Notre confrère de Le Reporter évalue la tonne rendue au port le plus proche à 240.000 FCFA. Si on y ajoute les frais de transport, le transit, le contrôle sanitaire et la marge du commerçant qui ne doit pas dépasser 12%. Les prix actuels cacheraient des non-dits. La troisième hypothèse, c’est que les importations concernées seraient de vieux stocks soldés. Donc à des prix défiant toute concurrence. Ce qui n’est pas sans susciter des craintes quant à la qualité, si tel était vraiment le cas. 

De l’origine de la farine incriminée

Si on s’en tient aux emballages, la farine bon marché proviendrait de Turquie.  Ce pays importe d’Europe du blé qu’il subventionne pour ses besoins locaux. La réexportation de cette farine est en principe une pratique anormale. Donc interdite par les règles du commerce international. A supposer que cette farine accède au Burkina Faso, les quantités en jeu sont-elles capables de dérégler le marché local.

D’après les statistiques du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat pour l’année 2020 et ce, jusqu’au mois d’octobre, la Côte d’Ivoire est le principal pays de provenance et d’origine de la farine importée avec plus de 60.000 tonnes, largement devant le Ghana avec 28.000 tonnes et la Turquie avec seulement 7.473 tonnes.

Il faut observer que les autorisations spéciales d’importer sur l’origine turque sont concentrées sur la période de juillet au 1er octobre 2020, soit 8 autorisations pour un total de 4.288 tonnes. Sur la même période, 19.000 tonnes sont rentrées du Ghana et 4000 de la Côte d’Ivoire. o

FW

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