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Secteur minier: 74 milliards FCFA au profit du développement local en 3 ans

L’Economiste du Faso: Quel bilan faites-vous des activités de la Chambre des mines du Burkina Faso en 2020 ?

Tidiane Barry: Le bilan est globalement satisfaisant, car malgré la pandémie de COVID-19 qui a touché tous les secteurs d’activités, le secteur minier industriel a fait preuve de résilience, ce qui a permis la poursuite des opérations d’exploitation des mines et de réaliser les objectifs de production et même d’aller au-delà de ces objectifs. Nous avons eu une collaboration positive avec le ministère de la Santé qui n’est pas le ministère de tutelle, par exemple. Nous avons reçu tout l’accompagnement nécessaire, même au niveau déconcentré.

Quels sont les défis de la Chambre des mines du Burkina Faso en 2021 ?

En 2021, les défis se résument à plus de résilience face à la COVID-19 toujours présente, poursuivre les actions de promotion du contenu local pour un impact plus visible des mines sur les divers secteurs de notre économie. Nous avons sensibilisé nos membres sur la mise en place de plans d’achats locaux et avec le gouvernement, nous avons travaillé sur la stratégie nationale de contenu local. Ce sont des avancées majeures, parce que les populations vont mieux ressentir l’effet bénéfique du secteur minier.

Sur la question du contenu local, c’est-à-dire la promotion des emplois et achats locaux, la Chambre des mines a devancé le gouvernement ?

Je suis très touché que vous puissiez relever que la Chambre des mines a été pionnière dans ce domaine, parce que ce n’est pas toujours connu. En effet, depuis 2010-2011, la Chambre des mines a travaillé pour développer le contenu local, surtout la fourniture locale de biens et services miniers. Elle a pris des initiatives dans ce sens, dont l’organisation de formations au profit des entreprises nationales, de voyages d’affaires de mise en relation avec des entreprises étrangères, l’organisation des entreprises en association, l’Alliance burkinabè pour la fourniture des biens et services miniers, etc. Nous sommes ravis que cette thématique soit d’un intérêt national et inscrite dans l’agenda du gouvernement.

Je vais rajouter que lorsqu’on parle de santé-sécurité, on assiste à une généralisation des Equipements de protection individuelle (EPI) sur les chantiers. Tout cela fait partie de ce que le secteur minier a apporté en termes de changement des habitudes.

D’une manière générale, comment le secteur minier s’est-il comporté en 2020 ?

La production d’or a  atteint un record de 60,757 tonnes d’or et 166.596 tonnes de concentré brut de zinc. Les recettes d’exportation du secteur ont atteint 1.928 milliards FCFA. Les recettes versées dans le budget de l’Etat sont passées de 266 milliards FCFA en 2019 à  322 milliards FCFA. Il se dégage une belle progression entre les 02 années. Les recettes directes versées dans le budget de l’Etat représentent 15% des recettes totales du budget. Tout le monde y gagne et cela démontre que le Burkina Faso, malgré les difficultés, reste un pays où le secteur continue à se développer.

L’opérationnalisation effective du Fonds minier de développement local (FMDL) a connu son aboutissement en 2020. La somme de 51 milliards FCFA a été collectée et reversée aux collectivités territoriales au 30 juin 2020. En plus, 23 milliards  FCFA ont été collectés au second semestre 2021. Cette somme est disponible et fera l’objet d’une répartition bientôt. En somme, on peut dire que le FMDL a généré 74 milliards FCFA entre 2017 et 2020 au profit du développement local. Ce sont des acquis majeurs à mettre au compte du gouvernement mais aussi de la Chambre des mines et des organisations de la société civile qui, de façon responsable, ont permis de mettre en place un dialogue vertueux qui a permis son opérationnalisation. C’est l’un des grands acquis au niveau de la Chambre des mines en 2020.

Sans la Covid-19, le secteur aurait-il pu atteindre ces résultats ?

Je rappelle que dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, le secteur minier industriel a contribué pour 2 milliards FCFA.

Les capacités de production étant stables, la production n’aurait pas beaucoup évolué. Par contre, Covid-19 a eu un impact sur les résultats, puisqu’il a eu une augmentation de charges. Par exemple, pendant plusieurs mois, l’ensemble des grands complexes hôteliers ont été occupés à plein temps par des sociétés minières pour gérer les quarantaines. On peut se réjouir que cela ait permis au secteur hôtelier de tenir mais cela renchérit les charges des sociétés minières.

Comment envisagez-vous le secteur en 2021 ?

Le cours de l’or devrait demeure volatile, mais nous espérons qu’il puisse se stabiliser autour de 1.800 à 1.900 dollars l’once et la production pourrait augmenter avec la nouvelle mine de la Société des Mines de Sabrando ainsi que les extensions des mines existantes.

Un nouveau gouvernement vient d’être nommé avec la fusion des départements de l’Energie et des Mines. Quelles sont vos attentes vis-à-vis du nouveau ministre ?

Il faut dire que cette configuration n’est pas nouvelle, cela était le cas jusqu’en 2016. Nous notons avec satisfaction la création d’un ministère délégué aux Mines et aux Carrières, ce qui laisse entrevoir un renforcement de l’encadrement du secteur minier et une meilleure prise en compte des préoccupations des investisseurs, créateurs de la richesse. En tout état de cause, la dynamique d’un investissement minier générateur de richesse et profitable au pays demeure la même et repose sur trois piliers, dont l’attractivité du Burkina Faso et le maintien de la confiance des investisseurs, la création de valeur ajoutée par des opérations minières performantes, respectant l’environnement et évoluant dans un contexte de sécurité et de stabilité et la juste répartition de la richesse au bénéfice de toutes les parties prenantes, et en première ligne, les communautés hôtes des sites miniers.

Comment appréciez-vous la qualité du dialogue avec le gouvernement ? Avez-vous des recommandations dans le sens de l’amélioration ?

L’expérience démontre qu’une des grandes qualités qui favorisent la confiance entre les investisseurs miniers et l’Etat burkinabè, c’est justement l’existence des cadres de dialogue qui permettent de résoudre les problèmes, et de parler des opportunités, dans un esprit de partenariat.

C’est même la clé du succès de l’expérience minière du Burkina Faso et cela, malgré les différentes crises qui ont émaillé le secteur ces dernières années, notamment, la crise sécuritaire et la crise sanitaire, entre autres. A ce propos, la Conférence nationale des mines instituée par le ministère est un bon cadre de dialogue.

Nous apprécions à sa juste valeur l’importance que le gouvernement a toujours accordée aux préoccupations du secteur minier et remercions particulièrement le Premier ministre pour son engagement en faveur de la résolution, l’année dernière, des questions qui étaient pendantes depuis des années, entre autres, le Fonds minier de développement local (FMDL) et la Contribution financière en matière d’eau de l’Etat (CFE) encore appelée la taxe sur l’eau.

Comment appréciez-vous la contribution des autres acteurs, société civile, médias, dans le secteur ?

L’un des autres atouts du Burkina Faso, c’est la capacité de toutes les parties prenantes du secteur minier de se retrouver autour d’une table pour évoquer les préoccupations et trouver des pistes de solution, dans la paix et le dialogue.

Et parmi les parties prenantes, dans un rôle majeur, il y a la société civile. Il est certain que le terme ‘’ société civile’’ englobe large.

Je dois dire que l’existence et le travail de certaines organisations de la société civile, qui font partie du paysage minier aujourd’hui, fait un grand bien à notre secteur et la Chambre des mines prend plaisir à travailler avec elles.

Quant aux médias, il faut toujours rappeler que le secteur minier reste un domaine très technique dans tous les aspects : de la gestion des entreprises minières à la gouvernance du secteur, en passant par son apport économique et social. L’information ou la communication sur ce secteur nécessite donc un certain effort pour être professionnel.

C’est pourquoi, tout en faisant quand même le constat qu’il y a une meilleure connaissance d’ensemble du secteur minier aujourd’hui et en saluant l’existence de presses spécialisées comme L’Economiste du Faso justement, il faut quand même déplorer le fait qu’il n’y a pas encore suffisamment de productions d’ordre technique, scientifique, économique sur le secteur. Or, c’est ce type de travail en profondeur qui va réellement permettre une meilleure compréhension des enjeux par les populations et améliorer l’image et l’acceptabilité du secteur. o

Propos recueillis

par Elie KABORE

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