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La transformation digitale au Burkina Faso: « La digitalisation est un vecteur de l’inclusion financière », dixit le SG de l’ANPTIC

« La transformation digitale permet aux citoyens des zones les plus reculées d’accéder aux services financiers grâce à leur téléphone portable, par exemple », selon le SG de l’ANPTIC, Inoussa Traoré. (Ph. Yvan Sama).

Nous sommes à l’ère du numérique. Le monde est résolument tourné vers la digitalisation. Dans tous les secteurs, on assiste à la dématérialisation des offres de services. Nous voilà entrés dans une nouvelle économie dite économie numérique. Elle comprend le secteur des télécommunications, de l’audiovisuel, du logiciel, de l’Internet et les secteurs qui les utilisent dans leurs activités. C’est une technologie que tous les pays doivent adopter pour ne pas rester en marge du développement économique. Pour comprendre le processus de transformation digitale au Burkina Faso, L’Economiste du Faso a rencontré le Secrétaire général (SG) de l’Agence nationale de promotion des technologies de l’information et de la communication (ANPTIC), Inoussa Traoré. C’était le 31 janvier 2022.

L’Economiste du Faso : Pouvez-vous nous faire une présentation de l’Agence ?
Le SG de l’ANPTIC, Inoussa Traoré : L’ANPTIC est un établissement public de l’Etat à caractère administratif. Elle est chargée d’assurer la mise en œuvre des grands programmes de développement des TIC du Burkina. Elle assure la gestion, la disponibilité et la maintenance du réseau informatique national. Au-delà, elle assure la gestion des centres de données de l’Administration à travers un Cloud privé communément appelé G-Cloud où les différents sites web et les applications sont hébergés. Aussi, l’agence développe des applications transversales au service de l’ensemble de l’Administration.

Qu’est-ce que la digitalisation ?
La digitalisation ou la transformation digitale est tout ce qui concourt aujourd’hui à la transformation des services, des procédures en y introduisant du digital. On entend par digital tout ce qui est TIC. La transformation digitale peut se faire à plusieurs niveaux, à savoir au niveau des entreprises et de l’administration publique. Plus globalement, au niveau d’un pays, c’est comment ce pays entre dans la nouvelle économie qui est l’économie numérique.

Quelle est l’importance de la transformation digitale pour une entreprise et pour l’administration publique ?
Que ce soit l’entreprise ou l’Administration, la transformation digitale permet d’améliorer la performance et la productivité. Au niveau de l’entreprise, le digital permet l’automatisation d’un certain nombre de procédures. Quant à l’Administration, il lui permet d’être plus efficace. La transformation digitale permet la dématérialisation des services de l’Administration, la diligence et l’accélération de l’offre de services publics aux citoyens. Avec le digital, on peut travailler plus rapidement et plus facilement, bien que cela nécessite des renforcements de capacités des citoyens. Mais de nos jours, nous avons une population qui a de plus en plus une facilité dans l’apprentissage de ces outils.

Comment peut-on éviter les dangers de la transformation digitale ?
A ce niveau, il faut prendre plusieurs aspects en compte. Comme le disait l’économiste Joseph Schumpeter, l’innovation est une destruction créatrice. Cela veut dire que les technologies digitales sont un couteau à double tranchant. Pendant qu’elles créent des emplois hautement qualifiés, elles en détruisent aussi. Pour les pays, le plus important est de pouvoir tirer le maximum de profit. Ce sont des technologies qui sont irréversibles. Personne ne peut empêcher leur évolution. Il vaut mieux donc se préparer pour pouvoir entrer dans cette économie. Aujourd’hui, le digital est considéré au même titre que les autres révolutions industrielles. La transformation digitale doit se faire dans un environnement règlementaire et de confiance.

Existe-t-il au Burkina des initiatives pour le développement de la transformation digitale ?
Il existe beaucoup d’initiatives. Déjà, à notre niveau, nous avons e-Burkina qui est un projet de digitalisation qui a permis de développer plusieurs applications transversales.
Nous avons, par exemple, le Système intégré de gestion du courrier (SIGEC) qui permet de dématérialiser le circuit de traitement des courriers. Le Circuit intégré des missions (CIM) permet de faire un meilleur suivi des missions et de gérer efficacement la ressource humaine. En plus, nous avons le Programme d’appui au développement des technologies de l’information et de la communication (PADTIC). Il est axé sur le développement des infrastructures numériques. Il nous a permis de faire, par exemple, l’interconnexion de tous les bâtiments administratifs.
C’est pour dire que nous n’avons ici que des projets qui sont prioritairement axés sur la modernisation de l’Administration. Mais il existe d’autres initiatives au Burkina. Par exemple, il y a le projet 2.0 du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui contribue au développement de l’entrepreneuriat numérique des jeunes.

On a l’impression que nos politiques de digitalisation se focalisent sur des questions techniques plutôt que sur le changement de comportement des usagers. Ne pensez-vous pas qu’il faudra sensibiliser les populations à l’utilisation des outils digitaux ?
Les politiques de digitalisation au Burkina vont au-delà de ce que vous dites. Nous avons la Stratégie nationale de développement de l’économie numérique qui prend en compte toutes les dimensions comme l’infrastructure, les e-services, les compétences et l’entrepreneuriat. Mais il est évident qu’il faut maximiser sur la sensibilisation pour que les utilisateurs du numérique puissent être au courant de ses avantages et de ses dangers. o
Issouf TAPSOBA (Collaborateur)

 

Encadré

Un pays voulant adopter la transformation digitale doit respecter un certain nombre de conditions.

Le premier pilier de l’infrastructure numérique : il prend en compte tout ce qui est réseau informatique et le backbone national. C’est le réseau informatique permettant l’interconnexion des différentes localités du pays en fibres optiques. Il y a également la construction des « data center » ou centres de données permettant de stocker les données au niveau national.
Le pilier des compétences : il n’y a pas d’économie numérique sans compétences. Il faut une politique pour développer ces compétences en partant des compétences les plus basiques jusqu’au plus sophistiquées. Ces compétences permettront au pays de profiter des avantages du digital.
Le pilier de l’innovation et de l’entrepreneuriat numérique : il faut qu’il y ait des citoyens du pays qui puissent développer des entreprises, innover, créer des services, des start-up pour pouvoir offrir des services aux nationaux et même à l’international.
Le pilier des plateformes numériques : c’est tout ce qui est application permettant d’offrir des services. Le Burkina a beaucoup d’effort à faire à ce niveau.
Le pilier des services financiers numériques : je parle ici de la disponibilité des établissements émetteurs de monnaie électronique, notamment, les mobiles money. C’est un aspect important, car c’est un vecteur d’inclusion financière. Ça devrait permettre aux citoyens dans les zones les plus reculées, d’accéder aux services financiers grâce à leur téléphone portable, par exemple.

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