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MPSR II: sortir du cercle vicieux

• Le prix des errements

• Quelle orientation donner à la Transition ?

Les erreurs à éviter

Il est attendu du Capitaine Ibrahim Traoré qu’il offre une alternative plus crédible et réaliste à la Transition. (DR)

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a rectifié le cours de la Transition que le Lieutenant-Colonel, Paul Henri Sandaogo Damiba, était en train de lui imprimer. Pour s’être détaché du chemin, ses frères d’armes, avec à leur tête le Capitaine Ibrahim Traoré, qui l’ont aidé à renverser le président Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier 2022, l’ont contraint à la démission huit mois après. Une autre perspective s’ouvre désormais pour la Transition en cours. Le Burkina saura-t-il sortir sa tête de l’eau en ces moments critiques ?
Bien qu’étant profondément attachés au principe de la conquête du pouvoir par les urnes, bon nombre de Burkinabè s’étaient résolus à appréhender le coup de force du Lieutenant-Colonel, Paul Henri Sandaogo Damiba, du 24 janvier 2022, avec espoir, dans un contexte où le Burkina Faso tanguait dangereusement vers l’abîme. Mais il n’en a pas fallu assez de temps pour qu’ils se rendent compte que le bout du tunnel était encore loin, tant Damiba s’est compromis dans une attitude ambiguë.
Le coup d’Etat du 30 septembre 2022, mené par le Capitaine Ibrahim Traoré, est la conséquence logique des errements du Lieutenant-Colonel. Il a donné l’impression que le prétexte de la dégradation sécuritaire continue sous Roch Kaboré, qui l’avait amené à faire le putsch, n’était plus sa priorité. Alors que les attaques terroristes se poursuivaient et que le nombre des déplacés internes gonflait, Damiba s’était plus évertué à faire avancer, au forceps, le chantier de la réconciliation nationale au mépris même de la justice.
La venue impromptue de Blaise Compaoré au Burkina Faso, le 7 juillet 2022, est venue convaincre davantage qu’il avait pris le pouvoir pour réhabiliter un régime chassé par une insurrection populaire en 2014. La sourde oreille de Damiba, confortée par des politiques et des OSC, vuvuzelas tonitruantes, a littéralement servi d’ingrédients à ses frères d’armes pour le déposer seulement après huit mois à la tête du pays.
« Les actions du Lieutenant-Colonel Damiba nous ont progressivement convaincus que ses ambitions s’écartent largement de notre idéal commun. Nous avons assisté à une restauration, au forceps, d’un ordre ancien par des actes de nature à remettre en cause l’indépendance de la Justice et à créer des précédents graves », a mentionné le Capitaine Ibrahim Traoré, dans son pronunciamiento du 30 septembre.
Le Lieutenant-Colonel Damiba est responsable de ce qui lui est arrivé pour avoir voulu se jouer du peuple burkinabè. Il a été chassé du pouvoir pour avoir voulu travestir l’histoire. Pour s’être laissé embobiner dans des intrigues politiques compromettantes, Damiba a relégué au second plan la question sécuritaire en se gargarisant du tempo des flatteurs de service. Il faut le reconnaitre, des initiatives ont été mises en place pour endiguer le péril terroriste, mais Damiba s’était laissé gagner par le piège de l’autosatisfaction et de l’arrogance. Désormais que la page est tournée pour lui, quelle trajectoire faut-il donner à la Transition afin de sortir le Burkina de ce long cauchemar ?
Impérativement, il faut se recentrer sur le défi sécuritaire qui demeure la priorité du moment. Le Burkina Faso est à la croisée des chemins à cause de l’hydre terroriste qui étend inexorablement ses tentacules à travers tout le pays. Sous Damiba, les groupes armés terroristes ont encore grignoté d’autres parties du territoire. Des localités qui étaient relativement à l’abri de la menace la vivent désormais au quotidien. Ce serait une répétition que dire que les nouvelles autorités doivent faire de leur mieux pour renforcer la lutte anti-terroriste. En quoi faisant ? Naturellement, en sonnant le grand rassemblement au sein des différentes forces armées autour du défi commun. Ce coup d’Etat a montré une fois de plus que la grande muette couve des lézardes en son sein, ce qui est un mauvais signe dans ce contexte précis. Il est important que toutes les forces militaires et paramilitaires transcendent les sempiternelles incompréhensions pour sauver le pays. Le Burkina est avant tout au-dessus des querelles de chapelles et de corporations. Avant d’appeler au soutien d’une tierce personne, l’on a intérêt à fédérer les énergies à l’interne, à tous les niveaux, pour faire barrage à la bêtise qui veut s’installer à tout prix.
En second lieu, comme la junte a indiqué qu’à l’issue de concertations entre les forces vives, un civil ou militaire serait désigné président de la Transition, il faudra se départir de toute passion et calcul pour faire le choix qui fera l’unanimité. Les forces vives sont donc appelées à faire preuve de responsabilité et de lucidité pour trouver celui ou celle qui présidera aux destinées du Burkina Faso en ces moments de doute. Que s’effacent les guerres de tranchées que certains voudraient se livrer au cours de ces Assises nationales cruciales pour l’avenir du pays. Il faut, une bonne fois pour toutes, sortir du cercle vicieux.
Ce qui importe le plus, c’est de poser des actions qui vont impacter le présent et le futur du Burkina. Aujourd’hui, chaque Burkinabè voudrait une bonne école pour son enfant, il voudrait qu’il fasse de bonnes études. Mais que vaudront ces bonnes études dans un pays désarticulé où règne la prévalence des intérêts égoïstes et immédiats ?
C’est pourquoi, dans la désignation du futur dirigeant du pays, ne doivent prévaloir que l’intégrité, la probité, le patriotisme et le sens aigu des responsabilités. Les choix des membres de l’équipe gouvernementale et des autres organes de la Transition, qui devront être également mis en place, devront être basés sur ces mêmes critères objectifs. Il faudra nous éviter un organe législatif à l’image de la défunte Assemblée législative de transition (ALT), où des truands figuraient parmi les membres. Pour une fois, il y a lieu d’œuvrer à en finir avec le mythe de Sisyphe, cette sorte d’éternel balbutiement sur le chemin de la stabilité. En attendant tout cela, le nouvel homme fort qui est chargé d’expédier les affaires courantes de l’Etat devra éviter certaines erreurs.
Jérôme HAYIMI

Encadré

A commencer par la prise de parole

Les sorties du Capitaine Traoré devront être mesurées et restées dans des limites raisonnables. Le moment est si délicat que le moindre propos peut être interprété de manière tendancieuse. De sa capacité à peser ses mots va dépendre son aisance dans l’expédition des affaires courantes.
Le Capitaine Ibrahim Traoré devra tenir à distance les opportunistes en embuscade qui voient en l’avènement du MPSR II une occasion pour assouvir leurs ambitions arrivistes. Beaucoup viendront volontiers pour offrir leur expertise en tout, d’autres voudront le convaincre de « garder sa chose », pour parler comme l’autre. Il lui appartiendra de rester fidèle aux convictions intimes qui l’ont motivé à mettre fin aux « aventures politiques malheureuses » de son prédécesseur. Le capital de confiance et de respect dont il jouit de la part de ses frères d’armes doit être préservé. L’on attend de lui qu’il sublime l’éclaircie qu’il vient d’apporter le 30 septembre 2022, en restant droit dans ses bottes.
« La jeunesse représente le pilier de toute Nation. Elle doit donc voir en chaque opportunité qui se présente un challenge et une chance de démontrer son potentiel et son engagement », a indiqué, Elvis Adjahoungba. Alors, en tant que jeune, que le Capitaine Ibrahim montre son potentiel et son engagement en s’émancipant de tous ceux qui voudront le détourner du droit chemin.

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