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L’orpaillage: sous emprise terroriste

• L’activité finance les groupes armés

• Les sites, sources d’approvisionnement en produits chimiques

L’Etat des lieux de l’activité d’orpaillage au Burkina Faso n’est pas reluisant, foi du commissaire principal de police, Harouna Bambara. Le constat découle d’une communication faite le 18 novembre 2022, à Ouagadougou, sur : « Le secteur minier face au défi sécuritaire : état des lieux ».  Il révèle que l’orpaillage est émaillé par de nombreux maux qui minent le plein essor du secteur. L’officier de police souligne que la crise sécuritaire que vit le Burkina Faso depuis 2015 impacte l’orpaillage.

D’après Harouna Bambara, plusieurs sources indiquent que l’activité minière artisanale est impliquée d’une manière ou d’une autre au financement du terrorisme. Des sites miniers ont été attaqués par des groupes armés terroristes (GAT). C’est le cas de Solhan, en juin 2021, de Kougdiguin, Commune de Bouroum, en avril 2022, ou encore d’Alga, dans la province du Bam, en juin 2022. Il dit être étonné que pendant que certains sites sont attaqués, d’autres pourtant, situés dans des localités sous emprise des GAT, sont épargnés. Un constat qui l’amène à tirer la conclusion qu’il n’est donc pas exclu que les artisans miniers de ces sites versent des rentes de gré ou de force aux GAT. Par ailleurs, les sites sont considérés comme de potentiels lieux de retraite des GAT.

Les sites miniers sont utilisés à d’autres fins par les terroristes comme caches d’armes et lieux d’approvisionnement en produits chimiques et de fabrication d’engins explosifs improvisés. C’est également le lieu de prédilection pour le recrutement de certains jeunes à enrôler. L’or produit sous le contrôle des GAT est facilement passé en contrebande contre des sommes en espèces pour acheter des armes et recruter.  La présence des enfants sur les sites d’orpaillage les expose à l’enrôlement également.

Harouna Bambara rappelle que le travail des enfants sur les sites est strictement interdit par le Code minier. Malheureusement, ce phénomène est tellement développé que l’Administration a du mal à l’endiguer. Il note qu’il est à l’origine de la déscolarisation dans certaines localités. Des cas ont été rapportés aux membres d’une mission de l’ONASSIM, à Diébougou, en 2021, fait-il savoir.

Grand banditisme

Harouna Bambara est formel, le grand banditisme a connu un regain d’intensité, à cause du terrorisme. Les axes menant aux sites artisanaux sont potentiellement criminogènes, car beaucoup d’argent y circule, attirant ainsi les grands bandits. A titre d’exemple, il cite le braquage contre un acheteur d’or à Djikando, en 2021, qui aurait causé la mort de 9 personnes et la dévastation d’une grande partie du site.o

Synthèse de Ambéternifa Crépin SOMDA

 

Encadré

Orpaillage, économiquement rentable

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) avait estimé, en 2011, à 1,3 million le nombre de personnes directement liées à l’orpaillage au Burkina Faso, soit 7% de la population. Une étude sur la cartographie des sites d’orpaillage, réalisée en 2018 par l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières et semi-mécanisées (ANEEMAS) et le Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB), a révélé que le pays comptait 800 sites, dont 600 actifs.

Selon l’enquête nationale sur le secteur de l’orpaillage, réalisée par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), en 2017, l’or artisanal a rapporté plus de 9,5 tonnes d’or métal correspondant à environ 235 milliards de francs CFA.

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