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Sonabhy : 2023, l’année de tous les dangers

• Une trésorerie plombée par l’Etat

• Vers la vérité des prix ?

• Le dilemme de la Transition

Le chaos provoqué par la possible pénurie de carburant dans la ville de Ouagadougou, le plus gros centre de consommation du pays avec plus de 3 millions de litres par jour, a laissé des images indélébiles dans la mémoire des usagers des stations d’essence. La ville de Ouaga tournait pratiquement au ralenti.   Les évènements de la fin de l’année 2022 peuvent-ils se répéter en 2023 ? Si tel était le cas, cela traduirait l’incapacité des autorités à trouver une solution radicale aux problèmes de la Sonabhy. Ils ne sont pas nouveaux et les solutions appliquées jusque-là sont de type conjoncturel. En 2014, au moment de la célébration du trentenaire de la Société, L’Economiste du Faso écrivait sur la situation financière de la boîte : « Sa trésorerie est à – 111 milliards  FCFA. La Société est obligée de s’endetter pour maintenir le pari de l’approvisionnement régulier du pays, avec des frais financiers énormes. La situation aurait pu être meilleure si la Sonabel était moins mauvaise payeuse et si le remboursement des moins-values se faisait diligemment par l’Etat qui subventionne le gaz, le Ddo et le fuel. Pour l’ancien Directeur général, Gambetta Aboubakar Nacro, en dehors de ce problème de trésorerie, la Société se porte bien, elle est même rentable. Il estime que les difficultés actuelles de trésorerie sont conjoncturelles et espère que les choses vont rentrer dans l’ordre, afin d’assainir les finances de l’entreprise. »

La question reste entière, puisque presque 10 ans après,  le 11 janvier 2023, le Conseil a instruit les ministres chargés du dossier « de proposer un schéma qui permettra de rompre avec la tendance à la dégradation continue de la situation de la SONABHY, pour mieux sécuriser les approvisionnements du Burkina Faso en hydrocarbures ». L’Etat doit à la SONABHY « 489,69 milliards FCFA, obligeant celle-ci à s’endetter auprès des institutions financières locales et internationales. La dette de la Société auprès de ses fournisseurs s’élève à  149,81 milliards FCFA. »

La nationale des hydrocarbures fait face à deux défis : sa faible trésorerie pour acquérir de plus en plus de carburant face à une demande en croissance continue et le renforcement de ses capacités de stockage. Des défis accentués par un environnement international marqué par la guerre en Ukraine et la flambée général des prix, dont celui du baril de pétrole. Le mécanisme actuel de fixation des prix subventionnés a atteint ses limites cette année. L’Etat ne rembourse pas normalement la subvention au nom du principe que c’est une Société d’Etat et qu’il peut garantir certains emprunts de la Société. Le problème, à force de puiser sur ses propres ressources et en s’endettant pour approvisionner le pays, la Société est presqu’au  bout du rouleau. Et ses partenaires financiers, qui ont toujours cru en son modèle, commencent à douter de sa signature, notamment, ses principaux fournisseurs qui exigent du cash.

La première alerte sur la solvabilité de la Sonabhy est venue d’un quotidien  économique, « Africa Intelligence », en  octobre 2022. Ce journal alertait sur des impayés de 400 milliards FCFA auprès de ses fournisseurs qui menaçaient de lui fermer le robinet. Une affaire qui remontait au régime Kaboré, héritée par le MPSR qui tentait tant bien que mal de gérer la situation, lorsqu’est intervenu le second coup d’Etat, et la grève des chauffeurs, relativement au détournement de carburant appelé pudiquement « manquants ». Cette grève a révélé l’importance des chauffeurs dans le dispositif d’approvisionnement, et surtout leur impact sur les freintes. Leur mouvement a permis de mettre en veilleuse le nouveau dispositif de mesure des freintes, maintenant ainsi  un statu quo qui n’est pas forcément favorable à la Sonabhy, qui subit les pertes.

Ce petit mouvement de quelques jours à peine a mis à mal les stocks  de la Sonabhy. Celle-ci  avait donc commencé à rationner les distributeurs en ne fournissant que 60% du volume sollicité.  Cette technique devait permettre de reconstituer progressivement les stocks. Mais sa divulgation auprès du grand public a engendré la panique et la ruée sur les stations d’essence, entrainant une pénurie de fait.

On peut mettre la situation ainsi créée sur le dos d’une mauvaise communication, mais  la succession des évènements, en 2022, il faut le reconnaitre,  n’était pas pour rassurer les Burkinabè.

Le gouvernement de  transition est appelé à faire un peu plus que les précédents, s’il veut maintenir les équilibres et sécuriser l’approvisionnement du pays en cette période de guerre.Il n’y a pas 36 solutions. Soit il applique la vérité des prix, soit il paie régulièrement ce qu’il doit à la Sonabhy. La première sera impopulaire.  La seconde est-elle soutenable pour les finances publiques, au risque de se tirer une balle dans le pied ?

FW

 

Encadré

Sortir du cercle vicieux

A

lors que la pénurie de carburant battait son plein, le Trésor burkinabè était à la manœuvre sur le marché financier régional, pour mobiliser 150 milliards, avec Coris Bourse comme chef de file de la mobilisation. Au finish, 173 milliards FCFA ont été retenus. Cette somme, selon nos informations, devait financer les programmes de développement du gouvernement, mais également à oxygéner la Sonabhy. Un autre mécanisme de l’Etat consistait à titriser sa dette vis-à-vis de la Sonabhy, auprès des institutions bancaires et financières contre de la liquidité. Cette technique en cette période d’instabilité politique et de ralentissement politique ne semble pas très porteuse.o

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