• Démocratiser le marché des titres publics
• Via les innovations technologiques
• 5.254 milliards FCFA levés en 2022
La 5e édition des Rencontres du marché des titres publics (REMTP 2023), qui s’est tenue du 24 au 26 janvier 2023 à Dakar, a renoué avec le présentiel, après deux éditions virtuelles, pour cause de Covid-19. Des responsables financiers des institutions ouest-africaines, des cadres des Directions générales du Trésor des 8 pays membres de l’Union monétaire, et experts de la finance : banquiers, spécialistes en valeurs du trésor, Sociétés de gestion et d’intermédiation, régulateurs, agence de notation, médias ont répondu à l’appel de UMOA-Titres. Ce rendez-vous économique annuel a réuni plus de 200 participants autour du thème : « Diversité des investisseurs et efficience du marché des titres publics ».
A travers panels, communications et masters class, l’écosystème régional des acteurs de la finance a discuté des défis qui attendent le marché des titres publics pour les années à venir. Ce rendez-vous des acteurs du marché de la dette souveraine se tient dans un contexte que tous les participants ont trouvé délicat : la reprise économique post Covid a été plombée par la guerre en Ukraine et les tensions inflationnistes sur les marchés de matières premières. A cela, les pays de l’Union, à divers titres, font face aux conséquences des changements climatiques et à l’insécurité.
Pendant trois jours, les experts ont débattu sur les stratégies à mettre en œuvre, afin d’élargir la base des investisseurs aux entités non bancaires, ainsi que des actions à développer pour l’approfondissement du Marché des titres publics (MTP), afin que celui-ci finance au mieux les économies de l’’union.
Les pays ont levé 5.254 milliards FCFA
Sur les statistiques 2022, les pays ont pu lever 5.254 milliards FCFA. Une performance en baisse de 5% par rapport à l’année précédente, fortement due à l’environnement économique et aux difficultés politiques dans certains pays émetteurs. Cependant, le montant en circulation des obligations et bons a augmenté de 13% à 12.248 milliards FCFA, soit une augmentation de cinq fois depuis la création du marché en 2013.
Une progression que Banassi Ouattara, Directeur adjoint, chargé de l’intérim de Umoa-Titres, qualifie de grand bond. En effet, explique-t-il : « En 2001, le volume d’émission était de 42,9 milliards. En 2007, il est passé à 330,6 milliards et un encours de 242,7 milliards. A la création de Umoa-Titres, en 2013, nous avions un encours de 251 milliards. En 2022, le volume des émissions est ressorti à 5.400 milliards, avec un encours de 12.400 milliards ».
Ces performances ont été décuplées avec la création de Umoa-Titres qui fête cette année ses dix années d’existence, et à l’accompagnement de la Banque centrale qui ont su mettre en place des instruments adaptés aux besoins des pays, à travers le programme d’émissions spéciales dont les Bons Covid-19, les Obligations de relance (OdR) et les Bons de soutien et de résilience (BSR).
Mais les acteurs ne veulent pas se satisfaire de ces résultats. Et le panel inaugural a mis le pied dans les plats en abordant la question de l’élargissement de la base investisseurs et la profondeur du marché. Derrière ces deux concepts, se cache la notion de démocratisation du marché des titres publics, à savoir, comment y drainer l’épargne populaire des citoyens de l’Union. Cette diversification, si elle est réussie, permettra au marché de lever des ressources encore plus importantes pour financer les économies de l’Union.
Lors du panel inaugural, la question de qui va le faire s’est posée, ainsi que les banques qui détiennent plus de 80 % des titres émis. Si leurs réseaux semblent être un atout, leur position confortable actuelle pourrait ne pas être incitative. Pour les assureurs et les institutions de microfinances peut-être ; encore faut-il trouver des outils innovants. A ce niveau, Jacqueline Dabou, adjointe du Directeur de l’inclusion financière à la BCEAO, a rappelé que des opportunités existaient via les plateformes numériques développées par les fintechs pour drainer des ressources et des investisseurs à la base.
Le secteur de la microfinance a brassé 65.000 milliards FCFA, soit près de 12 fois l’encours de titres en vie sur le MTP, via les plateformes numériques dans l’Uemoa, en 2021, alors que l’Union totalise 132 millions de comptes de monnaie électronique.
La nécessité de repenser ces types de solutions a été posée, lors des échanges, ainsi que la formation des intervenants, le tout soutenu par une bonne communication.
FW
Encadré
Les SVT à l’honneur pour les 10 ans
C’est en 2013 que les autorités de l’Union ont créé l’agence Umoa-Titres devenue aujourd’hui Umoa-Titres. En 10 ans, l’institution a pris ses marques et se positionne comme un acteur majeur pour les Etats en quête de ressources pour financer leur plan et projet de développement. Ces levées de fonds se font via les Spécialistes en valeurs de trésor (SVT). Ce sont des institutions financières habilitées à faire l’intermédiaire entre un Etat et les investisseurs. A l’occasion du gala marquant cet anniversaire, les SVT ont été mis à l’honneur. Les trois premiers de chacun des 8 pays de l’Uemoa ont été distingués.
Pour l’année 2021, 20 SVT de l’Union ont été évalués et classés en fonction des émetteurs pour lesquels ils ont la qualité de SVT. Ces derniers sont au nombre de 15 banques et 5 SGI.
Au Burkina Faso, ce sont, dans l’ordre : Ecobank Burkina, Orabank Togo et Coris Bank Burkina.o