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Résilience en période de crise: le tandem de L’Economiste du Faso pour en sortir 

• 04 panelistes autour de la table

• Un langage de vérité entre les acteurs

• Des recommandations pertinentes pour une croissance économique plus soutenue 

Olivier Guy Ouédraogo, Secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè. (Ph: Yvan SAMA)

Dixième anniversaire, acte II. L’Economiste du Faso continue de dérouler le programme d’activités prévues pour ses noces d’Etain. Le mardi 28 mars 2023, à Ouagadougou, l’équipe du Journal et ses partenaires ont organisé un panel sur le thème : « Résilience en période de crise : finances publiques, entreprises et ménages, quel tandem pour en sortir ?». « C’est un sujet d’actualité et nous espérons qu’à la lumière des communications des éminents panelistes, que chacun de nous sorte enrichi des échanges, afin de donner de meilleures perspectives à notre économie », a précisé le premier responsable, Abdoulaye Tao, juste avant les échanges. Le ministre en charge de la communication a salué le parcours exemplaire du Journal spécialisé dans l’économie depuis sa création et qui s’est imposé dans l’environnement médiatique. Par la voix de son représentant, Jean Noël Bonkoungou, il a émis le vœu de voir « des recommandations pertinentes qui viendront renforcer la résilience de l’économie et offrir en perspective, une croissance économique plus soutenue ».

Dr Issa Compaoré, représentant le Patronat, a fait un exposé sur deux axes. (Ph: Yvan SAMA)

Il y avait autour de la table, la Direction générale de l’économie et de la planification (DGEP), le Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCI-BF) et la Confédération syndicale burkinabè (CSB). La modération a  été assurée par Dr Amadou Nébila Yaro, Directeur du Cabinet d’études et de recherches en entreprises (CERE). 

Au nom de la DGEP, Jean Gabriel Tougma a expliqué comment le triptyque finances publiques-entreprises-ménages peut se tenir pour permettre à l’économie burkinabè, en proie à la crise, de résister et de pouvoir se relever. (Ph: Yvan SAMA)

Le Directeur de la prévision et des analyses macroéconomiques (DPAM) a été le premier à prendre la parole. Au nom de la DGEP, Jean Gabriel Tougma a expliqué comment le triptyque finances publiques-entreprises-ménages peut s’articuler pour permettre à l’économie burkinabè en proie à la crise de résister et de pouvoir se relever. Selon lui, la survenue des différentes crises qui ont affecté le Burkina Faso montre combien il importe une synergie d’action entre les différents acteurs pour une meilleure préservation des intérêts de tous et de la Nation.  « Et un élément primordial pour relever les défis est l’unité ou encore le tandem dans l’action ; car, comme le dit l’adage, « une Nation divisée ne peut résister » ou autrement, « l’union fait la force », a-t-il conclu.

Dr Idrissa Kaboré (CCI-BF) recommande à l’Etat de rassurer davantage les investisseurs. (Ph: Yvan SAMA)

Le fondateur de l’Institut supérieur de technologies (IST),  Dr Issa Compaoré, représentant le Patronat, a fait un exposé sur deux axes : l’état des lieux au niveau des entreprises, les difficultés rencontrées face aux crises et les perspectives,  d’une part, et d’autre part, comment les entreprises peuvent contribuer raisonnablement à l’effort de guerre et faire entendre leurs préoccupations.  En ce qui concerne les préoccupations, les entreprises déplorent le climat des affaires : l’insécurité, un Etat étatiste et une opinion publique égalitariste ; le renchérissement des facteurs de production à cause de l’inflation, des coûts des mesures de sécurisation. Le projet de Code du travail en relecture inquiète également les employeurs.   Ils espèrent un  retour de la sécurité dans les zones agricoles, minières et sur l’ensemble du territoire ; un Etat fort, juste et une justice indépendante ; un climat des affaires qui fait la promotion de la méritocratie et la lutte contre la corruption, une orientation vers l’encouragement de la production et la consommation locale, la volonté de création de champions nationaux et régionaux…. Dr  Issa Compaoré a fait des recommandations à l’endroit de l’Etat, à l’endroit des entreprises , à l’endroit des syndicats et des ménages.

Le Directeur des études et de la stratégie de la CCI-BF, Idrissa Kaboré, a présenté le tableau de la « Recrudescence des crises : impact sur les entreprises et propositions de solutions ».  Il a indiqué que le Burkina Faso traversait une série de crises qui n’est pas sans effets majeurs sur l’économie dans son ensemble et le secteur privé, en particulier. Pour limiter les effets de ces crises sur l’activité économique, il a recommandé à l’Etat de rassurer davantage les investisseurs nationaux et étrangers ; d’engager des mesures spéciales de soutien aux secteurs et régions les plus touchés par les crises sécuritaires; de maintenir et de renforcer les services fournis par l’administration publique aux opérateurs économiques; de renforcer les capacités opérationnelles des structures de contrôle économique et de lutte contre la fraude et la contrefaçon.  Au secteur privé, Idrissa Kaboré  a appelé à mobiliser davantage les acteurs autour des initiatives de lutte contre les crises qui affectent l’économie ; à renforcer les mesures de résilience des entreprises et à maintenir et renforcer les investissements productifs au Burkina Faso.

Olivier Guy Ouédraogo, Secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè, n’a pas porté de gant pour crever l’abcès. « C’est la bourgeoisie qui fixe les prix des produits et qui paie les travailleurs. Qu’elle cesse de spéculer comme elle le fait pour qu’on ne parle plus d’inflation et la résilience des travailleurs qui doit en résulter. Du reste, la spéculation n’engendre que la révolte légitime », a-t-il affirmé. Pour lui, face à l’inflation qui est en soi un choc, la résilience des travailleurs dépendra de leur catégorie et du niveau de protection sociale dont ils disposent. A cela peuvent s’ajouter certains facteurs tels que l’optimisme ; le sens de la moralité, la spiritualité et aussi la faculté de surmonter sa peur ou d’avoir peur dans notre contexte.

La phase des questions-réponses a permis aux participants de revenir sur certains points des interventions des panelistes, notamment, les choix des politiques publiques, l’efficacité des subventions, la résignation des entreprises…un débat participatif et constructif qui a permis au modérateur de relever une fois de plus, la pertinence de la rencontre.  « Le Burkina Faso dispose suffisamment de ressorts pour faire face aux chocs issus de l’insécurité. Les différents acteurs doivent se parler pour des actions efficientes », a conclu Dr Amadou Nébila Yaro.

Moumouni SIMPORE

 

Encadré

Propos de participants

« Ce panel a attiré notre attention et donné aussi des pistes de solutions »:  Marcel Ramdé, élève énarque

Ce fut un panel intéressant. Les panelistes ont fait ressortir un certain nombre de difficultés que l’économie burkinabè traverse. On n’est pas sans savoir que l’Etat éprouve des difficultés dans la gestion des finances publiques. Il est vrai également que le climat des affaires n’est plus favorable aux investissements comme auparavant. La résilience, que ce soit au niveau de l’Etat, des entreprises ou des ménages dans ce contexte difficile est donc une nécessité, en attendant le retour à un contexte favorable. Ce panel attire l’attention des uns et des autres et donne aussi des pistes de solutions pour sortir de cette crise multidimensionnelle que traverse notre pays le Burkina Faso.

« Nous avons échangé sur les problèmes de fond de l’économie »:  Daouda Zongo, DG de l’Agence Faso Baara

Je pense que ce panel est quelque chose de très utile, puisqu’il permet d’échanger sur les problèmes de fond au niveau de l’économie, mais également de lancer des propositions de solutions. Je pense que tout le monde est d’accord que l’économie ne se porte pas bien. Ce panel vient donc à point nommé et il est important que ce genre de rencontre soit multiplié pour qu’on puisse discuter face à face plutôt que chacun s’asseye dans son salon, avec les réseaux sociaux (…). Quand on vient et on se confronte comme ça, les contradictions s’invitent et je pense que c’est de là que peuvent rejaillir plus de vérité et de bonnes solutions.

« Puisse la réflexion continuer pour que nous puissions trouver une voie »: Madame KONATE, conseillère GRH

Pour moi, quand on parle de tandem, c’est l’Homme qui doit être au centre. Que ce soit l’Etat, les syndicalistes, le Patronat ou les consommateurs, c’est l’Homme d’abord qui doit être au centre. En ce qui me concerne, je voulais savoir ce que l’Etat a pris concrètement comme mesures pour que nous soyons plus résilients en tant que population, parce que nous voyons que tout le monde souffre. A tous les stades de la société, très peu pourront dire que : « mon entreprise se porte bien, ça marche ». Les panelistes choisis étaient à la hauteur du thème, en témoigne la contrebalance entre l’Etat représenté par la Direction générale de l’économie et de la planification et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso et également entre le Patronat et les syndicats des travailleurs. Le modérateur, Monsieur Yaro, aussi a bien équilibré les différents points de vue. Puisse la réflexion continuer pour que nous puissions trouver une voie pour la bonne marche du tandem et ressentir effectivement au niveau des ménages que l’Etat a fait des efforts.

« C’était une grande occasion pour nous jeunes de nous informer »: P. Béni de Dieu Ilboudo, étudiant en communication

Ce panel est une grande occasion pour nous jeunes de nous informer, au regard des informations pertinentes sur la situation économique du pays que les panelistes ont mises sur la table.  Ils ont, par la même occasion, proposé des pistes de solutions, afin que nous puissions nous en sortir. Je pense que c’est l’occasion pour nous jeunes de prendre nos responsabilités pour aider le pays à se construire. Merci à L’Economiste du Faso de nous avoir invités à ce grand panel qui s’inscrit dans le cadre de son dixième anniversaire. Je profite souhaiter mes meilleurs vœux et bon vent à L’Economiste du Faso.o

Propos recueillis par Idrissa Zida (Stagiaire)

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