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Taxes sur les boissons: gérants de maquis et consommateurs à cœur ouvert

• Des chiffres d’affaires en baisse de 50%

• Diminution de la consommation chez certains, maintien du cap chez d’autres

• L’Etat tire son épingle du jeu

A en croire Tony Boya, gérant de maquis, le plus dur a été le début de l’application des nouvelles mesures fiscales .(Ph. B.K.)

C’est connu depuis la tenue d’une session inaugurale du Conseil d’orientation du Fonds de soutien patriotique (FSP) : en à peine deux mois, le gouvernement, après l’adoption de nouvelles mesures fiscales, a pu mobiliser plus de 5 milliards de FCFA en ne prélevant que des taxes sur les boissons. Tenez, ce montant représente 75% des contributions au FSP, devant des contributions volontaires, le prélèvement de taxes sur la cigarette et sur les produits importés. Le FSP, faut-il le rappeler, a été mis en place en vue de prendre en charge 50.000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs de l’armée, le contexte étant marqué par la guerre contre les groupes armés terroristes. Pour le gouvernement, le compte est « satisfaisant », bien que l’objectif soit de mobiliser, à terme, un peu plus de 100 milliards par an au profit du Fonds. Mais qu’en est-il des gérants de débits de boissons et des consommateurs ? Comment l’augmentation des taxes impacte-t-elle les affaires au quotidien des tenanciers de maquis ? Que deviennent les habitudes des consommateurs ?

A l’instar de cette consommatrice, nombreux sont ceux qui ne trouvent pas d’inconvénients à payer plus pour boire, au nom du soutien à l’effort de guerre. (Ph. B.K.)

Suite à l’application des nouvelles mesures fiscales -avec une taxation de 70% sur certaines boissons selon le degré d’alcool-, les distributeurs se sont vus obligés d’augmenter, à leur tour, le prix de la bibine vendue au consommateur. Une bouteille de bière jadis cédée à 600 FCFA se vend désormais à 700 FCFA. Et même plus, en fonction du standing du débit de boisson, comme c’est le cas à Zama Chapelle, un maquis logé dans l’enceinte de l’emblématique Maison du peuple de Ouagadougou. « Au regard de nos charges et taxes, nous ne pouvions pas vendre aux mêmes tarifs que d’autres. Et avec l’augmentation des taxes, nous ne pouvions pas non plus ne pas augmenter nos tarifs», explique son gérant, Issaka Ouédraogo.

Issaka Ouédraogo, gérant de maquis, a vu chuter de 50 % son chiffre d’affaires. (ph. B.K.)

Depuis le rehaussement des coûts des boissons, l’affluence a drastiquement baissé dans la plupart des débits. C’est bien le cas à Zama Chapelle qui compte, probablement, parmi les maquis ouagalais de renommée et qui a toujours accueilli des clients relativement en nombre.

Qui dit baisse de la clientèle dit du même coup baisse des recettes. Pour nombre des gérants de maquis, c’est une saison de vaches maigres. Lorsqu’on lui demande comment se porte financièrement son établissement  par rapport à la période d’avant le rehaussement des taxes, Issaka Ouédraogo reste peu disert et se contente de montrer d’un geste de la main l’ambiance qui règne par-là : un espace à moitié occupé par quelques clients ; un certain calme en lieu et place de petites causeries plus ou moins éclatantes ; des serveuses qui se tournent les pouces ; des boissons quasiment gelées dans le réfrigérateur, attendant désespérément d’être dégustées…. Bref, plus rien ne marche véritablement comme avant.  En témoigne son chiffre d’affaires : « Avant, nous vendions au minimum 20 caisses par jour. Cela représentait des recettes d’environ 300.000 FCFA. Maintenant, le nombre de caisses vendues par jour a chuté de près de la moitié, et donc les recettes aussi», confie le gérant.

Manager de la Paillote 1.200 Logements, un autre maquis habituellement bien fréquenté, Tony Boya confirme, lui aussi, une baisse de ses recettes, après l’augmentation des tarifs des boissons. « Un jour comme jeudi, je pouvais faire des recettes de 400.000 à 500.000 FCFA, et plus les weekends. Maintenant, les jeudis, je suis à 200.000 ou 300.000 », confie ce gérant d’autres débits de boisson de la place. « Le plus dur », dit-il, a été les premiers jours de la hausse des prix. « Beaucoup ne comprenaient pas pourquoi ajouter du jeton pour se faire servir une bouteille », explique-t-il.

Désormais, gérants et serveuses ont en face de nouveaux types de consommateurs. En clair, les habitudes de consommation ont pris un coup. « Nos clients, de façon générale, ont réduit leur consommation », constate Tony Boya. « Des clients qui prenaient, par exemple, deux bouteilles de bière, en prennent maintenant une.

Certains se contentent désormais d’une bouteille d’eau, juste pour perdre leur temps ou bavarder avec un ami », a souvent remarqué le gérant de Zama Chapelle, Issaka Ouédraogo. « Par jour, je consommais deux à trois bouteilles de bière à 500 F l’unité.

Le prix de la bouteille étant passé à 600 F, je me contente d’une bouteille par jour », confie Pascal Zabsonré, un consommateur. Pour cet agent de transport, le devoir de diminuer sa consommation est surtout lié à « un coût de la vie déjà élevé ». Quelle est la situation à Brakina/Sodibo, principal producteur?

Selon quelques indiscrètions, la baisse est confirmée sur la bière. Elle serait plus importante au niveau de la sucrérie. Mais il y a ceux qui ne semblent pas véritablement impactés. Armand So, par exemple. « Petit consommateur » comme ce fonctionnaire se considère, il reste fidèle à ses deux ou trois bouteilles en moyenne par semaine.

Béranger KABRE

Encadré

Consommateurs et gérants de maquis restent compréhensifs

Pour la plupart des consommateurs, tout comme chez les distributeurs, il n’y a pas de quoi broncher face à la nouvelle taxation de la boisson. « Il est vrai que nos dépenses augmentent, mais s’il s’agit de soutenir l’effort de guerre, ce sacrifice n’est pas de trop », estime Armand So. « Ajouter sur une bière 100 F ou 200 F, ce n’est pas rien. Mais je trouve que ça ne devrait pas nous affecter au point qu’on s’en plaigne, d’autant plus que boire n’est pas une fin en soi », se dit Naba Moïse Somé. « Je buvais trois bouteilles par jour. Au nom de la patrie, j’en consomme cinq maintenant. C’est ma modeste contribution à l’effort de guerre, du moment où je n’ai pas une grosse enveloppe à remettre aux autorités. Il faut qu’on sorte de cette tragédie qu’est le terrorisme qui nous a tant endeuillés », soutient Patrice Kouda, homme d’affaires.

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RAF

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