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Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025: est-ce réaliste sur le front agricole ?

08 filières, 592 milliards FCFA

• Deux années pour tout ca ?

• Pourrait-on se passer des lourdeurs administratives ?

Le 05 septembre 2023, les Burkinabè ont appris que leur sécurité alimentaire tient désormais à un nouveau référentiel : l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2025. Celui-ci vient un peu plus de trois mois après l’Initiative présidentielle pour la production agricole 2023-2024, validée en Conseil des ministres, le mercredi 31 mai 2023. On devrait se réjouir de la multiplicité de tels paris dont la finalité est de permettre à chaque Burkinabè de manger à sa faim. L’« offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 » ne déroge d’ailleurs pas à cette règle. Elle vise à permettre au Burkina Faso d’assurer sa souveraineté alimentaire et la création d’au moins 100 000 emplois décents dans le secteur agropastoral pour les jeunes, les personnes déplacées internes (PDI) et les volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

En présentant le projet, le ministre de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, Ismaël Sombié, a précisé que la priorité était accordée à huit (08) filières : le riz, le maïs, la pomme de terre, le blé, le poisson, le bétail/viande, la volaille et la mangue. Le coût de l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2025 est de 592 milliards FCFA. Ce montant sera financé à hauteur de 46% par les ressources publiques.  Les 54% du budget restants équivalant à 317 milliards FCFA seront financés par les ressources privées.

En regardant de près les chiffres annoncés (voir encadré), la première chose qui frappe est la durée de l’offensive : deux années. Mot pour mot, deux années pour une offensive sur un front armé peut paraitre raisonnable, mais à l’échelle d’une sécurité alimentaire d’un pays, comme le Burkina Faso surtout, on peut se poser des questions. Les planificateurs préconisent d’ailleurs des intervalles décennaux pour avoir des impacts des différentes politiques publiques.  Les initiateurs ont beau dire qu’ils vont s’appuyer sur l’existant, les obstacles aussi restent de taille : l’organisation des différents acteurs, la mobilisation de la ressource eau, la mobilisation des fonds, la dépendance vis-à-vis de l’extérieur…ce sont des données objectives qui laissent entrevoir que les « deux années » ne sont peut-être pas réalistes. Il ne s’agit donc pas d’un projet pharaonique mais d’une intervention ici et maintenant pour moissonner d’ici là. La crainte dans cette situation, c’est que la recherche effrénée de résultats dans un délai assez court entraine le saupoudrage de la situation, l’effleurement des problèmes et l’exagération des résultats. Si le pays était dirigé par un parti politique, on aurait pu dire que cette offensive s’apparente à une de ces actions à visée électoraliste, sans soubassement, qui nous plonge dans un cycle d’éternel recommencement, juste après chaque élection.

La coordination entre les différentes entités de l’Administration pourrait ralentir la mise en œuvre de l’offensive… ces « petites lourdeurs administratives ».  Le MPSR1 a formalisé la scission entre l’Agriculture et l’Eau en tant que département ministériel et le MPSR2 a maintenu cette scission. Nulle part dans sa déclaration liminaire, le ministre Sombié, à défaut d’avoir son collègue en charge de l’eau à ses côtés, n’a fait cas de la politique de mobilisation de cette ressource. Pourtant, l’agriculture et l’eau sont difficilement dissociables. Mieux, le ministre et ses collaborateurs prévoient de produire « 100 000 tonnes de poisson, afin de couvrir la moitié des besoins de consommation nationale ». Cette production poissonneuse se fera dans quelle eau ? 

Certains investissements et actions prévus tels que « la réalisation de l’opération 20 000 éleveurs de petits ruminants »  et « l’installation de 5 éleveurs de volaille dans chaque village du pays » ont besoin de plus d’explication, car ces indicateurs font déjà partie du quotidien des Burkinabè. Culturellement ou traditionnellement, une basse-cour et/ou une famille de petits ruminants font partie intégrante de chaque famille dans chaque village. La crise sécuritaire et le déplacement massif des populations ont entrainé le dérèglement de ce système, certes, mais de là à faire d’un objectif 20 000 éleveurs de petit ruminants et 40 000 éleveurs de volailles (si on part du principe que le pays a 8 000 villages) sur les 20 millions de Burkinabè, il y a encore un pas à franchir.

Moumouni SIMPORE

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