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Banques au Burkina: ce qui s’est passé en 2023

• 4.700 milliards FCFA de financement à la clientèle

• Des réformes et des difficultés en sus

• Vers plus de rachats, de fusions et d’acquisitions ?

Comment se sont comportés les établissements financiers au cours de l’année écoulée ? Pour sûr, 2023 a marqué le début d’une nouvelle dynamique dans le secteur bancaire, tant dans l’Union qu’au Burkina Faso.  Si pour le moment, les données consolidées à fin décembre 2023 sont toujours en compilation, celles de novembre 2023 montrent un secteur résilient.  « Sur la base des données de novembre 2023, nous avons une situation très résiliente de l’ensemble des banques, en ce sens que nous avons une très bonne solidité au niveau des banques, avec pratiquement 885 milliards FCFA de fonds propres. Et comme vous le savez, c’est un élément capital dans la solidité des banques, dans leur capacité à accompagner l’économie dans son ensemble. Et donc aujourd’hui, on peut dire que les banques se portent bien, avec une situation de fonds propres confortables », se réjouit le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B), Diakarya Ouattara, qui porte aussi la casquette de Directeur général de Coris Holding. Une équipe de L’Economiste du Faso l’a rencontré à son bureau, le 24 janvier 2024.

A fin novembre 2023, les 16 banques que compte le pays ont injecté 4.700 milliards FCFA d’encours de financement à la clientèle. Un chiffre en hausse de 5% par rapport à la même période de l’année 2022. Sur les dépôts collectés, le président de l’APBEF-B annonce une somme de 7.760 milliards. Avec en plus un total bilan de 8.760 milliards FCFA, le Burkina occupe la 3e place dans l’Union, derrière la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

Ce qui montre que les banques burkinabè sont dynamiques, elles sont restées très actives sur le marché.

Cependant, tout n’a pas été rose pour les banquiers autour de l’année écoulée. Le contexte sécuritaire n’a pas épargné ce secteur. Plusieurs banques ont vu leurs projets d’investissement qui concernent l’extension de leurs réseaux à l’intérieur du pays gelés. De plus, elles n’ont plus la possibilité d’avoir des transporteurs spécialisés de fonds, compte tenu du fait que certaines routes ne sont plus très accessibles. Une difficulté prise en charge par l’ABPEF-B.

« Nous avons travaillé au sein de l’association de sorte à sensibiliser et échanger avec les DG depuis 3 ans maintenant, afin que nous ayons moins de fermeture d’agences à l’intérieur du pays.

Ceci nous a amenés à avoir une collaboration concertée, à mettre en place des mécanismes de mutualisation de moyens de transport aérien pour desservir certaines localités de notre pays, et ceci, pour aussi participer à notre façon à la résilience dans notre pays et à l’effort de paix ».

Et de poursuivre que « les banques ont vraiment adhéré à ce mécanisme de mutualisation et au jour d’aujourd’hui, nous avons maintenu beaucoup d’activités dans plusieurs localités à forts défis sécuritaires et qui continuent de travailler et de mener à bien leurs activités. Ceci se fait avec un effort de coût supplémentaire, parce qu’adopter des moyens aériens pour des transferts de fonds et de personnels coûtent excessivement cher, mais les banques ont accepté de le faire pour marquer leur contribution à ces défis communs qui s’imposent à notre pays ».

Des réformes et des difficultés en sus

Septembre 2022, le début de la décision de resserrement de la politique monétaire, face à l’inflation. Le Comité de politique monétaire de la Banque centrale, pour lutter contre l’inflation au sein de l’Union, et particulièrement au Burkina, dont le taux avait atteint un nouveau record, a décidé de faire un resserrement de la politique monétaire. Une révision donc qui permet un relèvement des taux directeurs à 3 reprises, au cours de l’année 2023.

Ainsi, le taux minimum de soumissions aux guichets de prêts hebdomadaires est passé de 2,75% à 3,5% et le taux marginal, lui, est passé de 4,75% à 5,5%.

Quels impacts sur les banques ? Il faut dire que la politique monétaire s’adresse aux banques et à leurs clients. Cette mesure de la Banque centrale consiste à réguler la situation monétaire de nos Etats. En relevant les taux, les banques devraient réviser et répercuter ces taux sur les nouveaux financements octroyés à la clientèle, de sorte à éviter des prêts affectés à l’acquisition de biens de luxe, à des besoins qui ne sont pas essentiels. L’objectif est aussi et surtout de jouer sur les importations qui exposent le pays et l’Union, parce qu’elles touchent aux stocks de réserves de devises au niveau de la Banque centrale.

Autre réforme, la Banque centrale a révisé l’enveloppe de refinancement des banques. Au cours de l’année, cette enveloppe a été révisée soit en baisse, soit en hausse. « Il y a eu pas mal de mouvements autour qui ont perturbé un peu les actions des banques. Elles étaient dans une phase ou elles n’avaient pas assez de visibilité sur la conduite à tenir, cela devient difficile pour les banques de financer sereinement l’économie », a confié M. Ouattara.

Toutes ces situations subies par les banques les ont contraint à la prudence. « Nous n’avons pas encore le bilan à fin décembre, mais nous pensons que ces mécanismes ont joué un peu sur la progression que l’on pouvait avoir sur le financement de l’économie de façon globale. C’est vrai que nous aurons une croissance, mais le fait que la croissance du crédit à l’économie devait être encore plus forte, s’il n’y avait pas eu ces chocs de liquidité que les banques ont connus », a justifié le patron des banquiers du pays.

L’actualité des banques est aussi l’arrivée d’un nouveau Directeur national, Badiel Armand, qui est venu du siège de la Banque centrale à Dakar et qui a remplacé à ce poste Ki Zerbo.

Le projet de loi bancaire uniforme, l’actualité

Au cours de l’année 2023, la Banque centrale, pour sauvegarder la stabilité financière, a fait plusieurs réformes. Non seulement elle a renforcé ses contrôles au niveau des banques, sur le règlement, sur les relations financières extérieures, mais elle a aussi adopté un certain nombre de textes pour renforcer la résilience des banques. Et au titre de ces textes, il y a le projet de loi bancaire uniforme, adopté en juin 2023 par le Conseil des ministres, qui est en attente d’être transposé au niveau des différents Etats pour être une loi nationale. Il s’agit d’une réforme majeure du système bancaire.

C’est une nouvelle loi qui vient prendre en compte toutes les réformes prises par la Banque centrale depuis 2017 à maintenant. Depuis 2018, les banques sont passées à un nouveau dispositif prudentiel, dont Bale II et Bale III. Ces dispositions ont intégré énormément de changements au niveau de la banque. Ainsi, les banques de l’Union sont transposées aujourd’hui aux standards internationaux et sont évaluées sur les mêmes indicateurs du comité de Bale. Pour le cas de la zone Umoa, la Banque centrale a voulu appliquer ces réformes de façon progressive.

Ainsi, il a été défini un délai de 5 ans pour transposer ces dispositifs prudentiels, ainsi que les circulaires sur les différents métiers de la banque. Ce qui a permis, même sur le renforcement prudentiel, de faire des ratios de façon progressive. Et cette transposition était censée se terminer en 2021, mais avec la Covid, elle est passée en 2022, de sorte qu’aujourd’hui, les banques se sont mises pratiquement en conformité et la nouvelle loi bancaire a intégré tous ces éléments, ce qui va permettre une bonne résilience du système bancaire. Il reste maintenant aux Etats de transposer ces lois au plan national, dans l’Administration.

ESS

 

Filet

Retour sur l’augmentation du capital social

C’est justement pour mettre en œuvre ces lois que la Banque centrale a décidé de porter le capital des banques de 10 à 20 milliards FCFA, dans l’optique de consolider et rendre les banques beaucoup plus fortes. Quel impact cette décision aura sur les banques nationales ?

Au Burkina Faso, 11 banques n’ont pas un capital de 20 milliards FCFA minimum. 3 ont un capital de plus de 20 milliards, CBI (avec 32,5 milliards) ; BOA (22 milliards) et IB Bank (22 milliards). Sur les 16 banques du pays, il y a encore 11 qui ont un capital entre 10 et 18 milliards, parmi elles, il y a deux succursales, CBAO et Orabank, qui ne sont pas concernées par cette mesure. Celle-ci ne touche que les banques et leurs filiales, mais pas les succursales.

Mais le président des banquiers s’est voulu rassurant : « sur ces 11 banques, aujourd’hui, 4 seulement auront à injecter de l’argent dans leur capital. Les autres disposent d’autres fonds de capitaux propres que sont les différentes réserves et les reports à nouveau et même des comptes courants actionnaires, etc. ». Ces 4 banques ont 3 ans pour se conformer au capital de 20 milliards. Pour Diakarya Ouattara, il s’agit d’une mise en conformité qui se fera avec aisance.

Tende-t-on vers des ventes, des rachats, des fusions et des acquisitions ?

« Oui. Vous avez raison », affirme M. Ouattara. Et d’expliquer que « l’objectif de la Banque centrale, en augmentant le capital, est de consolider le système bancaire de sorte à avoir des banques plus fortes, avec de grandes capacités. De plus en plus, nos opérateurs économiques ont de moins en moins de possibilité d’aller lever des ressources à l’extérieur, donc il est bon que nous ayons des banques de taille critique qui puissent permettre de financer beaucoup de projets d’infrastructures, de développement des Etats et aussi le financement des grands projets industriels ».

Selon le banquier, il faut faire en sorte que les banques qui naissent puissent être solides, ouvertes et qui ne soient pas élitistes. « Lorsque vous avez des filiales de multinationales qui sont en train de quitter le pays, on peut dire que ce sont des banques qui finançaient des secteurs donnés, des clients donnés qui étaient des filiales de multinationales installées en Afrique et qui géraient leurs sociétés. Ces filiales bancaires étaient là pour justement accompagner ces entreprises. Et donc, ce n’est pas forcément de ces banques dont l’Afrique a besoin. On a besoin de banques qui comprennent notre environnement, les enjeux du développement économique de nos pays et qui puissent accompagner tous les segments de l’économie. C’est cela notre vision de la banque », a-t-il conclu.

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RAF

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