• Avec un capital social de 6 milliards FCFA
• Pour créer de milliers d’emplois
• 11 milliards FCFA pour le rachat des actifs
Après 16 ans d’interruption, soit depuis 2008, l’entreprise de production de boissons, Brasseries du Faso (BRAFASO), sise à Komsilga, à un jet de pierre de la capitale Ouagadougou, est en train d’être sauvée par le gouvernement. La bonne nouvelle a été annoncée par le Conseil des ministres du mercredi 23 octobre 2024 dont le compte rendu a acté, à travers un décret portant création d’une société à économie mixte dénommée Société Nouvelle-Brasserie du Faso, en abrégé « SN-BRAFASO ».
L’adoption de ce décret consacre la création de la SN-BRAFASO en tant que société à économie mixte à participation publique majoritaire. « Cette création entre dans le cadre de la refondation de l’Etat et du contrôle des secteurs stratégiques engagés par le gouvernement, le ministère en charge de l’industrie a été instruit de prendre des dispositions idoines pour la relance des activités de l’ex-BRAFASO, entreprise parapublique liquidée, dont le patrimoine a été transféré à l’Etat », peut-on lire dans le Conseil des ministres.
Avant la création de « SN-BRAFASO », un autre Conseil des ministres, celui du 17 juillet 2024, finalisait le rachat des actifs de Brafaso avec un montant total de 11.100.000.000 FCFA TTC, qui a servi au financement des activités de relance de l’usine par la réalisation d’infrastructures et l’acquisition de biens et services identifiés dans des délais réduits.
Le montant ci-dessus cité devrait servir à la mise en place d’un système de marquage et de traçabilité des produits au Burkina Faso, l’acquisition d’équipements, la réalisation des travaux de réhabilitation des infrastructures du site de l’ex-BRAFASO, l’acquisition de matières premières dans le cadre du démarrage de l’ex-BRAFASO, la fourniture de prestations de transport et de transit de matériel ; la réhabilitation de la clôture et de la construction de guérites à l’ex-BRAFASO. Il s’agit d’un ensemble de projets spécifiques au titre de l’année 2024 du ministère du Développement industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes entreprises.
Le financement est assuré par les comptes Trésor « relance BRAFASO » et « restructuration des entreprises en difficulté », gestion 2024. Pour le gouvernement burkinabè, en actant la création de la SN-BRAFASO en tant que société à participation publique majoritaire, aura pour impact : la réaffirmation du rôle de l’Etat-stratège dans le cadre de la politique nationale de relance industrielle, la réduction du chômage des jeunes qualifiés, la transformation des matières premières locales inhérentes à la fabrique des boissons et la réduction de l’importation des boissons au profit des consommateurs.
SN-BRAFASO : limonaderie et une brasserie
La nouvelle Brafaso a un capital fixe de 6.000.000.000 FCFA. La participation de l’Etat est fixée à 4.200.000.000 FCFA, représentant 70% du capital social. Celle du secteur privé est de 1.800.000.000 FCFA, représentant 30% du capital social de la SN-BRAFASO.
Une fois ouverte, la société devra mettre à la disposition des consommateurs, la fabrication et la vente de tous produits industriels, finis ou semi-finis, la fabrication et la vente de bière, de malt, de boisson alcoolisée, de vin, de liqueur, de boisson gazeuse, de jus de fruits, l’entreposage frigorifique, la fabrication de glace, l’achat, la vente, la transformation de tous produits servant à l’exploitation de ses industries et la production et/ou les achats de boissons, alcools et marchandises diverses et leur distribution sur le territoire national ou leur exportation.
A son inauguration officielle, en octobre 2004, Brafaso nourrissait de grandes ambitions, celles de devenir la plus grande brasserie de la sous-région ouest-africaine. Bâtie sur une superficie de 100 hectares, Brafaso était dotée de deux sections, une limonaderie d’une capacité de 235.000 hectolitres/an et une brasserie d’une capacité de 480.000 hectolitres/an. L’entreprise devrait absorber 600 emplois directs et plus de 7.500 indirects. Il faut rappeler que l’arrêt des activités de Brafaso, en 2008, faisait suite à de nombreux déboires judiciaires. o
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré 1
Où en sommes-nous avec les milliards FCFA de la STFL ?
En rappel, la STFL a aussi connu de nombreuses malversations financières ayant entrainé l’arrêt de ses activités de construction et de démarrage de l’usine. Au départ, le projet était d’un montant de 8 milliards FCFA, mais au fil des ans, l’usine n’avait toujours pas vu le jour (chantier non achevé), et pire, elle avait déjà englouti la somme de 17 milliards FCFA. Du reste, à ce propos, le dernier rapport de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC), portant sur des investigations menées en 2015, dresse l’inventaire des actes de mauvaise gestion et pointe la responsabilité de la toute première Directrice générale entre mars 2009 et septembre 2013. Selon l’ASCE-LC, 2,1 milliards FCFA devraient lui être réclamés.
Encadré 2
A quand la reprise des activités de la STFL de Loumbila ?
Après la reprise en main des sociétés stratégiques telles que SN-Sosuco, Brafaso, le gouvernement burkinabè devrait aussi se pencher sur la relance de la Société de transformation de fruits et légumes (STFL), située à Loumbila. Sa réouverture tant annoncée n’a jamais pu voir le jour et ce, malgré l’intérêt des partenaires financiers tels que la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC). Cette banque a octroyé un prêt de 4,7 milliards FCFA à la STFL pour la construction de l’usine. En rappel, la signature d’accord de prêt a eu lieu le 19 octobre 2018, à Ouagadougou, entre le président de la BIDC, Mamman Bashir Ifo, et la ministre en charge de l’économie, Rosine H. Coulibaly. Ce montant devrait permettre l’achèvement du chantier et des travaux complémentaires. Créée le 6 mars 2009, la STFL avait pour ambition de mettre sur le marché burkinabè, 250 tonnes de tomates et 240 tonnes de mangues en concentrées par jour.
Cette vision doit, à terme, limiter les importations de ces deux produits prisés par les consommateurs, et par ricochet, être créatrice de valeur ajoutée et d’emplois.