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Pénurie d’huile sur le marché: «L’usine souffre d’une insuffisance d’approvisionnement en matières premières», Ibrahim Traoré, DG SN-CITEC

• 5.000 tonnes de graines de coton, la quantité minimale pour lancer la production

• Reprise de la production le 25 janvier 2025, avec 2.860 tonnes réceptionnées

• La production en arrêt depuis le 8 février 2025

Sur les rayons des alimentations et autres super marchés, ce sont pour la plupart des marques étrangères. Plusieurs marques, plusieurs produits à des prix souvent beaucoup plus chers. L’Economiste du Faso, qui a été interpellé sur le constat, a approché la SN-Citec, leader dans le marché, pour comprendre cette «pénurie en cours» sur le marché. Son DG, Ibrahim Traoré, se veut rassurant.

L’Economiste du Faso : Ces derniers jours, plusieurs consommateurs disent avoir du mal à trouver de l’huile sur le marché. Quelle est la situation actuelle de la production d’huile à votre niveau ? 
Ibrahim Traoré : Avant tout propos, permettez-moi de féliciter les acteurs de l’industrie pour leur résilience face aux chocs endogènes et exogènes.
Aussi, il convient de rappeler que le secteur de l’huilerie qui est le nôtre est actuellement composé de 85 unités de transformation de graines de coton dont près de 60 unités sont fonctionnelles (Cf : Rapport du groupe de travail identification des huileries, juillet 2022).
Malgré ce nombre, force est de constater qu’il n’existe aucun lien entre la quantité de graines de coton huilerie produite et l’offre de l’huile alimentaire de la production nationale !
Pour répondre à votre question, nous voulons, au nom de la Direction générale de la Société, exprimer notre regret à la communauté des consommateurs pour la rupture de nos produits dans les rayons.
Cette situation est due à l’arrêt de l’usine depuis fin avril 2024, pour manque de matière première. A la reprise de la campagne de trituration 2024-2025, nous avons repris la production le 25 janvier 2025, avec 2.860 tonnes de graines de coton. Il faut rappeler que la quantité minimale de graines de coton pour lancer la production est de 5.000 tonnes, pour un besoin industriel journalier estimé de 300 à 400 tonnes. Avec les 2.860 tonnes réceptionnées, l’usine s’est de nouveau arrêtée le 8 février 2025, pour manque de matière première. Cette situation témoigne de la rupture chronique de la matière première pour l’approvisionnement de l’usine.

Quelle est la capacité de production de la SN-CITEC aujourd’hui ? Travaillez-vous à plein régime ou y a-t-il une baisse de production ?
Notre capacité nominale de trituration est de 120 000 tonnes de graines de coton par an, pour 11 mois d’activité. Pour cette année, on ne parlera ni de plein régime, ni de baisse de production mais plutôt d’un arrêt de la trituration pour manque de matière première.

Pouvez-vous nous donner une idée des quantités d’huile que vous mettez sur le marché chaque mois ?
En période de production normale, nous produisons de façon journalière environ 6 000 bidons de 20 litres, soit une production mensuelle de près de 180 000 bidons de 20 litres. Ces quantités peuvent varier à la baisse en fonction de la disponibilité de la matière première.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez actuellement ? Est-ce un problème d’approvisionnement en matières premières ?
Nous pouvons résumer nos difficultés en trois points. Tout d’abord, l’usine souffre d’une insuffisance d’approvisionnement en matières premières. Ensuite, le prix de cession de la graine de coton a considérablement augmenté, passant de 90 000 FCFA à 150 000 FCFA la tonne, tandis que celui du soja est passé de 285 000 FCFA à 400 000 FCFA. Enfin, les coûts de transport ont doublé depuis le début de la campagne, accentuant davantage la pression sur notre activité.

On sait que SN-CITEC utilise principalement la graine de coton pour produire de l’huile. Y a-t-il un manque de cette matière première cette année ?
Cette année, l’approvisionnement en graines de coton se révèle particulièrement complexe, en raison de la baisse significative de la production cotonnière, entraînant ainsi une réduction de la disponibilité des graines. Cette pénurie de matière exerce, premièrement, une pression considérable sur l’ensemble des triturateurs.

Y a-t-il des risques de spéculation ou de stockage abusif de l’huile par certains commerçants ?
En ce qui nous concerne, il n’y a ni stockage excessif, ni spéculation de l’huile produite de la SN-CITEC par ses grossistes agréés. Le problème réside principalement dans l’arrêt précoce de la production ces dernières années.
C’est le lieu pour nous de saluer les efforts du ministère en charge du commerce pour toutes les opérations d’assainissement entreprises et nous les encourager à poursuivre dans ce sens.

Comment contrôlez-vous la distribution de votre huile pour éviter qu’elle soit revendue à des prix excessifs ?
Au niveau des huileries, seul le prix de l’huile de la SN-CITEC est fixé par arrêté ministériel. Chaque mois, la Direction générale de la Société procède à la remise d’une décision tarifaire à ses partenaires grossistes, conformément à l’arrêté. Toutefois, il convient de souligner que le contrôle des prix relève de la compétence des autorités publiques, notamment, la Brigade mobile de contrôle économique et de répression des fraudes (BMCRF), qui est chargée de veiller au respect de la règlementation en vigueur.

Quel message souhaitez-vous adresser aux consommateurs burkinabè qui sont inquiets face à cette situation ?
Nous voulons rassurer les consommateurs que la situation est suivie de près par les plus hautes autorités du pays et que les discussions se poursuivent pour assurer un meilleur approvisionnement de l’usine en graines de coton pour la reprise effective de la production, afin d’offrir de l’huile de qualité à la population burkinabè.
Toutefois, à ce jour, avec le stock résiduel de moins de 500 tonnes de graines de coton disponible à l’usine, si rien n’est fait, nous sommes au regret de ne pouvoir garantir l’approvisionnement du marché national de l’huile Savor enrichie à la vitamine A, certifiée aux normes NBF et HACCP de notre production.
Propos receuillis par la Rédaction

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