
L’Intelligence artificielle est l’une des dernières technologies qui influencent la vie et le mode de travail des populations. Bonne ou mauvaise ? C’est selon chacun. Pour en parler, l’association Wekré innovation Burkina Faso (WIBF) a réuni, le 11 janvier 2025, à Ouagadougou, des spécialistes de la question. Communicant en marketing de formation, Djakarya Ouoba assure des formations sur l’Intelligence artificielle au profit des Burkinabè. Dans cette interview, il revient sur l’historique de l’IA, les avantages mais aussi les dangers que cette technologie représente pour les utilisateurs.
L’Economiste du Faso : Quelle définition donner à l’Intelligence artificielle ?
L’Intelligence artificielle peut se définir comme étant le domaine de l’informatique qui vise à créer des systèmes capables de réaliser des tâches qui requièrent normalement de l’intelligence humaine.
Comment a été créée l’Intelligence artificielle ?
L’Intelligence artificielle n’a pas été créée en un seul instant, mais elle est le fruit d’une longue histoire de recherches et de développements. Sans remonter trop loin, la conférence de Dartmouth, en 1956, est considérée comme l’acte de naissance de l’IA en tant que discipline scientifique. Avant les avancées que nous connaissons aujourd’hui, il y a eu ce qu’on appelle les «hivers de l’IA», des périodes durant lesquelles l’Intelligence artificielle a rencontré des difficultés. Malgré cela, de nombreuses avancées ont vu le jour, parmi lesquelles :
LISP (1958) : l’un des premiers langages de programmation dédiés à l’IA, largement utilisé dans les premières recherches en IA symbolique.
Prolog (1972) : un langage de programmation logique, utilisé pour le traitement du langage naturel et les systèmes experts.
Le Perceptron (1958) : un algorithme de classification linéaire, considéré comme l’un des premiers modèles de réseaux de neurones.
Que peut-on faire avec l’Intelligence artificielle ?
L’Intelligence artificielle peut être utilisée à de multiples fins. Pour ma part, je vais plutôt parler des IA génératives, qui sont des intelligences artificielles capables de créer du contenu original (texte, images, vidéos…) à partir de requêtes spécifiques. C’est sur ce domaine que je travaille le plus, afin d’aider les entreprises et les particuliers à gagner du temps en les exploitant.
Ces IA génératives peuvent vous aider à :
Comprendre des concepts qui vous posent des difficultés,
Ecrire vos articles journalistiques en un temps record,
Analyser vos fichiers et vous aider à faire vos transcriptions,
Assister les enseignants dans la préparation de leurs cours,
Corriger les fautes dans les documents,
Concevoir vos présentations,
Faciliter la révision des cours,
Elaborer des stratégies,
Apprendre de nouvelles compétences,
Créer des images et de la musique,
Et bien d’autres choses encore.
Quel est le niveau de pénétration de l’Intelligence artificielle au Burkina Faso ?
Le niveau de pénétration de l’Intelligence artificielle (IA) au Burkina Faso reste limité et émergent.
Vous êtes formateur dans le domaine de l’IA, l’Intelligence artificielle est-elle aujourd’hui adoptée par les entreprises burkinabè ?
Aujourd’hui, de façon générale, l’IA n’est pas encore pleinement adoptée par les entreprises burkinabè, car elles ne savent pas exactement ce que c’est ni ce que cette technologie peut leur apporter.
A titre d’illustration, lors de nos formations, la plupart des participants ont seulement entendu parler de l’IA et se déplacent pour mieux comprendre ce que c’est réellement. Le manque de connaissance sur cette technologie fait que beaucoup hésitent à s’y aventurer. Certains ont même une perception très négative de l’Intelligence artificielle, ce qui les pousse à s’en méfier. Cependant, ceux qui participent à nos formations changent non seulement leur perception de l’IA, mais tentent également de l’intégrer dans l’exécution de leurs tâches quotidiennes. Nous le savons grâce aux retours que nous recevons.
L’administration publique burkinabè utilise-t-elle aujourd’hui l’Intelligence artificielle ?
A ma connaissance, les agents de l’administration publique qui suivent nos formations l’utilisent pour gagner du temps et améliorer leur travail. Cependant, il n’existe pas officiellement de programme de formation introduit par les autorités pour faire découvrir l’IA et encourager son utilisation dans l’administration publique.
Certains parlent du danger que représente l’IA, qu’en est-il exactement ?
Je vais utiliser la métaphore de Luc Julia, le cocréateur de «Siri», pour vous expliquer simplement les dangers de l’IA. L’IA est comme un marteau : elle peut être utilisée à bon ou à mauvais escient. Tout dépend de celui qui est aux commandes. En d’autres termes, l’IA n’est pas mauvaise en soi, mais c’est plutôt l’usage que l’on en fait qui importe. Par exemple, je peux utiliser l’IA pour générer des photos, les modifier et y insérer mon visage, afin d’améliorer mon branding en ligne. En revanche, quelqu’un d’autre pourrait exploiter cette même technologie pour utiliser les images d’autrui à des fins de chantage.Vous voyez donc que c’est bien l’usage qui fait la différence.
Comment intégrer l’IA dans le quotidien des Burkinabè ?
Je pense que pour intégrer l’IA dans le quotidien des Burkinabè, il faut d’abord leur faire comprendre que cette technologie n’est pas une «sorcière», comme certaines personnes le pensent. Cela peut se faire à travers des campagnes de sensibilisation.
Je pense également que vous, les journalistes, pouvez jouer un rôle central dans cette tâche en expliquant concrètement, dans vos informations traitant de thèmes technologiques, comment l’IA peut les aider.
Un autre moyen d’intégrer cette technologie dans le quotidien des Burkinabè est de former un maximum de personnes, afin qu’elles prennent conscience de son importance et l’expliquent à leur tour à d’autres qui tenteront sans doute de l’utiliser également.
Quel avenir pour l’Intelligence artificielle en Afrique et au Burkina Faso ?
L’IA pourrait apporter de nombreux changements positifs en Afrique et au Burkina Faso, mais certains défis restent à relever.
Avantages de l’IA en Afrique et au Burkina Faso :
L’IA peut aider à prédire les récoltes, analyser les sols et lutter contre les insectes nuisibles.
Elle peut améliorer les diagnostics médicaux en facilitant l’identification des maladies.
Elle peut aider les élèves à apprendre grâce à des cours adaptés à leur niveau.
Problèmes à résoudre :
Problème d’électricité et accès limité à Internet.
Manque de financement pour les start-ups.
Pénurie d’experts : les spécialistes de l’IA partent souvent travailler à l’étranger.
Peu de formations en IA, ce qui limite le développement local de cette technologie.o
Propos recueillis par Issa SAWADOGO (Collaborateur)