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Importation massive de fils de coton étrangers: la FILSAH à bout de la concurrence déloyale ?

• 3 milliards FCFA de fils stockés en novembre 2024

• Des centaines de travailleurs en chômage technique

• Evacuation du stock et retour à l’emploi de plus de 50 travailleurs en avril 2025

Le 15 novembre 2024, la Filature du Sahel (FILSAH), par la voix de son Directeur général adjoint, Salif Konaté, attirait l’attention de l’opinion nationale sur la concurrence déloyale que vit son entreprise, due à l’importation massive de fils de coton asiatique. «Nous avons été obligés de nous séparer au moins d’une centaine de nos collaborateurs. Ce n’était pas de gaité de cœur, mais parce que nous avons nos entrepôts pleins de fils. Aujourd’hui, nous avons plus de trois milliards FCFA de fils stockés dans nos entrepôts. Cette importation frauduleuse de fils impacte beaucoup notre activité et cela pèse beaucoup sur notre trésorerie », avait-il clamé.
Cette situation avait donc entrainé une baisse des ventes, mettant en péril les emplois, menaçant l’économie locale et toute la chaîne de valeur de la filière coton au Burkina.
Comme réponse, la FILSAH a choisi d’interpeller les autorités et tous les acteurs de la filière, d’une part, et d’autre part, de rappeler que FILSAH est une entreprise burkinabè̀ qui transforme le coton local en produits de haute qualité́, soutenant ainsi l’économie nationale et créant de la valeur ajoutée. La Direction a donc lancé une « vaste campagne de communication », allant de novembre 2024 à avril 2025, en guise de riposte à une menace qui pèse sur l’entreprise.

En novembre 2024, la FILSAH avait 3 milliards FCFA de fils stockés dans ses magasins

Mais bien avant cette sortie médiatique des premiers responsables de l’entreprise, le gouvernement avait pris des mesures pour mettre la filière à l’abri de tels désastres. Le 2 juin 2023, il y a eu le décret relatif au port du Faso Danfani et du Koko Donda dans les institutions, ainsi que la généralisation de son port dans les écoles en Conseil des ministres du 4 septembre 2024. Le 24 septembre 2024, un communiqué conjoint des ministères de l’Économie et des Finances et de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat interdisait l’importation du fil de tissage et de pagne tissé.
Le 23 octobre 2024, le Conseil des ministres adopte un rapport relatif au costume d’audience des magistrats entièrement en Faso Danfani…. « Il faut reconnaitre que ce sont des mesures qu’on vient de prendre…. C’est au bout de quelques mois qu’on pourra vraiment apprécier l’impact de ces mesures. Dans l’immédiat, c’est un peu difficile, car il y avait déjà une grande quantité de fils de coton étrangers sur le marché national », avait répondu le DGA de la FILSAH, pour apprécier ces mesures.
‎Quelques mois plus tard, soit le 18 avril 2025, le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo a effectué une visite à l’usine, située à Bobo-Dioulasso. Le Premier ministre a pu constater les capacités et l’innovation de l’entreprise à transformer la fibre du coton et surtout l’opportunité d’offrir de l’emploi à plus de 450 personnes. Il a également rappelé les mesures qui ont été prises pour protéger le marché du fil contre la concurrence déloyale. Ces mesures ont déjà permis le retour à l’emploi de plus de 50 travailleurs précédemment mis au chômage technique.
Le chef du gouvernement a, par ailleurs, félicité les promoteurs et le personnel de FILSAH pour leur contribution à la vision nationale de réindustrialisation. ‎‎ « Le gouvernement est déterminé à faire du secteur industriel et de la transformation une priorité. C’est en cela que réside l’avenir d’un développement durable, endogène et souverain », a-t-il indiqué. Cette visite à la Filature du Sahel est donc un témoignage de l’engagement du gouvernement à soutenir les unités industrielles burkinabè.
Moumouni SIMPORE

Encadré

La Filature du Sahel en bref

Créée en juin 1997 et opérationnelle depuis janvier 2000, la Filature du Sahel, FILSAH SA, est une société anonyme dotée d’un capital de 2,1 milliards FCFA. Sa naissance a coïncidé avec le lancement de l’agenda coton de l’UEMOA et la liquidation de Faso Fani, la seule usine de textile du Burkina. L’objectif affiché de l’agenda coton de l’UEMOA était de transformer 25% de la fibre de coton dans l’espace UEMOA, et la FILSAH a pu tenir la tête hors de l’eau. Sa production est passée de 5.000 tonnes à 10.000 tonnes, et avec la demande croissante du marché en fils 100% coton, la Direction a dû faire l’investissement nécessaire pour satisfaire la demande en quantité, mais surtout en qualité. L’entreprise dispose d’une capacité de production de 10.000 tonnes de fil par an, grâce à une importante extension réalisée entre 2019 et 2020. Sur les cinq dernières années, sa contribution moyenne au Trésor public, sous forme d’impôts directs et indirects, s’élève à 677 millions FCFA par an.

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