
• Les potentialités de la région mises en exergue
• Un coup de pouce à l’Offensive agropastorale
• Des freins au développement du monde rural

A la 7e édition du Salon internationale de l’agriculture, de l’environnement et de l’élevage (SIAEL), en février 2024, à Komsilga, une recommandation avait été des plus pressantes : ouvrir une fenêtre sur les régions, à travers des Salons régionaux, afin de promouvoir leurs potentialités.
Un peu plus d’une année après, ce qui n’était qu’une volonté a pris corps. Jeudi 1er mai 2025, le tout premier Salon régional a, en effet, ouvert ses portes dans la région du Nord, précisément à Ouahigouya. L’initiative reste portée par l’Association pour le développement du monde rural (ADMR). Mais cette fois, l’organisation est conduite en tandem avec la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN) dont le siège a abrité l’évènement.
Pas anodin si le choix est porté sur le Nord pour ce premier rendez-vous. « Cette région, terre de courage et de tradition séculaire, est aussi une terre d’épreuve. Les conditions climatiques et environnementales y sont particulièrement rudes : faible pluviométrie, dégradation des sols, insécurité alimentaire, autant de défis qui auraient pu décourager plus d’un », a estimé Maouloud Zoubga, Conseiller technique du ministre de l’Economie et des Finances, par ailleurs représentant des parrains.
Ce mini SIAEL a mobilisé, quatre jours durant, un grand nombre d’acteurs du monde rural et d’autorités administratives, dont le ministre de l’Enseignement secondaire, de la Formation professionnelle et technique, Boubacar Savadogo, et le Gouverneur du Nord, Thomas Nyampa.
L’un des volets phares du SRAEL a été l’exposition de produits et services. Des dizaines de stands ont présenté la région du Nord dans toute sa diversité agropastorale et halieutique. Des produits maraîchers et forestiers, du bétail et de la volaille de toutes races et tous gabarits, des outils et services d’innovations agricoles et d’élevage, etc. Du Lorum, province voisine au Yatenga, Boureima Kinda est venu exposer ses ovins de plus de 500kg chacun et mis en vente à 800.000 FCFA l’unité. L’éleveur espère trouver des acheteurs professionnels et nouer des partenariats d’affaires à cette foire. Pour ce sexagénaire membre de la Fédération burkinabè des éleveurs (FEB), une telle vitrine offre de bonnes opportunités aux acteurs agropastoraux.
Ce premier SRAEL Nord est placé sous le thème : « Contribution des acteurs du monde rural de la région du Nord et des Forces de défense et de sécurité (FDS-VDP) à la souveraineté alimentaire et à l’offensive agropastorale et halieutique ». Pour le Gouverneur de la région du Nord, l’organisation de ce Salon participe effectivement à l’atteinte des objectifs de l’Offensive agropastorale. Ces objectifs sont, entre autres, l’amélioration substantielle des différents agrégats macroéconomiques pour l’édification des bases d’un développement socioéconomique durable du pays et, la création massive d’emplois décents au profit des jeunes ruraux et des personnes déplacées internes (PDI). Et qui mieux que le président du comité d’organisation du SRAEL Nord, Issouf Traoré, pour se convaincre de ceci : « En plus de nous nourrir, le monde rural nous soigne et renferme les emplois capables de résorber totalement le chômage dans notre pays ».
Outre la foire, le SRAEL a servi de cadre de réflexions, à travers des panels qui ont mis en avant des opportunités de financement de la formation professionnelle, ainsi qu’une contribution de projets à l’essor du secteur. L’édition a également permis de distinguer des acteurs qui s’illustrent dans le développement du monde rural.
Béranger KABRE (Collaborateur)
Encadré
Les défis d’un monde rural en plein développement
La variété et la qualité des produits et des services mis en exergue, lors du SRAEL Nord, témoignent d’une vitalité du secteur agropastoral et halieutique de la région. Mais, selon les acteurs de premier plan (agriculteurs, éleveurs, etc.), il y a derrière ce qui parait tout rose, de nombreux défis à relever. Au nombre de ces défis figure en bonne place celui de l’accès à l’eau. Pour de nombreux producteurs rencontrés à la foire du SRAEL, l’insuffisance de retenues d’eau dans certaines localités entrave leurs activités. A cela s’ajoute le coût élevé des intrants. « Aujourd’hui, les aliments du bétail sont relativement chers », avoue Moumouni Dem. Sans oublier les difficultés d’accès aux financements. « On peut maîtriser les meilleures techniques d’élevage, mais si les moyens financiers sont limités, cela compromet la rentabilité », analyse, par exemple, Yamba Zida, participant à la foire. Pour cet éleveur de gros ruminants, il appartient à l’Etat de faciliter l’octroi de fonds de roulement aux producteurs, afin de relever ce défi.