
• Des résultats encourageants, en un mois
• Sur une projection de levée de 340 milliards FCFA pour le deuxième trimestre
• Les investisseurs locaux en tête des souscriptions
Depuis le mois d’avril 2025, le Trésor public burkinabè a effectué trois opérations de mobilisation de ressources sur le marché des titres publics de l’UEMOA, pour un montant total retenu de 237,4 milliards FCFA. Ces émissions, composées de Bons assimilables du Trésor (BAT) et d’Obligations assimilables du Trésor (OAT), montrent une dynamique de levée de fonds soutenue.
Des résultats encourageants mais contrastés
23 avril 2025 : pour une mise en adjudication de 151 milliards FCFA, le Burkina a reçu 162,2 milliards FCFA d’offres et en a retenu 161,35 milliards FCFA, soit un taux de couverture de 107,4 % et un taux d’absorption remarquable de 99,5 %. Ces émissions étaient composées d’un BAT sur un an et des OAT sur 3, 5 et 7 ans.
Ces titres souverains présentent plusieurs avantages. Il y a d’abord, la fiabilité. Emis par les États, ils sont considérés comme relativement sûrs dans l’espace UEMOA. En plus de la fiabilité, ils assurent des revenus fixes aux investisseurs. Les BAT et OAT offrent des taux d’intérêt garantis, donc une visibilité sur les gains.
Autres avantages, c’est leur liquidité : ils peuvent être revendus avant l’échéance, notamment, sur le marché secondaire régional.
Cerise sur le gâteau, ils bénéficient aussi d’avantages fiscaux, car, dans la plupart des pays de l’Union, les revenus tirés de ces titres sont exonérés d’impôt. A noter enfin que ces titres peuvent être des alternatives aux dépôts bancaires. Dans un contexte de taux bas sur l’épargne classique, ils offrent des rendements plus compétitifs.
A la suite de la sortie réussie du 23 avril, le Burkina a lancé une deuxième émission sur le marché financier, le 7 mai dernier. L’État visait 30 milliards FCFA, a reçu 38,41 milliards FCFA de soumissions, et en a retenu 32,33 milliards FCFA, portant le taux de couverture à 128,04 %. Le taux d’absorption s’élève ici à 84,16 %, en léger repli.
Le 21 mai 2025, pour une mise sur le marché de 40 milliards FCFA, l’État a mobilisé 50,1 milliards FCFA, en retenant 43,74 milliards FCFA, soit une couverture de 125,21 % et un taux d’absorption de 87,32 %.
Qui investit dans la dette burkinabè ?
L’analyse de l’origine géographique des offres reçues montre une prédominance des investisseurs locaux, notamment, les banques et institutions financières basées au Burkina Faso.
Lors de l’adjudication du 23 avril, les soumissions burkinabè ont représenté à elles seules plus de 103 milliards FCFA, soit près de 64 % des offres reçues.
Le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Sénégal apparaissent également comme des contributeurs notables, mais dans des proportions moindres. L’engagement des autres pays de l’UEMOA reste marginal, voire nul (absence du Mali, du Niger ou de la Guinée-Bissau sur certaines lignes). Ce profil d’investisseurs témoigne aussi de la confiance des investisseurs locaux dans les titres burkinabè.
Des sorties encore attendues
D’après le calendrier annuel de l’UMOA-Titres, d’autres opérations sont prévues dans les semaines à venir pour le Burkina Faso, qui poursuit une stratégie active de refinancement et de gestion de sa dette intérieure. Ces émissions viseront à répondre aux besoins de trésorerie et à lisser le profil d’échéances. Pour les mois d’avril à juin prochain, le Burkina Faso a prévu de lever 340 milliards FCFA (contre 225 milliards FCFA en fin 2024). Le pays compte sur deux instruments essentiellement, à savoir les BAT et les OAT. Ce dernier instrument sera le plus usité durant cette période. Avec déjà plus de 237 milliards FCFA levés en un mois, le Burkina Faso démontre sa capacité à séduire les investisseurs régionaux.
NK
Encadré
Comprendre les BAT et les OAT : les deux leviers du financement public
Dans le jargon des finances publiques, deux instruments reviennent souvent lorsqu’un État lève des fonds sur le marché : les Bons assimilables du Trésor (BAT) et les Obligations assimilables du Trésor (OAT). Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays de l’UEMOA, y a régulièrement recours.
Les BAT, ce sont des titres d’emprunt à court terme, généralement remboursables sous un an. Ils servent à couvrir des besoins ponctuels de trésorerie, comme le paiement des salaires ou des dépenses urgentes. Leur intérêt est connu à l’avance, et leur durée très courte les rend particulièrement prisés des investisseurs à la recherche de rendements rapides et sûrs.
À l’opposé, les OAT s’inscrivent dans une logique de financement à moyen ou long terme. Avec des maturités allant de 3 à 10 ans, elles permettent à l’État de financer des investissements structurants ou de reprofiler sa dette. Plus longues, elles offrent, en général, des taux plus attractifs, mais demandent davantage de patience.