
• Données du cadastre minier 2023
• ITIE-BF en fait écho dans son rapport 2023
• Des traces de lithium à Banfora, Gaoua et Bobo-Dioulasso
Après l’exploitation d’or, le Burkina Faso va-t-il, dans les prochaines années, se lancer dans l’exploitation d’autres minerais jugés rares et précieux que sont, entre autres, le cobalt, le lithium ? Cette étape franchie permettra au pays d’être le deuxième pays de l’espace de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), après le Mali, qui a inauguré la mine de lithium de Goulamina, le 15 décembre 2024, dans la région de Bougouni.
Cette possibilité d’exploitation du lithium et du cobalt est confirmée par le rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives du Burkina Faso (ITIE-BF) 2023, publié en mars 2025. Sur la base des données du cadastre minier 2023, le document exploité révèle l’existence de 102 permis de recherche qui portent sur des minéraux critiques et terres rares (cuivre, zinc, cobalt, lithium, etc.) L’exploitation de ces minéraux critiques et rares nécessitera des investissements financiers conséquents qui impacteront, à coup sûr, le développement socioéconomique. Ces quatre phases que sont l’exploration, le développement, l’exploitation et la réhabilitation qui permettent l’installation d’une société minière génèrent des revenus fiscaux à l’Etat. Mieux, les sociétés minières génèrent des milliers d’emplois locaux
A titre d’exemple, la mine de lithium de Goulamina (Mali), selon la chaîne panafricaine Africa 24, a nécessité un investissement de 318 millions de dollars et son exploitation générera la somme de 680 milliards FCFA de chiffres d’affaires au Trésor malien. Il faut dire que les traces de lithium enfoui dans le sous-sol burkinabè dont fait cas le Cadastre burkinabè ne sont pas vraiment un “scoop”, car d’autres structures étatiques comme celles en charge de la recherche géologique burkinabè en parlaient déjà en 2011.
Le Bureau de recherches géologiques et minières et le Bureau des mines et de la géologie du Burkina Faso ont réalisé, à l’époque, une étude géochimique régionale sur des sédiments dans le Sud-Ouest (Gaoua) et des Cascades (Banfora), ainsi que la frange sud des Hauts-Bassins (Bobo-Dioulasso). Les résultats ont montré des zones potentiellement minéralisées. Cette révélation administrative sera plus tard confirmée par une société minière privée exerçant au Burkina Faso. Le 15 juin 2023, la société australienne Red Rock Resources Plc révélait, dans un communiqué, avoir découvert des traces de lithium sur le nouveau permis acquis.
« Un chenal de leuco granites contenant du lithium a été identifié et traverse l’un de nos permis d’exploitation aurifère. Le centre de ce chenal cartographié, qui contient certaines des anomalies de lithium les plus élevées, se trouve sous notre permis », peut-on lire dans le communiqué. Ainsi donc, il y aurait du lithium dans la zone de Banfora et précisément sur le permis de Boulon.
Se servir des métaux précieux pour combler son déficit énergétique
De l’avis des rédacteurs du rapport ITIE-BF 2023, les minéraux critiques et terres rares en phase de découverte peuvent permettre au Burkina Faso de combler son déficit énergétique qui affecte son essor économique. Ils soulignent que le secteur extractif peut jouer un rôle stratégique dans la transition énergétique. Laquelle politique passe, d’une part, par l’exploitation des minéraux critiques nécessaires aux technologies bas carbones, et d’autre part, par l’investissement direct du secteur minier dans les infrastructures énergétiques pour alimenter les sites miniers et les zones rurales environnantes. Le document martèle que les minéraux critiques et terres rares viendront renforcer le potentiel du pays à participer aux chaînes d’approvisionnement mondiales pour la transition énergétique.
Par ailleurs, selon le rapport de cadrage de COPIL-ITIE, seules deux sociétés (SEMAFO BOUNGOU SA et Iamgold Essakane SA) sur un total de 12 en production ont intégré des sources d’énergie renouvelable en 2023.
En conclusion, le secteur extractif du Burkina Faso a un fort potentiel pour soutenir la transition énergétique, grâce à ses ressources en minéraux critiques. Toutefois, l’adoption des énergies renouvelables reste limitée, nécessitant des efforts accrus pour accélérer cette transition et maximiser les bénéfices économiques et environnementaux.
Synthèse Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré
A quoi sert le lithium ?
Le lithium, un métal alcalin, présente de nombreux avantages, particulièrement en matière de stockage d’énergie et de santé mentale. Ses batteries offrent une haute densité énergétique, une durée de vie plus longue, une recharge rapide et une meilleure performance dans les appareils portables et les véhicules électriques. En matière de santé mentale, le lithium à faible dose semble prometteur pour prévenir la démence et réduire le risque de suicide, grâce à ses effets neuroprotecteurs.
Encadré 2
A quoi sert le colbat ?
Le cobalt est un métal particulièrement sollicité par les technologies vertes mobilisées par la transition énergétique. 80 % du cobalt est consommé pour fabriquer des batteries lithium-ion. Il est aussi un composant essentiel de la vitamine B12.