
• Coût de la connexion fixe et mobile élevé
• Partage limité des infrastructures
• Le privé comme partenaire fiable pour l’atteinte des objectifs

«Construire des voies durables et inclusives pour le développement », c’est sous ce thème que s’est tenu les 28 et 29 mai 2025, à Ouagadougou, le premier Forum sur le secteur privé au Burkina Faso. Organisé par la Banque mondiale, le gouvernement du Burkina Faso et la Confédération générale des entreprises du Faso (COGEF), le Forum a réuni des participants de plusieurs pays et a servi de tremplin pour aborder les questions de financement des entreprises et de développement au Burkina Faso.
Dans le panel 4, portant sur le thème «Télécommunications et électrification en milieu rural», les panélistes, dont Kubeterzié Constantin Dabiré, Président-Directeur général (PDG) de la Société africaine d’ingénierie et d’intermédiation financières (SA2IF), ont abordé les défis liés aux infrastructures numériques au Burkina Faso et les moyens pour le gouvernement, en partenariat avec le secteur privé, d’améliorer les infrastructures pour désenclaver les zones de production agricole et de favoriser le commerce.
Coût élevé d’accès à Internet au Burkina Faso
Selon les experts, le Burkina Faso dispose d’une connexion à haut débit de bonne qualité. Aussi, en termes de nombre d’abonnés unique, le pays des Hommes intègres enregistre 37,8%. Ce qui démontre qu’il dispose d’un taux d’accès acceptable, même s’il faut encore rendre disponible l’Internet au plus grand nombre de Burkinabè.
Même les chiffres en matière d’accès à l’Internet sont satisfaisants, il reste des défis auxquels le gouvernement devra s’attaquer. Le coût de la connexion fixe et mobile au Burkina Faso reste l’un des plus élevés de la sous-région. Le gouvernement, selon Dr Aminata Zerbo/Sabané, ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, en est conscient et y travaille. « Aujourd’hui, même si l’accès à Internet n’est pas encore retenu comme un droit fondamental, les voix s’accordent pour dire que c’est un besoin social de base. Donc, ça veut dire qu’aujourd’hui, accéder à Internet, c’est important. Important pour le développement du pays, des entreprises et pour le bien-être des populations », a-t-elle relevé.
Au nombre des défis figurent le partage limité des infrastructures et le coût élevé de la connexion. Selon Dr Sabané, pour y remédier, son département a décidé d’actionner sur 5 leviers. Il faudra, de son avis, créer un environnement propice à mettre en place en favorisant le partage d’infrastructures, assurer la couverture des zones blanches qui sont des zones rurales qui ne sont pas inscrites dans le cahier des charges des opérateurs, rendre disponibles les terminaux (téléphones) pour pouvoir accéder même à ces services-là. La ministre de la Transition digitale a aussi appelé les opérateurs à tout mettre en œuvre pour réduire le coût de la connexion au Burkina Faso.
Le privé comme partenaire fiable pour l’atteinte des objectifs
Les défis sont nombreux et nécessitent la contribution de tous les acteurs de la société. Le secteur privé peut, dans un partenariat bien établi avec le public, jouer un rôle important dans l’atteinte des objectifs. C’est du moins la position défendue par M. Dabiré, PDG de SA2IF, au cours du panel. « Au cours de la présentation, nous avons tenté de démontrer qu’effectivement, le secteur privé a un rôle à jouer au Burkina dans le développement des infrastructures numériques, dans le cadre de l’accompagnement du gouvernement qui est le principal acteur qui définit la politique nationale en matière d’infrastructures, donc d’infrastructures numériques », a-t-il indiqué.
L’accompagnement du secteur privé peut se faire, selon l’ancien cadre de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), par l’apport des financements, la construction des infrastructures, la maintenance et l’exploitation des réalisations. « Nous avons montré également que ce développement des infrastructures, notamment numériques, avait un effet sur l’économie nationale, un effet sur l’amélioration des conditions de vie », a affirmé M. Dabiré.
Pour un partenariat public-privé réussi, il est nécessaire pour les deux parties de mettre en place un cadre de dialogue, afin que le gouvernement exprime clairement ses attentes au privé pour que ce dernier connaisse le rôle qu’il doit jouer. Et pour encourager le privé à investir dans les infrastructures numériques, Constantin Dabiré pense qu’il faudra aussi prendre des mesures fiscales incitatives au bénéfice du privé, comme cela se fait au niveau de l’énergie solaire.
Le gouvernement et les institutions de financement devront, dans la même logique, faciliter l’accès aux financements aux entreprises. « Il suffit de définir clairement le projet, les objectifs du projet, d’avoir le business plan autour du projet, les montants recherchés. Sur la base de ce montage, on peut effectivement aller rechercher des ressources sur le marché financier, pour financer des infrastructures. On peut le faire soit au profit du gouvernement, soit au profit des entreprises. Les entreprises à qui on confie des marchés dans le domaine des infrastructures, des marchés dans le domaine des infrastructures numériques, peuvent aller sur le marché, c’est la première condition, pour aller mobiliser des ressources, sous forme d’emprunts obligataires ou d’autres formes d’instruments, en vue de réaliser ces infrastructures. C’est même ce qui est conseillé, pour pouvoir diversifier les sources de financement », a ajouté le patron de SA2IF.
Issa SAWADOGO (Collaborateur)
Encadré
Le Forum secteur public-privé en bref
Le premier Forum secteur public-privé s’est tenu sous le thème « Construire des voies durables et inclusives pour le développement ». Il a servi de cadre de discussions sur le devenir des entreprises burkinabè. Au total, 8 panels sur des thématiques différentes ont été animés par des spécialistes venus du Burkina Faso et d’autres pays. Le Forum a enregistré la présence de 4 membres du gouvernement, dont le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Aboubakar Nacanabo, et sa collègue de la Transition digitale, Dr Aminata Zerbo/Sabané.