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Dossier

Vie chère: le boom des seconds boulots

Pour Souleymane Sama, les salaires ne suffisent pas à résoudre les problèmes de trésorerie. (DR)
Pour Souleymane Sama, les salaires ne suffisent pas à résoudre les problèmes de trésorerie. (DR)

Un seul chemin ne remplit pas le marché, a-t-on coutume d’entendre de la part du commun des Burkinabè pour justifier l’exercice d’au moins deux métiers par une même personne.

En effet, ils sont nombreux, et même très nombreux, les travailleurs qui ont d’autres occupations après leur descente du boulot, donc un second boulot.
Dans la Cité du paysan noir, Banfora, plus d’un ouvrier de la Sn Sosuco dispose d’un atelier en ville où il s’attelle à produire pour satisfaire des commandes moyennant une rétribution. C’est ainsi que plusieurs ateliers de soudure, de tournage, de menuiserie, des studios de photo-camera, des maquis sont gérés par des ouvriers de la Nationale du sucre, dès qu’ils bouclent les 8 heures quotidiennes à la Sn Sosuco.
La Sn Sosuco est certes le premier pourvoyeur d’emplois dans la région des Cascades, mais ce ne sont pas uniquement les ouvriers de cette entreprise qui peuplent la ville de Banfora. On rencontre dans cette ville aussi bien des agents de l’Etat parmi lesquels certains mènent des activités lucratives en dehors de leur profession : commerçant(e)s, démarcheurs de parcelles à usage d’habitation, électriciens et électroniciens, tenanciers de buvettes qui sont à la fois fonctionnaires ou ouvriers d’une entreprise.
Même si certains d’entre eux se réfugient derrière la raison qui veut que leur entreprise ne les emploie pas à plein temps, alors qu’ils maîtrisent l’exercice d’autres métiers, la plupart avancent des raisons économiques. «Les salaires ne suffisent pas à résoudre nos difficultés financières», explique Souleymane Soma. Pour lui, il n’a pas d’autre choix que de faire tourner son garage auto. Les besoins de la famille sont tels qu’il ne saurait se contenter de la seule paie de son employeur. C’est plutôt une chance, estime-t-il, de pouvoir exercer un autre métier lorsqu’il n’est pas de quart. A la question de savoir si la gestion de son garage n’impacte pas sa rentabilité à la Sn Sosuco, Soma est catégorique: «Pas du tout. Lorsque je monte à 6 heures, je descends 8 heures plus tard. Donc si je monte à 14 heures, je finis à 22 heures et lorsque j’arrive à l’usine à 22 heures, c’est pour ne revenir en ville qu’au petit matin. Donc, c’est lorsque je ne suis pas de quart que je m’occupe de mon garage».
Sa réponse, il faut le dire, n’est pas partagée par certains employeurs ou chefs de service qui aimeraient que l’activité professionnelle de leurs employés se déroule au sein de l’entreprise exclusivement.
De l’avis de l’inspecteur du travail et des lois sociales, Djakaridja Soulama, en poste à la direction régionale du Travail des Cascades, l’exercice d’un second métier vise nécessairement à arrondir les fins du mois et à organiser au mieux sa vie. L’avis de ce dernier est partagé par Souleymane Soma, instituteur en poste à la Dpena/ Comoé, qui soutient que le salaire du fonctionnaire burkinabè, malgré les efforts consentis dernièrement par l’Etat, reste insuffisant.
La plupart des agents de l’Etat ont des crédits bancaires et une fois la traite passée, le reste ne peut pas boucler les 30 jours du mois. Selon des estimations, indique ce dernier, le fonctionnaire moyen a besoin d’au moins 130.000 F CFA dans lesquels les dépenses de prestige et de loisir telles que prendre un pot après le boulot ou pendant le week-end ne sont pas comprises. (Voir détails dans le tableau).
Selon l’inspecteur Soulama, il convient toutefois de préciser que pour le cas de la Sn Sosuco, la plupart des ateliers que gèrent les ouvriers ne font pas de la concurrence directement à l’entreprise, dans la mesure où l’électronique, la menuiserie, la vente d’alcools ou la soudure, qui sont les activités les plus fréquentes, sont différentes de la production et de la vente du sucre qui est l’apanage de leur employeur.
Cependant, il relève qu’il peut arriver que l’activité que mène l’ouvrier hors de l’usine perturbe la production au sein de cette entreprise. Et, poursuit-il, si la Sn Sosuco établit la preuve que c’est ce second boulot qui pose problème dans l’efficacité et la rentabilité de l’ouvrier, elle peut entrer en discussion avec celui-ci dans le souci de trouver un terrain d’entente. Par contre, reprend notre interlocuteur, si par exemple un agent de la Sonabel qui est une entreprise de production d’électricité met en place une société plus ou moins similaire, qui fait dans les plaques solaires, en ce moment, il fait forcément concurrence à son employeur. «Ce qui n’est pas normal», dit-il.
Cependant, fait-il savoir, la situation est plus délicate pour les fonctionnaires de l’Etat car, explique-t-il, lorsqu’on est fonctionnaire, la loi dit qu’on doit consacrer toute son activité professionnelle à l’Etat. C’est dire qu’on ne devrait pas mener une activité privée. A entendre monsieur Soulama, c’est ce qui occasionne les prête-noms où très souvent c’est le couvert du nom du conjoint ou de la conjointe qui est mis en avant. Précision du spécialiste du droit du travail, les ateliers des ouvriers salariés ne sont pas dirigés directement par eux-mêmes. Et sauf pour certaines commandes qui exigent que des objets soient fabriqués par eux-mêmes parce qu’ils sont seuls à en maitriser la technique, ces promoteurs d’ateliers ont des chefs d’ateliers et des apprentis qui font tourner l’unité, même en leur absence.


 

Sy Amir Lookmann

Au Burkina Faso, la loi permet aux travailleurs, aussi bien civils que militaires, de mener certaines activités. Elle dispose que le fonctionnaire peut en toute liberté faire de l’agriculture, de l’élevage ou de l’artisanat. Il peut aussi faire des productions littéraires. Selon les techniciens du travail et des lois sociales, ce sont des activités qui ne sont pas prises en compte dans le commerce.o

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