Dossier

Entreprises sinistrées, un an après : L’équation du plan de soutien

Un an après l’insurrection populaire qui a occasionné d’importants dégâts matériels en plus des pertes en vies humaines, la situation des entreprises sinistrées reste en l’état. Selon une étude de la Chambre d’industrie et de commerce, aux lendemains de la crise, c’est au total 106 entreprises sur l’étendue du territoire national qui ont été victimes d’actes de saccages et de pertes de matériels. 63% d’entre elles ont été recensées à Ouagadougou. Le nombre d’emplois perdus avait été estimé à 7.300.

En raison de la contribution des entreprises au rayonnement de l’économie nationale et aussi de leur rôle en termes de création d’emplois, tous les avis s’accordent sur le fait que l’Etat doit aider les entreprises affectées à se remettre de cette dure épreuve. Mais quelle doit être la forme de ce soutien? Toutes les entreprises touchées doivent-elles être traitées de la même manière ? De quoi ont-elles besoin chacune afin que le coup de pouce soit efficace ? Il s’agit là de questions pour lesquelles les réponses ne coulent pas de source, visiblement. Les entreprises sinistrées ne se sont pas retrouvées dans cette situation pour les mêmes raisons. Il y a celles qui ont été clairement condamnées par l’esprit punitif des insurgés pendant les journées chaudes. D’autres sont tout simplement des victimes plus ou moins collatérales. De ce fait, certains cas restent délicats à traiter dans un contexte où l’émotion de l’insurrection est encore présente.
C’est ainsi que toutes les structures qui ont eu à travailler sur le cas des entreprises sinistrées ont soigneusement évité d’aborder le volet dédommagement. Jusqu’au rapport de la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR), le travail sur cette situation s’est limité à dresser l’état des lieux des entreprises sinistrées. Sur le volet réparation, on a tout simplement botté en touche. L’étude de la Chambre de commerce n’avait pas proposé une formule de dédommagement. Pareil pour le Comité ad hoc, qui a été chargé de faire le point sur les atteintes aux droits humains au cours de l’insurrection. En esquivant ce chapitre complexe, le comité ad hoc avait choisi de recommander sa prise en compte par la Commission de réconciliation nationale et des réformes. C’est le 14 septembre dernier que la CRNR a déposé son rapport, mais il va falloir encore attendre de connaitre quel sera véritablement le sort réservé aux entreprises sinistrées. La question a été étudiée, mais n’a pas été définitivement tranchée. Si la CRNR a recommandé clairement le dédommagement des familles des martyrs de l’insurrection, la prise en charge des blessés, elle a été moins péremptoire pour le cas des entreprises sinistrées. Sa proposition sur cette situation table sur une étude de ce chapitre au cas par cas. On devrait bientôt connaitre le contenu réel d’une telle proposition. Lors du Conseil des ministres du 8 octobre 2015, le gouvernement s’est engagé à une mise en œuvre diligente de la procédure législative d’adoption des projets de textes proposés par la CRNR. C’est certainement avec cette étape que les détails concernant les recommandations de la CRNR pourront être fixés. Au-delà du fait que la question du soutien aux entreprises sinistrées soit délicate, elle semble également ne pas constituer une priorité pour le régime de la transition. La transition s’est plus intéressée au cas des martyrs, des blessés, des réformes avec le vote des textes législatifs, des préparatifs des élections et aujourd’hui des questions sécuritaires. Par ailleurs, la tentative de putsch du 16 septembre dernier a fait une nouvelle liste d’entreprises sinistrées. Les entreprises sinistrées sont toujours dans l’expectative d’un éventuel plan de soutien. Mais, à l’allure où va la transition, son effectivité risque de se faire hors des délais de la transition.
Karim GADIAGA

Tabeau


 

Des PME ont reperis sans le soutien de l’Etat

Au-delà de Ouagadougou, qui a enregistré 63% des entreprises sinistrées, d’autres villes comme Koudougou (16,83%), Bobo-Dioulasso (7,92%), Tenkodogo (3,96%), Ouahigouya (2,97%) et Fada N’Gourma (2,97%) sont également concernées par la situation, selon l’étude de la Chambre de commerce.
Ces entreprises sinistrées sont de diverses tailles. Selon les chiffres d’affaires de 2013, près de 54% des entreprises sinistrées sont de très petites ou de petites entreprises réalisant moins de 100 millions de chiffre d’affaires. Les grandes entreprises réalisant plus de 500 millions de chiffre d’affaires représentent un peu plus de 17% de celles sinistrées. Sans attendre le soutien de l’Etat, la plupart des entreprises sinistrées ont aujourd’hui repris leur fonctionnement. Il reste à présent à retrouver le rythme normal et à payer les prêts financiers qui ont certainement permis la relance des activités. C’est à cela que le soutien de l’Etat devait servir.

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