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SN-SOSUCO: une grave crise sociale

La crise qui oppose les travailleurs de la SN-SOSUCO à la direction générale de l’entreprise depuis le 9 novembre 2015 a atteint des proportions inquiétantes. Depuis cette date, l’usine ne fonctionne plus. Les travailleurs insurgés interdisent son accès aux membres de la direction générale. Du coup, plusieurs médiations ont tenté d’obtenir des travailleurs la révision de leur plateforme revendicative afin de permettre la reprise de la production du sucre, en vain. Tous les médiateurs ont échoué face à l’intransigeance des deux parties. Les positions semblent difficilement conciliables.

Omar Soma (mégaphone) s’adressant aux autorités de la région. (DR)
Omar Soma (mégaphone) s’adressant aux autorités de la région. (DR)

Sibiri Sanou, secrétaire général du ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (MICA), était la première personne à rencontrer les différents protagonistes. C’était le 12 novembre 2015 alors qu’il a prévu de visiter l’usine de Bérégadougou. C’est même une fois arrivé à Banfora qu’il a été informé qu’une crise sévissait à la SN-SOSUCO et qu’il ne pouvait pas la visiter. Sine die, il décide en lieu et place de la visite d’écouter les parties en conflit et d’en aviser sa hiérarchie.
Après le SG du MICA, c’était au tour de Léontine Zagré, gouverneur de la région des Cascades, de rencontrer tour à tour les travailleurs, les populations des villages riverains et la direction générale de l’entreprise. Son objectif, le 16 novembre 2015, était d’obtenir des concessions de part et d’autre afin de permettre à l’usine de redémarrer, puisque c’est seulement deux ou trois semaines après le début de la campagne que cette crise à éclater.
A la suite de ces deux premiers échecs, Hyppolite Da, patron du MICA, a effectué lui-même le déplacement de Banfora le 21 novembre 2015 toujours dans le souci de calmer les tensions. Lui non plus ne parviendra pas à rapprocher les positions qui sont restées très tranchées. A chacune de ces médiations, les travailleurs de la SN-SOSUCO se sont fortement mobilisés à l’esplanade du gouvernorat où se tiennent les négociations, et pour celle que le ministre a présidée, les premiers responsables du groupe IPS, actionnaires majoritaires, étaient présents.Avant de rejoindre Ouagadougou le 21 novembre 2015, le ministre Hyppolite Da a pris la précaution de mettre en place un collège de médiation présidé par l’évêque du diocèse de Banfora, Monseigneur Lucas Kalifa Sanou. Cette commission chargée de créer et de mener le dialogue autour des différents points de revendication et entre les différentes parties dispose d’une semaine à partir du lundi 23 novembre 2015 pour livrer les résultats des actions qu’il aurait entreprises. Ses propositions étaient attendues à partir du 30 novembre. Jusque là, rien. La situation a empiré (lire filet ci-dessous).
Le ministre Hyppolite Da, lors de sa médiation a invité les travailleurs à revoir leur plateforme de sorte à ne retenir que des revendications relatives à leurs conditions de travail et de paie. Selon des sources concordantes qui ont pris part à la rencontre, il aurait dit aux travailleurs que le départ du groupe IPS et de la direction générale de la SN-SOSUCO dépasse les prérogatives du gouvernement. C’est pourquoi il a demandé aux ouvriers de reprendre le travail en attendant les conclusions des travaux de la commission que préside l’évêque.
Sur le champ, les représentants des travailleurs n’ont pas souhaité répondre au ministre. Ils ont demandé à rendre compte à la base avant de réagir. A l’issue de ce compte-rendu, fait le 22 novembre 2015 devant l’usine à Bérégadougou, les travailleurs se sont dit disposés à reprendre la production le 25 novembre 2015, mais sans certaines têtes de la direction générale.
Ils seraient prêts à accepter le DG Mouctar Koné pour permettre le déroulement des travaux de la commission que l’évêque Lucas Kalifa Sanou dirige. Et le 24 novembre 2015, une marche gigantesque a été organisée par les travailleurs auxquels se sont joints les habitants des villages riverains de la SN-SOSUCO, de Banfora et quelques responsables politiques. La suite, on la connait.

Sy Amir LOOKMAN


La plateforme revendicative des travailleurs

Au nombre des revendications des travailleurs, on trouve :
– Départ du directeur général Mouctar Koné, de Salamata Gnanou (Directrice des ressources humaines), de Roland Diallo (Responsable à la qualité, hygiène, sécurité et environnement), de Séraphin Dembélé (Chef de la division exploitation), de Mamadou Ouattara dit Pantiori (sans poste légal au sein de l’entreprise), de Lassané Coulibaly (Directeur approvisionnement) et du directeur des finances et de la comptabilité
– Rupture du contrat de cession de la SN-SOSUCO au consortium Sucre participation (groupement composé de IPS Côte, de Groupe FIBAKO, IVOIREMBAL, EMBALFASO, FC.SCHAFFER et les partenaires burkinabè, nationalisation de la société)
– Arrêt de la spoliation des populations de leur terre par la SN-SOSUCO et arrêt de toute velléité d’extension des surfaces exploitées
– Evaluation et respect du cahier des charges dans l’intérêt des populations affectées
– Réparation des dommages subis par les populations affectées par l’installation de la SN-SOSUCO par la réalisation d’un programme de développement intégré multisectoriel (environnemental, économique, social et culturel, etc.)
– Arrêt des placements illégaux des travailleurs et de sous-traitance, méthodes inventées par le clan François Compaoré pour piller les ressources de la SN-SOSUCO et intensifier l’exploitation des travailleurs (détournement des salaires des chasseurs DOZO, des vigiles, des femmes du service d’hygiène, des ouvriers agricoles, des travailleurs, etc.)
– Arrêt du népotisme au sein de la SN-SOSUCO et clarification des cas suspects de recrutements frauduleux
– Rupture du contrat qui lie la SN-SOSUCO à la société de transport SOB
– Relecture du statut du personnel en faveur des travailleurs
– Elucidation des fraudes et détournements d’argent à la SN-SOSUCO (cas du dossier SODISUCRE, affaire de 5 milliards de F CFA dite affaire Mathieu Bayala du nom du premier directeur installé par le groupe IPS, l’affaire d’escroquerie de 52 millions de F CFA dite affaire Kaba Demba en complicité avec les services de marketing de la SN-SOSUCO et de son DG, le contrat et la livraison du sucre entre le fils du PCA et la BRAKINA, l’affaire des tracteurs, etc.)
– Annulation pure et simple des promotions internes de complaisance de 2012 à ce jour
– Audit général de la SN-SOSUCO, arrestation et jugement des personnes coupables de malversations
– Réhabilitation des travailleurs abusivement licenciés dans leur droit (respect des décisions de justice)
– Prise en charge conséquente des travailleurs victimes d’accident de travail
– Remboursement des retenues de salaires pour fait de grève lors des journées de résistance contre le putsch du 17 septembre 2015 (cas des femmes du service d’hygiène, etc.)


Mise à mort programmée

Le 8 décembre dernier , la SN-SOSUCO est devenue un champ de bataille entre éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) appelés en renfort pour y déloger des travailleurs qui faisaient le siège de l’entreprise depuis plus de deux semaines après l’échec des différentes médiations.
Une usine à l’arrêt et des centaines de travailleurs au chômage technique pour des revendications qui n’ont plus rien à voir avec celles de départ : entre autres conditions de travail et mévente du sucre.Ces revendications sont jugées inacceptables par la direction (voir texte ci-contre) qui ne se cache plus aujourd’hui pour dire que des forces extérieures à l’entreprise sont en œuvre pour la déstabiliser.
A titre d’illustration, le fait que ceux qui font le siège soient ravitaillés régulièrement en nourriture et eau et l’implication des chasseurs traditionnels dozos dans le mouvement.Une source proche du Conseil d’administration parle d’une main invisible dont l’objectif est de voir fermer définitivement l’usine. Dans ce cas, à qui profite le crime ? En tout cas, ce serait une aubaine et un boulevard pour les importateurs de sucre. Le pays n’en mourra pas, mais la région en pâtirait. Si l’usine ferme, ce sont plus de 2.000 personnes qui seront sans emploi. Il est de l’intérêt des travailleurs et de la région que cet outil de production soit préservé pour ses retombées économiques, même si sa viabilité dans le contexte actuel suscite bien des inquiétudes.Cette crise ressemble étrangement à celle qui a fait vaciller l’usine de filature, FILSAH à Bobo-Dioulasso. L’environnement économique est difficile pour les unités industrielles nationales et les tensions liées à la gestion ne sont pas faites pour arranger les choses. C’est pour cela qu’il faut savoir raison garder et ne pas scier la branche sur laquelle on est assis. La nationalisation de cette unité proposée par certains candidats à la présidence est une des solutions.
Il faut espérer qu’elle ne soit pas seulement à l’origine du durcissement de cette crise. Au niveau du Conseil d’administration, on a fait jouer le téléphone et aucun parti ni mouvement ne se reconnait dans un quelconque soutien aux grévistes ou du moins dans certains de leurs desseins.

FW


 

Des interpellations en cours

9 novembre 2015- 8 décembre 2015. Cela faisait un mois jour pour jour que les travailleurs grévistes de la SN-SOSUCO ont pris en otage l’usine sise à Bérégadougou, une localité située à 15 kilomètres de Banfora. Ce 8 décembre 2015 au petit matin, rapportent nos sources, une équipe de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) et une de la Brigade anti-criminalité (BAC) débarquent sur le site de l’usine et demandent aux travailleurs qui y campaient de quitter les lieux que ces éléments sont venus sécuriser.
Il était 4 heures, confie un travailleur gréviste qui campait sur le site. Les travailleurs à leur tour demandent à rester à côté, mais la sécurité refuse. Toujours selon nos sources, les travailleurs seront ensuite dispersés par les forces de l’ordre; et très rapidement, la nouvelle de l’arrivée de la CRS se répand à Bérégadougou et à Banfora. La population bérégalaise se mobilise pour soutenir les travailleurs. S’en suit alors un face-à-face au cours duquel plusieurs blessés ont été enregistrés tant du côté des travailleurs et de la population que du côté des éléments de la CRS.
Certaines sources attestent qu’au moins une dizaine de civils et 4 policiers ont été blessées. Un policier aurait été gravement blessé à l’œil. Même les soldats du feu qui se sont mobilisés pour secourir les blessés ont dû replier tant les projectiles fusaient de toute part et créaient des risques. Pendant ce temps, certains travailleurs se sont mobilisés pour aller barricader la RN7. Dès lors, il n’était plus possible pour les transporteurs de poursuivre leur route vers Bobo-Dioulasso ou Banfora. Au passage, on enregistre des dégâts matériels au service motorisation, causés par un incendie.
Aux dernières nouvelles, on apprend que des interpellations sont en cours. Et même si cela reste à vérifier, la rumeur court que certains, considérés comme les meneurs de la lutte, seraient en cavale. L’usine de Bérégadougou est donc depuis le 8 décembre courant sous le contrôle de la police.

Sy Amir LOOKMAN

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