Régions

Les conséquences de l’urbanisation

 

Dans cette édition 2016 des «Perspectives économiques», un coup de projecteur a aussi été donné sur les villes durables et la transformation structurelle. Occasion pour les rapporteurs d’examiner les différentes trajectoires d’urbanisation et de montrer comment elles affectent la réallocation des ressources. Et le résultat est que le continent africain s’urbanise rapidement. Ainsi, d’après les projections, d’ici à 2030, 50% des Africains vivront dans des villes. Cette urbanisation devrait même se poursuivre, avant de se stabiliser aux environs de 56% vers 2050.
Pour les rapporteurs, «à en juger par son ampleur et son rythme, l’urbanisation simultanée de l’Afrique et de l’Asie correspond à la deuxième grande vague d’urbanisation de l’histoire de l’humanité».
La première s’étant produite entre 1750 et 1950 en Europe, en Amérique du Nord et dans une certaine mesure en Amérique latine et aux Caraïbes. La population urbaine est alors passée de 15 millions de personnes à près de 462 millions.
La vague actuelle d’urbanisation est à la fois plus ample et plus rapide. D’ici 2050, ce sont 2,1 milliards de personnes qui viendront gonfler la population des villes africaines et asiatiques. Du fait de son ampleur, la vague actuelle d’urbanisation doit suivre un processus plus respectueux de l’environnement et moins consommateur de ressources que de par le passé.
Cependant, le rapport note les conséquences de l’urbanisation sur la transformation structurelle de l’Afrique. Cette croissance s’opérant dans un monde dont les ressources sont limitées et sur lequel s’exercent des contraintes climatiques, il est important, souligne le rapport, que cette vague soit plus durable que de par le passé. En effet, à l’instar de l’Asie, l’Afrique s’urbanise à un rythme deux fois plus élevé que celui de l’Europe. L’Afrique quant à elle a connu la même évolution en 60 ans, soit près de deux fois moins de temps. Cette urbanisation a progressé de 5,9% entre 2000 et 2015. En 2015, près de 472 millions d’Africains vivaient en zone urbaine.
En 20 ans, la population urbaine a été multipliée par près de deux en Afrique, passant de 237 millions en 1995 à 472 millions en 2015. La population urbaine de l’Afrique devrait à nouveau presque doubler entre 2015 et 2035. Il n’y a pas si longtemps, en 1990, l’Afrique était la région du monde qui comptait le moins de citadins (197 millions). En 2020, l’Afrique affichera probablement la seconde plus grande population citadine au monde (560 millions) après l’Asie (2.348 millions).

Les ODD compromis
Une urbanisation rapide, accompagnée d’une transformation structurelle lente, compromet largement la réalisation des objectifs de développement définis dans l’Agenda 2063, ainsi que celle des Objectifs de développement durable. Bien que très divers, les modes d’urbanisation en Afrique sont rarement considérés comme durables sur le plan économique, social ou environnemental. Faute d’emplois productifs dans les zones rurales de la plupart des pays, la main-d’œuvre quitte l’agriculture et migre vers les zones urbaines pour occuper des emplois de services informels peu qualifiés. Aussi, l’accès aux biens publics demeure très inégal, y compris au sein des zones urbaines, ce qui met souvent en péril le tissu social, selon le rapport 2016.
Pour ce faire, il est désormais temps que l’Afrique prépare sa transition urbaine. «Pour pouvoir accueillir les citadins de demain, les pouvoirs publics et le secteur privé devront avoir investi deux fois plus d’ici à 2050 qu’ils ne l’ont fait depuis l’indépendance», a conclu le rapport.

NK


Perspectives favorables au Burkina

Les perspectives économiques en 2016 sont favorables, avec une croissance de 5 %, contre 4.8 % en 2015, grâce au retour à des institutions démocratiques issues des élections de 2015 et à la reprise des activités de production dans le sous-secteur de l’extraction, selon le rapport «Perspectives économiques 2016».
Les pressions inflationnistes devraient rester modérées autour de 2 % en 2016 et 2017, conséquence d’une bonne campagne agricole et de faibles cours du pétrole sur le marché international.
Les perspectives économiques restent également subordonnées à la capacité des nouvelles autorités démocratiquement élues à promouvoir un environnement politique apaisé pour garantir la stabilité des institutions. Le renforcement du dispositif sécuritaire en vue de faire face aux menaces djihadistes reste également un défi majeur, particulièrement après l’attaque terroriste de janvier 2016. Malgré la baisse du taux de pauvreté, passé de 46,7 % en 2009 à 40,1 % en 2014, la situation sociale reste préoccupante, notamment avec des inégalités marquées. La pauvreté apparait ainsi comme une source de fragilité potentielle. En outre, le chômage et le sous-emploi des jeunes et des femmes en milieu urbain constituent une préoccupation de plus en plus grande.
En termes d’urbanisation, le rapport constate que le pays est l’un des moins urbanisés au monde. Toutefois, la concentration des populations dans les villes s’est accélérée au cours des dix dernières années. De 22,7 % en 2014, on estime que le taux d’urbanisation pourrait atteindre 35 % en 2026. Les faiblesses enregistrées dans la gouvernance urbaine ont entrainé une prolifération des quartiers d’habitats spontanés. Le pays fait donc face à un défi économique, écologique et infrastructurel.
En outre, le régime dualiste de gestion de la terre tend à constituer une véritable menace pour la politique globale de développement du pays. Alors que les villes sont insuffisamment dotées pour assurer leur gestion durable, l’économie des agglomérations secondaires est dominée essentiellement par le secteur primaire, «ce qui constitue une contrainte à une véritable transformation des villes en pôles de développement durable», conclut le rapport.

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