Société-Culture

Grève des GSP : Toujours le statu quo

 

Le Conseil des ministres du 23 juin dernier a pris 2 décrets portant respectivement classement indiciaire des emplois des fonctionnaires du corps de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) et régime indemnitaire et avantages en nature alloués au personnel de la GSP.
L’adoption de ces décrets, selon le gouvernement, consacre une revalorisation indiciaire en vue de donner au corps du personnel de la GSP des meilleures conditions de travail. A travers ces décisions, on croyait la crise résolue. A l’annonce de cette nouvelle, l’opinion était convaincue que ces derniers pouvaient pousser un «ouf» de soulagement, de même que les justiciables, notamment les détenus de la MACO dont les dossiers sont gelés à cause de cette grève des GSP qui sévit depuis deux mois.
Que nenni! Au lendemain de l’annonce de cette décision, le syndicat des GSP est allé rencontrer son ministre de tutelle, René Bagoro, pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la décision du Conseil des ministres. Au sortir de cette rencontre, on remarquera que c’est le statu quo. Le premier responsable du syndicat, Siaka Bayoulou, explique: «Au départ, ce n’était pas une question d’adoption de décrets. Mais au cours de la rencontre avec le ministre de la Justice, il nous a fait comprendre que les décrets portaient les visas de la transition et qu’il fallait, en changeant lesdits visas, réintroduire ces décrets. C’est qui a entrainé cette nouvelle adoption. Nous sommes revenus à notre base pour rendre compte. Nous avons pu avoir une copie des décrets avec le ministre et nous nous sommes rendu compte que le fond du document n’a pas été changé par rapport à ce qui a été adopté en décembre 2015. En Assemblée générale, nous avons estimé que le gouvernement n’a pas traité de la question principale. Par conséquent, le mouvement demeure jusqu’à ce que ces décrets soient signés».
Face à cette situation, le ministre René Bagoro a donné des assurances que lesdits décrets seront signés cette semaine. Une promesse qui aurait pu amener le syndicat des GSP à suspendre son mot d’ordre de grève, quitte à le reconduire au cas où le gouvernement ne tiendrait pas promesse dans les délais annoncés. Mais Siaka Bayoulou et ses camarades disent avoir leur raison d’être prudents et expliquent: «Depuis pratiquement six mois, on nous tenait ce même discours», confie-t-il. Et d’ajouter: «C’est cela qui fait qu’on n’a plus confiance. Depuis janvier, on nous donnait ces mêmes délais. On n’a rien vu venir. Si on se fie à ça, on peut demeurer dans la même situation. A l’étape actuelle, rien n’a changé. Nous avons fait des efforts en encadrant ce mouvement. Si le gouvernement tient parole, les choses rentreront dans l’ordre la semaine prochaine».

Alexandre Le Grand ROUAMBA


En attendant, le calvaire des détenus continue

La tenue des audiences correctionnelles pour flagrant délit est toujours à l’arrêt sur toute l’étendue du territoire burkinabè, et ce, dans toutes les juridictions, en première instance comme en barre d’appel. Il en est de même pour le déferrement des personnes gardées à vue dans les locaux de la police judiciaire ainsi que la suspension des interrogatoires dans les cabinets d’instruction.
Trois jours avant cette décision, les Communicateurs catholiques réunis au sein de l’Union catholique africaine de la presse (UCAP-Burkina) étaient dans les locaux de la MACO pour communier avec les détenus à travers une messe. Le porte-parole des détenus, Marin Ilboudo, ex-maire de Ouagadougou, avait saisi cette opportunité pour soumettre deux recommandations dont l’une avait trait à cette grève illimitée des GSP qui ne permettait l’examen d’aucun dossier, les transformant en victimes collatérales.
Si cette situation venait à perdurer, le syndicat des avocat estime qu’il revenait aux juges d’instruction, aux procureurs compétents, aux juridictions de jugement de constater les détentions arbitraires collectives et massives et d’ordonner, le cas échéant, la mise en liberté des personnes illégalement détenues sans jugement ni instruction dans les Maisons d’arrêt d’une part et illégalement gardées à vue depuis des mois dans les commissariats et brigades de gendarmerie d’autre part.

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