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Bila René Zida (président du conseil régional du Nord)  : L’inclusion  comme moyen d’action

 

Bila René Zida préside le conseil régional du Nord depuis moins de deux ans (installé en septembre 2016). A l’occasion de cette interview, il présente les priorités de son mandat. Partant presque de zéro, il entend tracer les sillons d’une action pérenne à travers l’adoption d’un plan de développement, le renforcement des compétences de la région en tant que catalyseur de changements positifs dans la vie des populations du Nord.

L’Economiste du Faso : Dans quelles conditions ce troisième bureau a été installé ?
Bila René Zida, président du conseil régional du Nord : Effectivement, nous sommes le troisième bureau pour la région du Nord. Entre ce bureau et le premier, il y a eu la délégation spéciale qui a été marquée par une sorte de gestion à minima, puisque que les élus n’ont pas pu terminer leur mandat. Le défi est donc immense pour nous quand il s’agit de jeter les bases pérennes de l’action de l’exécutif régional.

Précisément, en quoi consistera votre action ?
En se référant aux textes, le conseil est chargé de la planification et de la coordination des activités de développement.
Sur le terrain, cela revêt quelle forme ?
Cela veut dire que des compétences ont été transférées aux régions, essentiellement en matière d’enseignement secondaire et supérieur, d’infrastructures, de culture, de sport, de grands ouvrages au niveau de l’agriculture et de l’assainissement, etc. Concrètement, c’est le conseil régional qui devrait piloter un certain nombre d’activités dans ces domaines.

Mais, …
On n’a pas encore les ressources nécessaires, encore moins les compétences.

Votre mandat court jusqu’en 2021. De quoi avez-vous hérité de la précédente équipe ?
Comme je vous l’ai dit plus haut, nous avons hérité d’une gestion de délégation spéciale ; et la vocation de la délégation spéciale n’était pas de s’engager dans de grands projets. Il s’agissait pour elle de gérer le minimum jusqu’à la mise en place d’un nouveau bureau. Quand nous sommes arrivés, il s’est agi d’élaborer très rapidement un plan régional de développement. Ce travail est en cours. Ce plan est attendu avant la fin de l’année. Par rapport à notre mandat, on peut croire que nous sommes en retard, mais ce plan dispose pour l’avenir. Celui dont nous avons hérité était dépassé. Il fallait le réactualiser, et de façon participative, depuis les communes jusqu’aux services techniques et aux acteurs de développement (OSC et ONG). Une fois que nous sommes tous d’accord sur ce plan, il devient plus facile à mettre en œuvre et d’en faire le suivi en trouvant les compétences nécessaires pour à cela. L’autre grand chantier est l’organisation de l’audit organisationnel et financier pour savoir comment gérer nos hommes, connaitre les compétences dont nous disposons et celles qu’il faut acquérir pour pouvoir exécuter convenablement les missions qui nous sont dévolues. Il s’agit pour l’audit de voir aussi ce dont nous héritons en termes de ressources et d’outils de gestion. Sur ce dossier, nous sommes au stade du diagnostic.

Il est vrai que vous êtes un peu dans la réflexion avec ces deux chantiers, mais en prenant les rênes du conseil, vous aviez quand même quelques grandes idées d’actions sous la main ?
Ce que nous pensons faire va au-delà de notre mandat. Le développement de la région va au-delà d’un mandat. La région est dernière en matière de développement dans tous les secteurs. 70% de notre population vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cela veut dire qu’il y a beaucoup de chantiers à entreprendre pour inverser la tendance, notamment en matière d’agriculture, d’élevage, de formation, de renforcement des compétences, …. Il y a beaucoup de choses à faire pour améliorer ce classement qu’on nous a «octroyé».

Le paradoxe est qu’il semble pourtant avoir un potentiel de développement dans la région. Elle ne devait pas être à ce stade.
Je suis d’avis avec vous. C’est sur ce potentiel que nous devons bâtir toutes nos actions. Au niveau de l’agriculture, notre population a du génie dans la transformation des produits agricoles. C’est ici que les meilleures techniques de récupération des sols et de fertilisation ont été expérimentées. Il suffit d’un appui bien structuré pour mieux tirer parti de tout ce potentiel. C’est le cas du génie de cette population dans la maraîcher-culture. Depuis les années de grande sécheresse, il est établi que ce sont les cultures de contre-saison qui permettent aux populations de vivre. Les cultures de contre-saison ne sont plus des compléments de ressources pour les ménages, mais sont devenues une ressource substantielle; parce que la saison des pluies est pratiquement mauvaise une année sur deux au Burkina.

Un autre paradoxe, c’est la floraison d’ONG et d’associations dans la région, mais dont les actions, malheureusement, ne semblent pas tirer les marrons de celle-ci du feu. Comment comptez-vous tirer parti de ces acteurs ?
Il y en a un bon nombre. Justement, nous les avons rencontrées dès notre installation et leur avons présenté ce que nous souhaitons pour la région. Ensuite, nous leur avons proposé un cadre qui pourrait permettre de discuter et de coordonner nos actions de développement pour un impact plus important auprès des populations. Ce cadre créera la confiance entre nous et permettra une meilleure utilisation de nos moyens. En avril, nous leur avons proposé de mettre en place une structure opérationnelle qui sera l’interlocutrice du conseil régional.

D’où tirez-vous actuellement vos ressources ?
Nos ressources proviennent pour le moment de l’Etat, des subventions de la coopération décentralisée et de quelques projets de développement.

FW

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