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Riz au Sud-Ouest: à la découverte du «Farmer Business School»

 

La coopération allemande au développement est active au Burkina depuis plusieurs décennies via son bras financier, le KfW, et son bras technique, le GIZ. Un de ses programmes les plus en vue est celui de développement de l’agriculture : le PDA/GIZ. Les interventions du PDA dans ce secteur visent essentiellement à augmenter les revenus et améliorer la sécurité alimentaire. C’est ainsi que le programme soutient les filières agricoles, de la production à la commercialisation, et renforce les capacités des agriculteurs sur le terrain. Parmi les filières soutenues par le PDA, figure celle du riz. La production nationale de riz ne couvre pas les besoins nationaux de consommation. Le gap est comblé par l’importation pour une facture d’environ 40 milliards de FCFA par an.
Le PDA/GIZ est présent sur cette filière dans deux régions : l’Est et le Sud-Ouest, ainsi que dans la province de la Sissili.
Dans le Sud-Ouest, le programme intervient sur 15 bas-fonds pour une superficie de 389 ha. Ces sites ont été identifiés avec l’appui des services en charge de l’agriculture, sur la base d’un certain nombre de critères propres au programme, avec l’objectif de dynamiser les bas-fonds abandonnés. En coopération, agents techniques de l’Etat et ceux du programme fournissent des appuis-conseils, organisent des rencontres-bilans et des projections. Le programme ne mise pas sur la subvention des intrants, mais sur le renforcement des capacités pour améliorer les rendements et la qualité du riz. C’est ainsi que l’appui-conseil a permis d’accroitre les rendements moyens sur les bas-fonds suivis, qui sont passés de 1,7 à 2,5 t entre 2013 et 2016, et de toucher environ 764 producteurs (412 hommes et 352 femmes) sur les itinéraires techniques. Les appuis ont permis également la mise en place de technologies innovantes telles que le SRI et le compostage en tas selon les potentiels des sites.
Dans le souci d’améliorer la qualité du riz mis sur le marché, le PDA a soutenu les producteurs des 15 bas-fonds ciblés dans le Sud-Ouest par avec des kits de récoltes et post-récoltes constitués de bâches, d’humidimètres, de batteuses et de vanneuses.
Au-delà des appuis-conseil pour la maitrise des itinéraires techniques de production de riz, la touche innovante se trouve dans l’approche dénommée Farmer Business School (FBS) ou Ecole d’entrepreneuriat agricole (EEA). Cette approche a des résultats très encourageants sur le terrain. Selon le responsable de la filière riz, le FBS motive les producteurs à se considérer comme des entrepreneurs agricoles et a un effet catalyseur pour la promotion des bonnes pratiques agricoles et des actions collectives. Le PDA/GIZ entend l’adopter pour les filières sésame et manioc. Le succès de cette approche au Burkina Faso est en train de dépasser le cadre des projets PDA/GIZ. D’autres intervenants dans le secteur agricole sont demandeurs de cette formation pour la mettre au profit à leurs actions sur le terrain.

Une session de Farmer Business School. (DR)

Le FBS un outil de formation de la GIZ, élaboré et testé au départ pour les systèmes de production de cacao en Afrique de l’Ouest. A ce jour, il est adapté et mis en œuvre dans 12 pays en Afrique autour de 13 spéculations. Au Burkina Faso, le Programme développement de l’agriculture (PDA) de la GIZ l’a adopté pour la riziculture en 2014. Il est utilisé en amont de l’intervention et a pour but de déclencher chez le bénéficiaire l’esprit d’entrepreneuriat, la maitrise de son activité pour en faire une affaire rentable. Pour les responsables du PDA/GIZ, «le but de la formation est de renforcer les aptitudes entrepreneuriales des producteurs. Le FBS facilite le changement des attitudes des producteurs, jusqu’ici orientées vers une logique de subsistance. L’outil permet aux participants d’apprécier les avantages liés aux innovations techniques et aux opportunités du marché afin de durablement accroitre les revenus. Pour cela, la formation aborde un nombre de sujets indispensables à une meilleure gestion de l’exploitation, la planification de la campagne, la diversification de la production, le calcul de comptes d’exploitation, l’épargne pour accéder aux crédits, l’adhésion aux organisations professionnelles, etc.» Oscar Dabiré est un des «certifiés» des FBS. «La formation nous avons appris beaucoup de choses, en ce qui concerne comment gerber la culture du riz et la culture maraîchère. Nous avions des pratiques qui n’étaient pas efficaces et, grâce à la formation, j’ai découvert une autre façon de faire, une autre façon de m’organiser pour mieux produire. Par exemple, au niveau de la récolte sur le champ, pour éviter les pertes, nous avons été dotés de bâches et de vanneuses», dira-t-il.
Il ne tarit pas d’éloges sur les retombées : «Pour moi, cela m’a appris à mieux gagner de l’argent et à devenir quelqu’un. La formation que nous avons eue, c’est de l’or ! J’ai pu aller jusqu’en Israël, grâce aux voyages d’études. Et cela nous a ouvert les yeux».

FW


Le FBS en quelques lignes

De 2014 à 2017, 32 sessions de formations ont été organisées au Sud-Ouest et ont permis de toucher 971 producteurs dont 452 femmes. Les formations se tiennent en salle ou en plein air. Du point de vue didactique, le FBS est déroulé en langue locale et a recours à l’andragogie en tenant compte de la large proportion d’analphabétisme parmi les participants. Les exercices pratiques prévoient des jeux de rôle et des sketchs, si bien que la formation, loin d’être pesante, prend des allures de convivialité presque ludique. Le matériel de formations comprend un guide du formateur et des cahiers de formations (plaines irriguées / bas-fonds) et des cahiers d’application pour les participants.
A l’issue des formations, des points focaux bénévoles sont désignés par classe pour suivre et guider leurs co-bénéficiaires dans l’application de la formation.
Chaque producteur formé repart avec un cahier d’application qui permet d’appliquer toutes les connaissances acquises (planification du calendrier agricole, calcul des marges, gestion du budget familial, etc.) pour son exploitation. Le suivi est effectué par des agents techniques étatiques ou endogènes (points focaux).

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