Chronique

Ce que je pense : Fournir des tracteurs à chaque province

François B. Traoré, agriculteur burkinabè

Le gouvernement burkinabè a mis cette année à la disposition de chaque province un tracteur de 60 chevaux. C’est un acte que j’avais, à l’époque, félicité. Et, j’avais souhaité que ces tracteurs soient remis à des coopératives crédibles pour limiter leurs rayons d’action à pas plus de 10 km. Le conseil régional de Dédougou (Boucle du Mouhoun), que je connais bien, a décidé d’un appel à candidatures pour octroyer ces tracteurs à des coopératives dans chaque province. C’est l’occasion pour moi de féliciter le président du conseil régional et tous ses conseillers que j’admire beaucoup. En effet, les tracteurs ont été remis à de vraies coopératives. Le constat aujourd’hui est que tous les villages dans lesquels se trouvent ces coopératives et ces tracteurs sont en train de bénéficier des bienfaits de ceux-ci. Bien sûr que le labour est payant, mais j’ai remarqué que tous les paysans chez lesquels il a plu, qui ont demandé à labourer et qui peuvent payer ont été servis. Cette année, les caprices de la pluviométrie font que des gens d’un même village ne reçoivent souvent pas la pluie le même jour. Finalement, c’est tout le village et son voisinage qui gagnent avec le tracteur. La moyenne des surfaces par individu dans une coopérative est de 10 à 20 hectares, et ce tracteur peut labourer facilement 10 hectares par jour et peut faire la même chose la nuit. Je trouve que c’est une action qui favorise réellement la cohésion et le développement dans le milieu rural ; et je souhaite alors -pourquoi pas- un tracteur par village en se basant toujours sur des coopératives crédibles. Le constat est que, dans les villages, avec le problème d’insuffisance de nourriture pour les bœufs de trait et le fait que la pluie ait trainé, beaucoup de bœufs de trait sont affaiblis et ne peuvent pas tirer convenablement les charrues. En attendant donc qu’il y ait de l’herbe pour ces bœufs de trait, ces tracteurs, s’il y en a pour tout le monde, peuvent faire gagner du temps. La sécurité alimentaire passe par là.


Biographie de Traoré Boureima François

Je suis un agriculteur burkinabè né en 1952. Après avoir obtenu le Certificat d’études primaires en 1969, je suis devenu chef d’exploitation agricole. J’ai évolué de la culture manuelle à la culture attelée, en 1970, et à la motorisation en 1986. Je pratique l’agriculture (céréales, cultures de rente) et l’élevage. J’ai débuté comme militant de base dans les coopératives en 1980. Je suis par la suite devenu président de l’Union des groupements de céréales et des produits agricoles de la région du Mouhoun de 1998 à 2001, président de l’Union nationale des producteurs du coton du Burkina de 1998 à 2010, président de la Confédération paysanne du Faso de 2002 à 2006 et président de l’Association de producteurs de coton africains de 2005 à 2010. Du fait de mon engagement pour le monde rural, j’ai reçu plusieurs distinctions honorifiques : reconnaissance du mérite exceptionnel de la Fondation Famille Terre par le Québec en 2000, Ordre national du mérite français en 2002, Ordre du mérite du développement rural du Burkina Faso en 2004 et le diplôme de docteur honoris causa de la faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux de la Belgique en 2006.

 

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