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Dossier

Samendéni: «La construction du barrage nous a plongés dans la misère»

«Avant la construction du barrage de Samendéni (situé à 50 km de Bobo-Dioulasso), nous, habitants dudit village et des environnants, cohabitions dans la paix et la cohésion. Aussi, nous menions nos activités agricoles et de pêche dans le barrage sans problème. A l’annonce de la construction du barrage, nous avons salué, car ses retombées seront bénéfiques à nous et à l’ensemble du pays…mais à l’arrivée, c’est la misère». Ces propos sont de Bakary Dina Traoré, porte-parole du groupement de pêche «Kossodouma» de Sandina. Ces derniers, au nombre de 133 membres, ont exprimé ce désarroi dans la matinée du 6 mars 2019 sur leur lieu de travail, sur une des berges du barrage. L’association Banglanwindé constituée des femmes vendeuses de poisson frais et fumé installée dans le village dit «cité ouvrière», les autochtones et les déplacés réinstallés à Soungalodaga ont abondé dans le même sens.
A les écouter, ils disent avoir gros sur le cœur contre le gouvernement burkinabè mais particulièrement

Le poisson, une denrée devenue rare. (DR)

contre le Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni (PDIS). Ils leur reprochent les nombreux engagements non tenus et qui les mettent aujourd’hui face à de nombreuses difficultés.
Les pêcheurs citent la rareté du poisson due à la construction du déversoir qui une fois rempli, déverse le trop plein du poisson de l’autre côté de la rive. La désinformation liée à la délimitation des terres, l’inondation des champs agricoles, l’impraticabilité des voies d’accès au site des pêcheurs, le matériel de pêche inadapté. Bakary Dina Traoré révèle qu’avant le barrage, certains des pêcheurs faisaient des recettes journalières de 15.000 à 50.000 FCFA contre 5.000 FCFA de nos jours, or, dit-il, les pécheurs espéraient qu’avec la construction du barrage, ils feraient des recettes de 100.000 FCFA.
Honorine Balima, porte-parole du groupement des femmes de Banglanwindé, note la rareté du poisson qui constitue malheureusement leur principale source de revenu. Conséquence, c’est la cherté du poisson vendu aux clients. Il y a aussi le manque d’électricité qui empêche la conservation du poisson, la difficulté d’accès au site, l’absence de dispensaire et d’école. Mais leur grand cri du cœur est le manque criard d’eau à la cité ouvrière.

«800 ménages qui n’ont pas de champs agricoles»
Quant aux hommes présents à cette rencontre, leur reproche est que leurs activités agricoles sont aux arrêts et demandent aussi à être propriétaires légitimes de leur habitat. Dans le village de Soungalodaga, nous avons rencontré, sur notre route, des travaux d’aménagement de la principale voie par le PDIS, mais c’est là que le ressentiment est très fort. Car, disent-ils, le problème foncier lié à l’aménagement du barrage a débouché sur un conflit entre les propriétaires terriens et les exploitants, amenant les uns et les autres à se regarder aujourd’hui en chiens de faïence.
A Soungalodaga, Lamoussa Sanou, un des habitants, chiffre à 800 ménages qui n’ont pas de champs agricoles. Les deux camps opposés soulignent comme principale difficulté, les nombreuses mésententes entre résidents et déplacés, la déforestation (plus d’arbres de karité et de néré) pour permettre aux femmes de mener des activités rémunératrices, des personnes toujours détenues en prison du fait du conflit, la non-tenue d’aide à la microfinance. «Du recensement à l’installation des déplacés, pas de problème, mais le manque de terre cultivable est notre seul souci à ce jour», fait remarquer Bakary Sanou.

Ambèternifa Crépin SOMDA


Le plaidoyer des populations affectées

-Soutenir les populations délogées par des activités rémunératrices;
-Accès à la microfinance;
-Soutenir les délogés qui n’ont pas pu bénéficier de relogement;
-Mettre du grillage au niveau de la sortie d’eau du déversoir du barrage;
-Aménager les différentes voies d’accès des villages existants et les sites de relogement;
-Les engagements du PDIS à dédommager les personnes affectées;
-Les engagements du PDIS à dédommager les champs affectés;
-Trouver une solution définitive au manque de terre cultivable;
-Empêcher l’inondation des champs agricoles;
-Doter les femmes d’un marché de vente du poisson;
-Doter le village de bornes fontaines;
-Résoudre définitivement les mésententes entre résidents et déplacés à propos du foncier;
-Reboiser la forêt;
-Prise en compte des résidents et des déplacés dans la main d’œuvre.


Samendéni: une zone industrielle en perspective à Bama

Selon le chef du service technique du PDIS, André Souro Sanon, la première phase d’un coût global de 75 milliards FCFA s’est achevée en juillet 2017, avec la mise en eau du barrage. Aujourd’hui, le barrage a atteint sa capacité normale avec 1 milliard 50 millions de m3. La construction du barrage est à un taux d’exécution de 99,9% et la centrale hydroélectrique d’une capacité totale de 18 Gwh est à 80%. A notre passage, les travaux se poursuivaient avec l’aménagement de 1.500 hectares de plaines agricoles irriguées et à terme, c’est d’avoir 21.000 hectares étalés sur 17 sites. Sur ces aménagements, seront produites les cultures céréalières, les cultures maraîchères et l’arboriculture. On aura aussi la pêche, la pisciculture, la production du fourrage et la collecte du lait. Il est prévu l’aménagement d’une zone industrielle de plus de 100 ha à Bama extensible à 500 ha. A terme, c’est une contribution à la croissance du PIB de près de 3%. Il faut noter que le PDIS est d’un coût global de 200 milliards FCFA étalé sur 20 ans.

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