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Tribune

Programme d’emploi en Côte d’Ivoire : «Quels sont les bénéfices d’une modernisation de l’apprentissage?»

Les défis de l’emploi pour la jeunesse sont au centre des préoccupations d’un grand nombre de décideurs africains. En effet, les opportunités pour la jeunesse d’accéder à des emplois plus rémunérateurs sont essentielles pour le développement économique et la réduction de la pauvreté. Un projet en Côte d’Ivoire étudie une approche novatrice pour améliorer la qualité de l’apprentissage.
Alors que le chômage absolu est faible dans la majeure partie du continent, les emplois salariés sont limités et seule une petite partie des jeunes y accède. La plupart se concentrent dans les emplois indépendants qui ont généralement une productivité plus faible. « Les apprentissages traditionnels », grâce auxquels les jeunes reçoivent une formation dans une petite entreprise privée, sont courants au sortir du système éducatif. Pourtant, ces types de formations traditionnelles peuvent durer longtemps, sans assurer l’acquisition de compétences, ni déboucher sur une certification. Or, le manque de main d’œuvre compétente est souvent identifié comme un frein au développement économique.
La Côte d’Ivoire est confrontée à d’importants défis pour rendre sa main d’œuvre rapidement compétitive. Les années de crise ont affecté l’accès et la qualité de l’éducation. Ainsi, un nombre important de jeunes arrive sur le marché du travail avec un niveau de compétence limité. Le pays doit donc améliorer son système éducatif pour aider les jeunes entrant dans la population active. Toutefois, à court et à moyen terme, le faible niveau de compétence continuera de limiter les emplois auxquels les jeunes peuvent aspirer, mais aussi leur productivité et leurs revenus. Au vu de la prévalence de l’emploi indépendant dans les secteurs agricoles et non agricoles, un élément clef de politique d’emploi porte sur l’augmentation de la productivité dans les entreprises individuelles du secteur informel. Davantage de main d’œuvre qualifiée pourrait avoir le potentiel d’augmenter la productivité de ces entreprises.
Sur cette lancée, en 2010, le gouvernement de Côte d›Ivoire a lancé un projet pour l’emploi et la formation professionnelle des jeunes (PEJEDEC). Le projet a testé une gamme d’approches pour améliorer les opportunités d’emploi pour les jeunes. Il comprenait un programme d’apprentissage subventionné, destiné aux jeunes peu qualifiés, âgés de 18 à 24 ans, dans les principales zones urbaines du pays.
Les systèmes d’apprentissage modernes visent à renforcer l’encadrement et la formation théorique ou pratique auxquels les apprentis ont accès. Une évaluation a été mise en place en collaboration entre le Bureau de coordination des programmes emplois (BCPE), Innovations for Poverty Action (IPA) et la Banque mondiale. Dans le cadre de l’évaluation, les places disponibles pour le programme ont été distribuées aléatoirement entre les entreprises et jeunes éligibles pour participer au programme. Sur 734 entreprises éligibles, la moitié a reçu des apprentis. L’autre moitié des entreprises a été affectée au groupe de comparaison et n’a pas participé au programme.
Sur 1842 jeunes éligibles qui ont postulé au programme d›apprentissage, environ la moitié a été assignée au hasard pour participer en fonction des postes d’apprentissage offerts par les entreprises. L’autre moitié a formé un groupe de comparaison et n’a pas reçu de poste d’apprentissage formel par le biais du programme.
Le programme a duré entre un et deux ans dans des secteurs tels que la construction, la mécanique, les textiles et l’électronique. Au cours de leur apprentissage, les jeunes ont signé un contrat pour recevoir une allocation mensuelle de 30.000 francs CFA (environ 60 $ US). En plus de la formation pratique au sein des entreprises, les jeunes ont également été éligibles à recevoir une formation théorique complémentaire de 180 heures par année et ont reçu des conseils individuels auprès de conseillers spécialisés, du matériel de travail et une assurance accident. À la fin de l›apprentissage, chaque participant a été testé sur ses compétences pratiques et ses connaissances théoriques du travail et a reçu un certificat. Cela a permis de mesurer si le programme affectait le marché privé et informel de l’apprentissage.

«Le programme permet aux jeunes d’investir dans leur capital humain»

Les résultats de l’évaluation montrent que le programme a un impact positif sur les jeunes. Il les encourage ainsi à investir dans leur capital humain et à participer à l’apprentissage, même si une part substantielle affectée au programme ne se présente pas en entreprise ou abandonne dès les premiers mois. Environ 15% des jeunes du groupe de comparaison parviennent à s’insérer dans un apprentissage informel par eux-mêmes. Toutefois, le programme augmente de 52,8 pp la part des jeunes qui ont suivi un apprentissage. Par ailleurs, les incitations à entrer en apprentissage informel sont faibles pour les jeunes, car il s’agit de postes mal rémunérés, alors que les occupations alternatives qu’ils peuvent avoir sont beaucoup plus rémunératrices. L’allocation mensuelle permet de rendre en moyenne l’apprentissage aussi rémunérateur que les autres activités. Les gains pour les jeunes à participer au programme ne sont pourtant pas homogènes. Certains voient une forte progression de leur revenu, alors que d’autres sacrifient des revenus pour participer à l’apprentissage.
L’étude montre par ailleurs que les apprentis ayant participé au programme ont un niveau d’instruction plus élevé et ont de meilleures compétences techniques que les apprentis traditionnels, mais leurs compétences comportementales et leur assiduité sont moindres. Les jeunes assignés au programme ont aussi une plus forte estime de soi.
Au niveau des entreprises, l’analyse établit des résultats cruciaux et nouveaux, en dévoilant que le programme est bénéfique pour les entreprises, qui semblent en fait constituer les grandes bénéficiaires du programme à court terme. Les apprentis représentent une part importante de la force de travail chez les artisans et dans les petites et moyennes entreprises. Le programme arrive à créer de nouveaux postes d’apprentissages et ces placements ne semblent, pour la plupart, pas se faire aux dépens des apprentis traditionnels.
La profitabilité des postes d’apprentissage nouvellement créés dans les entreprises « test » est supérieure, à la fois parce que les apprentis sont plus productifs et parce qu’ils coûtent moins cher aux entreprises. Cette étude précise que les gains tirés du travail des apprentis par les entreprises augmentent substantiellement, de telle sorte que le surcroît de la valeur ajoutée excède la prime.
Globalement, le programme a atteint son objectif de mettre des jeunes en apprentissage, de leur permettre d’investir dans leurs propres compétences et de leur faire suivre des formations. Un suivi en 2018 et 2019 des jeunes des groupes «test» et «comparaison» va permettre de déterminer si les impacts sur les jeunes sont plus forts à long terme, notamment en leur permettant de s’insérer dans de meilleurs emplois et d’obtenir des rémunérations plus élevées après leur sortie du programme.

Ce projet est un partenariat entre le Bureau de coordination des programmes emplois (BCPE), IPA et la Banque mondiale.

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RAF

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